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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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aux assises de Nice qu’il remettrait son mandat, mais rien n’exclut qu’il commence à poser le problème dès dimanche, au conseil national d’après-demain.
    Jacques Chirac a raconté à Granet qu’il avait dit au président de la République : « Comment voulez-vous que nous, vos ministres, ayons l’air unis, alors que M me  Françoise Giroud dit du Premier ministre dans le Spiegel qu’il est un con, lorsque Jean Lecanuet dit pis que pendre de Michel Poniatowski, et que Pierre Mazeaud n’adresse pas la parole à M me  Hélène Dorlhac ? »
    Effectivement, Pierre Mazeaud et Hélène Dorlhac 11 se sont présentés une fois aux législatives l’un contre l’autre. C’est la première fois, paraît-il, que deux anciens candidats rivaux à la députation se retrouvent dans le même gouvernement.
    Françoise Giroud me raconte aujourd’hui, de son côté, que Jacques Chirac a fait grise mine au Conseil des ministres sur le divorce. « Ah non, les gens mariés ne vont pas payer pour les femmes divorcées ! », aurait-il dit avec une moue dégoûtée, lorsque Lecanuet a fait allusion à la création d’un fonds de garantie pour le paiement des pensions alimentaires.
    23 février
    Donc, Jacques Chirac a été réélu par le conseil national de l’UDR d’aujourd’hui, avec un enthousiasme inouï manifesté par les militants dans la salle ultra-moderne du Palais des Congrès, porte Maillot. 92,56 % des membres du conseil national ont confirmé Chirac au poste qu’il occupe depuis le 14 décembre dernier. Quel constraste par rapport à sa désignation houleuse en décembre dernier ! D’autant plus étonnant que, au bureau exécutif de la semaine dernière, Michel Debré et Olivier Guichard s’étaient élevés contre le maintien à ce poste du Premier ministre. Avec un argument que les deux hommes répètent inlassablement depuis le mois de décembre : il n’est pas bon que le Premier ministre soit en même temps chef de l’UDR.
    Chaban-Delmas l’a redit dans une interview qu’il accordait en marge de la réunion du conseil national : « La prise du pouvoir de Jacques Chirac le 14 décembre dernier a détourné la rénovation de ses objectifs, et elle risque fort de dévoyer l’UDR, ce qui est dangereux. »
    Mais il ne l’a pas déclaré publiquement, même si cette interview a été distribuée à tous les journalistes et, je pense, à une partie des congressistes.
    Dimanche en début d’après-midi, Debré à la tribune a seul tenu à poursuivre sa démonstration : du point de vue de l’orthodoxie gaulliste dont il se sent le gardien, le cumul des fonctions est à condamner ; Chirac ne peut pas ne pas confondre le parti et l’action gouvernementale.
    Chirac s’attendait à cette attaque de l’ancien Premier ministre du Général. Il s’y attendait, et de toute façon il m’a donné l’impression de s’en foutre éperdument : il s’agissait pour lui de quelque chose de plus important, c’est-à-dire de se voir légitimer une deuxième fois à la tête de l’UDR. Ce n’est pas sans un secret plaisir, j’en suis sûre, qu’il comptabilise les noms de tous ceux qui lui font aujourd’hui allégeance, et qui, il y a moins d’un an, n’avaient pas de mots assez durs pour qualifier son opposition à Jacques Chaban-Delmas. Dimanche, devant le millier de cadres et de militants qui l’ovationnaient, il devait penser aux assises de Nantes, il y a moins de quinze mois, où son discours, pourtant visé par l’Élysée, était tombé dans un silence glacial. On a beau, comme lui, ne pas aimer ressasser le passé, il y a des bonheurs dont on ne se prive pas.
    Cela étant, il passe à la deuxième partie de son action : en décembre dernier, il avait conquis le secrétariat général de l’UDR, premier parti de la majorité. Aujourd’hui, il veut davantage : il veut être le chef de la majorité. Je comprends que cela déplaise à Michel Debré, car Chirac a commencé dimanche, subrepticement, à coller plus étroitement que jamais au président de la République.
    Que s’est-il passé entre Giscard et lui ? Je relis son discours en écrivant ces lignes et je trouve un vrai changement de ton entre le Chirac marquant volontiers ses distances avec le président, tout en lui restant loyal dans l’action quotidienne, et celui qu’il est devant ce conseil national. Sa démonstration : « Les gaullistes se déterminent clairement en fonction – et en fonction

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