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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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seulement – de leur conception de l’intérêt national. L’esprit et le bon fonctionnement de nos institutions exigent notre participation active à une majorité présidentielle au sein de laquelle notre place ne peut être qu’éminente. »
    C’est le chien qui ramène les moutons au berger ; ce que Chirac dit aujourd’hui à ses troupes, aux braves militants gaullistes, c’est en somme : si l’UDR est le mouvement le plus important de la majorité, comme c’est le cas, alors il doit être derrière Giscard, coller à Giscardpour imposer son propre rythme et ses propres objectifs à la majorité giscardienne.
    Il ramène l’UDR au président. En échange, il promet à ses troupes qu’elles retrouveront le leadership perdu.
    Aujourd’hui, il se voit chef de la majorité, et donc aussi en quelque sorte chef des Républicains indépendants – il a salué au passage, en étant applaudi, la « dynamique impulsion de Michel Poniatowski » et les efforts de la famille centriste pour « mieux se définir ». Donc, pas d’autre ligne, c’est lui qui le dit, pour les gaullistes, auteurs de la Constitution de la V e  République, que le soutien au président qui en est la clef de voûte, et ce, même si celui-ci n’est plus aujourd’hui un gaulliste.
    Dans la grande salle du Palais des Congrès, les membres du conseil national ont entendu ce langage à la fois rude, parce qu’il leur a rappelé des vérités politiques premières, et efficace, parce qu’ils ont une fois de plus pris conscience de la présence physique et politique de Jacques Chirac à leur tête. Ils l’ont entendu dire : « Je ne me considère pas comme l’héritier du gaullisme, j’en suis le serviteur ! » Cette formule-là leur a fait oublier les mises en garde de Michel Debré au moment où elles sont plus justifiées que jamais...
    La bêtise des militants tout autant que le sens de leurs intérêts sont incommensurables.
    28 février
    Déjeuner avec Jacques Toubon. Il pense que le gouvernement va avoir à affronter un rude problème : celui des militaires. Selon lui, Chirac ne cédera pas, sur ce terrain, aux volontés libérales de Giscard. « Le président, lui, est bien fichu de proclamer le droit syndical dans l’armée ! »
    Pour le reste, nous parlons de tout, de rien. Sur la formidable résistance de Chirac, avec cette propension à écraser les autres après une victoire.
    2 mars
    Inconnu au bataillon, Éric Hintermann est un ancien journaliste diplomatique du journal Le Populaire , devenu par la suite secrétaire du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Il est encore jeune, maisil a choisi, après avoir marché quelque temps dans le sillage de Mitterrand, de fonder, avec quelques autres, le Mouvement socialiste démocrate, en rupture avec le programme commun. Il m’explique que, dans 180 communes, le maire socialiste est élu avec l’aide des voix modérées. Si le PS signait des accords municipaux autour du programme commun, il soutient qu’il perdrait de 80 à 90 mairies. D’où sa décision de profiter des municipales pour s’esbigner et laisser tomber Mitterrand et le PS.
    Mitterrand, naturellement, lui a tenu des propos glacés, comme il le fait quand il est furieux. Il lui a dit : « Vous n’avez pas tort, peut-être, pour les municipales. Moi, je vise les législatives. Je ne vais pas rater les législatives pour quelques mairies. Ne me gênez pas, avec vos histoires ! »
    Hintermann ne croit pas en Pierre Mauroy, qu’il juge sans caractère et surtout versatile, soumis à tous les vents. En revanche, il pense que Mauroy s’accroche à Michel Rocard parce que, justement, ils ne sont pas concurrentiels : Rocard a l’imagination, le talent, le charme ; Mauroy, le sens de l’administration d’un parti, le bon sens tout court. Un ticket gagnant.
    12 mars
    Journées parlementaires de l’UDR à Sainte-Maxime.
    Toubon avait raison : le groupe UDR s’emballe sur la condition militaire, qui devient le problème n o  1 de ces journées parlementaires. Ils parlent du malaise de l’armée : les cadres militaires ont le sentiment d’être des fonctionnaires, et encore, les fonctionnaires les plus mal rétribués de l’État. Ils se sentent méprisés par les Français. Là est leur problème : dans le manque de considération, dans le regard des autres qui ne les respectent pas. Du coup, les parlementaires parlent de la revalorisation de la fonction de sous-officier,

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