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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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gueule : « Qui paie ? » Il se tourne vers Mauroy et repose la question en montrant du doigt Chirac et en continuant à hurler : « Qui paie ? »
    Chirac ne bronche pas. Comme il le dit parfois élégamment, « ça lui en fait bouger une sans faire bouger l’autre ».
    C’est la seule manifestation de la gauche pendant toute la durée du discours de Chirac. Pourtant, ce dernier n’épargne ni Mitterrand,dont il dit à la tribune qu’il est « le guide reconnu et parfois contesté de l’opposition », ni, plus généralement, les auteurs de la motion de censure. « Qui est vraiment visé dans cette motion de censure ? demande-t-il au moment de conclure. Qui s’agit-il de contraindre ? N’est-ce pas certains des signataires de la motion de censure qu’il s’agit d’emprisonner dans un texte dont chaque paragraphe porte la marque des véritables auteurs ? Ce n’est pas mon problème, et, pour tout dire, cela ne m’intéresse pas. »
    10 avril
    Hier – en contradiction totale avec mes dernières réflexions sur Moscou – s’est passé un événement considérable, inédit, au sein de l’union de la gauche : le voyage que devait faire Mitterrand à Moscou a été purement et simplement annulé. Tout était prêt : le lundi, il avait été précisé que Souslov conduirait la délégation soviétique ; Hussar, le premier secrétaire de l’ambassade, avait précisé les détails de la visite, et l’ambassadeur avait dépêché deux émissaires à Robert Pontillon 15 , le mercredi à 17 heures. Une heure plus tard, téléphone, puis télégramme signé du comité central : les responsables soviétiques sont trop pris, pendant cette période... par la préparation du plan quinquennal !
    Les communistes français ont-ils fait pression sur Moscou pour que Mitterrand ne soit pas reçu ? Est-il pensable et possible que les choses se passent ainsi ? En tout cas, aucune réponse satisfaisante n’est fournie au Pari socialiste. Pontillon, qui s’y connaît, me dit qu’il est certain que le PC français est effectivement intervenu auprès du PC russe. Pourtant, dès le lendemain, Marchais déplore cette annulation.
    Incroyable, ce camouflet fait à Mitterrand !

    Au dernier comité directeur du Parti socialiste, le Ceres a mis sérieusement en cause Gaston Defferre à l’occasion de je ne sais quel vote à la mairie de Marseille. Mitterrand s’est fâché et raconte, pour confondre les gauchistes du Ceres, l’histoire d’un député chevènementiste qui avait cru bon d’envoyer un télégramme plein decomplaisance à Giscard lorsque celui-ci était allé faire du ski à Courchevel.
    Les colères n’y changent rien : le Ceres s’organise de plus en plus comme un parti hors du parti ; ses membres tiennent leur propre congrès, leurs propres stages de formation dans la dizaine de fédérations où ils ont la majorité. L’affaire la plus irritante pour la direction du parti est celle de la réforme Haby sur le collège unique. Le comité directeur unanime charge Louis Mexandeau de préparer une série de dix contre-propositions destinées à être présentées à la presse. Il est en train de les rédiger lorsque le Ceres décide de réunir une conférence de presse... pour faire connaître ses douze contre-propositions ! Au bureau exécutif, paraît-il, Chevènement, Sarre, Guidoni et Motchane affectent de ne pas être au courant. François Mitterrand est très agacé par ces marques de liberté prises à son endroit. Les choses ne sont pas apparentes à Paris, mais, en province, elles battent en brèche l’organisation du Parti socialiste.
    Cela étant, me dit mon interlocuteur socialiste, la campagne de recrutement continue malgré l’échec à la présidentielle de 1974. À la date du 28 février 1975, le parti compte 107 000 cartes reprises, contre 82 000 l’an dernier. Électoralement, le parti ne peut non plus se plaindre. L’ensemble de la gauche se comporte très bien dans les élections partielles qui se déroulent chaque dimanche. Quant aux meetings communs qui continuent malgré tout à se tenir, ils révèlent une certaine mobilisation des militants des deux partis. « La sauce ne prend pas, mais les ingrédients sont dans le bol », résume Claude Estier.
    18 avril
    La préparation du sommet communiste européen qui doit se tenir cet automne a subi un brutal coup d’arrêt, la semaine dernière, à Berlin-Est. Il semblerait – c’est ce que dit la

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