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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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peux. » En revanche, il passe tous les lundis à la mairie d’Amboise à lire la centaine de lettres hebdomadaires que lui envoient ses électeurs.
    Aujourd’hui en vacances, le revoilà dans sa jolie maison, qui appartenait avant lui à un ancien prix de Rome. Des journées sans histoires : réveil tôt le matin, deux heures réservées au travail ou à la lecture, de 8 à 10. « En robe de chambre, précise-t-il, pour m’obliger à ne recevoir personne : ce serait contraire à ma dignité. » Sur les coups de 10 heures, à peine est-il habillé que le défilé commence, entrecoupé par la lecture des journaux ou de livres d’histoire. Sur sa table de travail, le 5 e  tome de l’ Histoire de l’Angleterre , d’Élie Halévy, le roman d’André Thirion, célèbre surréaliste, qui est aussi son ami. Et le dernier livre de l’amiral Sanguinetti, le frère d’Alexandre, Le Fracas des armes .
    Au premier étage, un lit d’enfant en toile, occupé à tour de rôle par ses nombreux petits-enfants. Une vie familiale. Avec, tout à côté, à Vouvray, de l’autre côté de la Loire, son père, Robert Debré. Et tous les fils de Michel Debré, l’un écrivant dans Le Nouvel Observateur , l’autre au cabinet de Jacques Chirac. « Une famille vivante », dit-il en souriant.
    On se demande comment les relations familiales entre le grand-père, Robert, Michel Debré et ses quatre fils, ont pu évoluer, si tous ont le même sens de la polémique que lui !
    La passion, aussi : celle qui saisit Michel Debré aujourd’hui, malgré son éloignement du pouvoir. Qu’est-ce qui le pousse, en vacances, à écouter interminablement les doléances de ses administrés de la Loire et d’outre-mer ? À écrire des articles immenses d’un journal à l’autre ? À s’enflammer lorsqu’il prononce les mots « Défense » ou « inflation » ?
    L’inflation : grand mot, grand mal contre lequel il se bat depuis 1971 ! C’est à cette date qu’il a commencé à trouver excessive la hausse des prix. Il en parle à Pompidou, sans succès, dès 1972. Il est alors ministre : difficile de prendre position publiquement. Il lui paraît pourtant de façon certaine que l’inflation menace gravement la vie et l’équilibre économique du pays, qu’elle est un grave facteur de dégradation sociale. Elle joue contre les familles, les personnes âgées. « C’est donc la première cause de morosité sociale. » Contre elle, un seul remède : la politique des revenus. Il rêve d’un gouvernement courageux qui oserait, en dramatisant un peu, dire aux Français : « Voilà, nous sommes dans une phase difficile. Nous décidons de façon autoritaire que, pour l’année 197..., les salaires et les rémunérations ne devront pas augmenter de plus de 8 %. Quant aux autres professions qui ne sont pas salariées – agriculture, professions libérales –, il faudra mettre sur pied des conventions dans cet esprit. »
    Possible, en France, ce grand élan qui, d’un bout à l’autre de l’Hexagone, ferait accepter d’un cœur égal une solution autoritaire aux maux économiques ? Était-ce possible, est-ce encore possible ? Michel Debré répond sans hésitation : « Oui, c’est possible, c’est même souhaitable ! Je n’envisage pas, lorsque je parle de politique des revenus, une sorte de planification à long terme ; je ne parle de politique des revenus que comme un élément conjoncturel. »
    Au lieu de cela, trois ans plus tard, Michel Debré, qui n’est plus rien dans l’État depuis longtemps, fait le bilan : une inflation non maîtrisée, pas de volonté économique, un échec collectif !
    30 juillet
    Vu Jacques Attali, qui a déjeuné la veille avec Mitterrand et qui me le fait savoir le plus tôt possible dans la conversation. Au restaurant où il avait rendez-vous avec Mitterrand, celui-ci lui présente son ami René Bousquet. Ce nom ne dit rien à Attali. Mais Mitterrandlui précise – à un moment où Bousquet s’absente quelques instants – qu’il s’agit de l’ancien secrétaire général de la police sous Vichy.
    En dehors de cela, Jacques Attali s’émeut de ce que Giscard ne veuille faire de relance qu’à la rentrée : « Il aurait très bien pu la faire en août, mais, pour faire son cinéma, il préfère attendre la fin des vacances, donc septembre. »
    8 août
    Lu dans Nice-Matin , pendant les vacances, l’article de la Pravda , publié au début d’août en

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