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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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de piquer le fichier de l’ORTF. Ce qu’il a fait, avec certaines complicités. Quelques jours plus tard, le directeur général de l’ORTF, Bresson, demande rendez-vous à Chaban pour se plaindre de Tomasini. En l’écoutant, Chaban fait mine de découvrir cette histoire, lève les bras au ciel : désolé ! – et laisse accuser Tomasini !
    Celui-ci est assez rigolo quand il raconte une affaire (très privée) sur Edgar Faure 17 . L’autre jour, Edgar a râlé publiquement contre l’ordre du jour de l’Assemblée, fixé par le gouvernement et dont il a dit qu’il était mal fichu pour les députés. Tomasini donne une drôle de version de cette fausse colère :
    « Edgar était en galante compagnie un lundi après-midi, jour où il n’y a traditionnellement pas de session. Voilà que le gouvernement décide qu’il y en aura une. Mais Edgar ne peut pas trouver de vice-président pour le remplacer. Il se rhabille donc en hâte, fonce à la Chambre. Or, de quoi discutait-on ? De l’âge de la retraite, sujet qui l’angoisse au plus haut point ! Nous l’avons calmé en remettant à plus tard le vote sur la retraite. Pour le reste, sa mauvaise humeur ne s’explique que par son après-midi raté. »
    Pendant que nous déjeunons, un de ses informateurs l’appelle autéléphone. Il y va et revient à table, blême. On lui a dit que Chaban-Delmas était candidat au secrétariat général de l’UDR que Chirac vient tout juste d’abandonner à André Bord, lequel ne fait pas l’unanimité !
    « Dans ce cas, dit Tomasini, il faut que Jacques Chirac revienne sur sa décision. Nous n’avons pas fait tout cela pour laisser la barre à Chaban ! Vous verrez, Jacques Chirac reprendra sa démission et sera réélu ! »
    Cela me paraît un peu ridicule, d’autant plus que, d’après ce que Chaban nous a dit l’autre jour à Matignon, il n’est pas du tout dans cet état d’esprit ! Peu après, d’ailleurs, cette information se dégonfle comme une baudruche.
    Dans l’après-midi, avant le bureau exécutif du PS, je rencontre Jean-Pierre Chevènement. Il râle et se plaint, car il trouve Mitterrand très injuste à son égard : il a travaillé avec lui dès 1965, « en nous payant le boulot très difficile ; après tout, c’est nous qui l’avons mis en piste ! Et puis, dès le programme commun signé, notre influence a diminué progressivement. À partir du congrès de Grenoble, et plus encore au congrès de Pau, nous avons essuyé des remontrances publiques. Ce que nous dit Mitterrand, c’est : j’ai l’hégémonie politique, vous avez l’hégémonie idéologique, je ne le supporterai pas ! Tant mieux – ajoute-t-il – car son idéologie à lui manquerait de souffle » !
    Il redevient sérieux :
    « Nous pensons que le Parti socialiste doit être autre chose qu’une machine électorale à l’américaine, qu’il peut et doit être un véritable mouvement populaire. »
    Comme il résiste mal, malgré tout ce qu’il m’en dit politiquement, à la séduction de Mitterrand, il me raconte l’histoire de Courrière. Courrière est, parmi les sénateurs socialistes, celui qui a le plus combattu, en 1971, l’entrée de Mitterrand au PS. Un an plus tard, devant Chevènement, Mitterrand le rencontre dans les couloirs du Sénat et lui tape sur l’épaule. « Eh bien, remarque Jean-Pierre Chevènement, vous avez la mémoire courte ! » Mitterrand lui sourit : « C’est pour mieux vous manger, mon enfant ! »
    26 juin
    À noter, autour de la conférence de presse de Marchais, aujourd’hui La Repubblica une incroyable polémique autour d’un texte publié en Italie par le journal La Repubblica  et par Le Quotidien de Paris , qui ressemble à s’y méprendre à une étude rédigée par Boris Ponomarev, membre suppléant du Politburo du Parti communiste soviétique. Ce texte a été présenté comme un ensemble de directives secrètes imposées aux partis occidentaux. En fait, il n’est sans doute qu’une réflexion de Ponomarev, mais je ne vois pas ce que ça change : il s’agit quand même du rapport d’un dirigeant communiste soviétique important qui exprime une défiance certaine vis-à-vis des tentatives de rapprochement qui ont lieu, un peu partout en Europe, entre communistes et sociaux-démocrates.
    27 juin
    Je rencontre Charles Hernu en arrivant à l’hôtel Méridien où se tient un colloque socialiste sur la région. Il me dit en quelques phrases que

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