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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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retraite : il débite tout cela d’une façon que je trouve mécanique, comme s’il était extérieur à ce qu’il dit.
    « La reprise de l’activité ne se décrète pas », conclut-il comme s’il ne pouvait rien contre la crise.
    10 septembre
    À l’Assemblée, en réponse au discours de Jacques Chirac, la veille, Mitterrand attaque sur l’union nationale, expression qu’il juge trop grave pour être employée sans extrême précaution. En gros, il plaide que c’est fort de café d’appeler à l’union nationale au moment où Giscard et le gouvernement conviennent qu’ils se sont trompés.
    « Nous n’avons pas la même explication des idées et des forces dans les temps modernes. Le libéralisme se confond avec l’avènement d’une certaine bourgeoisie. Même quand le libéralisme concède aux travailleurs en lutte des privilèges sociaux, le libéralisme ne change pas de nature, il répond à des intérêts de classe. »
    Il transforme un débat de chiffres en débat d’idées.
    « Méfions-nous des certitudes agressives, lui répond Albin Chalandon pour l’UDR. Tout, dans la situation actuelle, appelle à la modestie du comportement ! »
    Bref, tout le monde s’accorde pour trouver que l’heure est grave : Albin Chalandon a même évoqué la crise de 29. Et personne au gouvernement ne pense avoir de remède. L’opposition est rudement contente d’être... dans l’opposition !
    Dans les couloirs, Mitterrand me raconte un nouveau bras de fer avec les communistes : ceux-ci avaient interdit la vente du dernier livre de Jean Poperen à la fête de L’Humanité , qui a lieu chaque annéele second week-end de septembre. Mitterrand se fâche, et menace de retirer tous les livres socialistes présents à la fête communiste. Coup de téléphone des organisateurs :
    « Voulez-vous vraiment retirer de la vente tous les livres socialistes ?
    – Oui, dit Mitterrand, pas question d’accepter votre censure ! »
    Le lendemain, le livre de Jean Poperen est autorisé dans l’enceinte de la fête. Mais, injuste retour des choses, Poperen est descendu en flammes dans le numéro de L’Humanité qui présente la fête à ses lecteurs !
    17 septembre
    Giscard a invité à déjeuner plusieurs directeurs de journaux, dont Philippe Grumbach et Olivier Chevrillon 19 . Le déjeuner a eu lieu la semaine dernière à l’Élysée.
    Philippe Grumbach dit à Giscard : « Vous prêchez la décrispation, et votre Premier ministre agresse la gauche dès les premières lignes de son discours à l’Assemblée nationale !
    – Et encore, l’interrompt Giscard, vous n’avez pas lu la première version ! »
    Plus tard, on parle de Poniatowski. Giscard dit : « C’est vrai, lui aussi agresse un peu trop le PC, mais vous savez ce que c’est : il est pris par sa fonction, on n’y peut rien ! »
    Il prend donc d’emblée une double distance tant vis-à-vis de Chirac que vis-à-vis de Ponia.
    Toujours pendant ce déjeuner, Olivier Chevrillon présente une vibrante défense du pouvoir régional. Giscard, lui, paraît plus nuancé : la France, dit-il, est un pays fragile, il est difficile de morceler l’autorité nationale. Grumbach insiste : « Pour nous, la régionalisation, c’est le pouvoir économique régional, la faculté de décider des routes, des investissements industriels, etc.
    – Ah, si c’est cela, fait Giscard, pas de problème ! »
    En réalité, par rapport à la position de Jean-Jacques Servan-Schreiber, ultra-régionaliste, Giscard semble être aujourd’hui très en retrait.
    Serge Maffert m’a raconté, le 16, que Giscard, lors de l’avant-dernier Conseil des ministres, a pris une position violemment hostileau pouvoir régional. Chirac a reçu l’ordre de mettre une sourdine et de ne pas prononcer le mot « région » ni dans son discours aux préfets, ni au cours de sa conférence de presse du samedi 13. Il a dû également renoncer au discours sur la région qu’il était censé prononcer à Tassé-la-Madeleine, la semaine prochaine.
    J’écris peu, dans ce cahier, sur l’affaire Claustre qui défraie la chronique, parce que j’en sais trop peu. Entre Michel Debré qui me dit que Pierre Abelin 20 a été nul de ne pas tout faire, de ne pas envoyer des troupes, des avions, n’importe quoi pour libérer M me  Claustre quand il en était encore temps, Robert Galley qui soutient qu’en tout état de cause il faut tuer Hissène Habré, et le reste du

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