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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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demandé de le faire après le Conseil des ministres qui s’est tenu exceptionnellement lundi, juste avant son départ pour l’URSS. Au bas de la passerelle de l’avion, il en a encore fait la recommandation à Chirac et à Ponia.
    Chinaud, lui, en spécialiste des élections, analyse : il y a bien eu un fléchissement de l’électorat centriste, dont une partie – 15 à20 % – s’est reportée sur l’opposition. Effectivement, on peut noter une intéressante poussée en faveur des socialistes. « Cela impose à l’ensemble de la majorité de considérer que notre adversaire principal est le Parti socialiste. » Il en revient immédiatement à sa marotte, Jacques Chirac : « Le déclin de l’UDR, c’est aujourd’hui qu’il se passe. Les gaullistes intelligents devraient prendre conscience que l’essentiel de leur électorat soutiendra l’action de Giscard. Que les gaullistes gardent une amicale d’anciens combattants, c’est fort bien. Mais ils doivent changer de comportement. Giscard ne demande pas mieux que de réassurer les gaullistes de leur investiture ! »
    Autre passage gratiné dans notre conversation : « Un problème à l’intérieur de la majorité ? Est-ce que Jacques Chirac va faire confiance à l’équipe d’excités, plus préoccupés de la maintenance de l’UDR que du sort de la majorité ? Il ne doit pas se figer dans les frontières d’un parti dépassé ! »
    22 octobre
    Yves Guéna, qui prend d’autant plus d’importance qu’André Bord est dans les choux, ne me cache pas que l’UDR connaît un creux. Il me parle surtout de Châtellerault : « Nous avions pris une position loyale, puisque nous n’avions pas présenté de candidat. Il faut dire que nous ne pouvions présenter quelqu’un contre un ministre du gouvernement que dirige Jacques Chirac, et qu’au surplus notre candidat n’aurait eu aucune chance. Il était normal que Pierre Abelin demande le renfort des ministres UDR au premier tour. Au deuxième, pourquoi a-t-il demandé une réunion publique ? Cela avait un côté “pêche aux voix” difficile, et nous avons envoyé une trop grosse artillerie ! Il fallait sans doute le soutenir plus discrètement ! »
    Cela étant, il minimise le problème : « Au total, Abelin gagne dans des conditions convenables, étant donné qu’il était passé de l’opposition à la majorité en se ralliant à Giscard. »
    Entre RI et UDR, quel est le climat ? « Bah, l’irritation n’est pas plus grande qu’avant ! »

    Vu Dominati, le même jour. Il me fait une démonstration idiote sur Jacques Chirac, qui serait, à l’en croire, un « costaud qui s’amaigrirait régulièrement ». Pourquoi ? Parce que l’UDR perd continuellement ses forces, et que Chirac, si populaire qu’il soit, ne sert plusl’UDR. « Il n’est plus assimilé à l’UDR, il apparaît maintenant purement et simplement comme un giscardien. Après tout, c’est la réalité : les giscardiens, ce sont les gens qui font et disent ce que Giscard fait et dit. »
    Y a-t-il là quelque chose de dangereux pour Chirac ? Peut-il être absorbé en quelque sorte par le giscardisme ?
    Y a-t-il à ses yeux un péril socialiste ? « Oui, convient Dominati. Il reste très crédible. Mais combien de temps encore va-t-il le rester ? Quels seront ses thèmes de campagne ? On ne les connaît pas. Et comment va-t-il imposer silence dans les rangs ? Entre Jean-Pierre Chevènement et André Chandernagor, il y a plus de différences qu’entre André Chandernagor et moi ! Comment voulez-vous que ça dure ? »
    Il se frotte les mains en se penchant vers moi, soudain tout sourire : « Constatez qu’on n’a jamais autant parlé de la succession de Mitterrand... »
    Son espoir, c’est Michel Rocard !
    23 octobre
    Xavier Gouyou-Beauchamps me raconte cette histoire sur Giscard : Giscard le convoque au moment de la journée d’action sur le tabac, le mardi soir. « Beauchamps, lui dit-il, notez qu’il n’y aura pas de cigarettes demain au Conseil des ministres. Ni paquet, ni allumettes, ni cendriers ! »
    Le lendemain, Giscard lui demande à nouveau de venir le voir. Gouyou-Beauchamps se tient dans l’antichambre du bureau présidentiel, où on lui dit que Chirac s’entretient en tête à tête avec Giscard. Le président sort, voit Beauchamps et lui dit : « Ah, Beauchamps, je voulais vous prévenir : pas de cigarettes au Conseil, pas d’allumettes, pas de

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