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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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basques, les Corses, tout cela est assez classique ! La nouveauté, c’est qu’aujourd’hui tous ces mouvements, selon lui, sont financés également par les Libyens. Ce qui établit un lien entre tous les attentats commis sur le territoire européen.
    9 octobre
    Conférence de presse de Poniatowski au 41, rue de la Bienfaisance, siège des Républicains indépendants. Il y a dix-huit mois, c’était l’endroit où la petite équipe de Giscard s’était réunie pour la campagne présidentielle. Aujourd’hui, désormais lesté d’une « valeur sentimentale », comme dit Ponia, l’endroit est devenu le QG des RI .
    Derrière le discours, la réalité : il était très important de créer un parti autour des Républicains indépendants pour équilibrer l’UDR. Ponia n’en finit pas d’énumérer tous les mouvements gravitant dans la mouvance giscardienne, comme s’il voulait en faire la démonstration : les RI sont aujourd’hui au cœur de l’aventure giscardienne et de son action politique, qu’il s’agisse de la Fédération nationale des républicains indépendants (dont le secrétaire général est Jacques Dominati), du Mouvement des jeunes giscardiens, baptisé « Génération sociale et libérale », ou encore des clubs « Perspectives et réalités », plutôt consacrés à la réflexion politique. Aux côtés de ces mouvements classiques dans la constellation politique, Ponia insiste sur une nouvelle formation, « Agir pour l’avenir », structure d’accueil et de formation des candidats. Une sorte d’école des cadres à l’image de celle du PC ? En tout cas, c’est comme cela qu’il la présente.
    Piquant, de voir les giscardiens redéfinir autour de leur champion le centralisme démocratique !
    9-10 octobre
    Réunion du groupe de travail chargé de préparer la conférence des partis communistes d’Europe à Berlin-Est. J’écris ces lignes en en revenant.
    Passionnant, quoique je ne sois pas sûre de tout comprendre, car nous n’avons accès à aucune discussion interne. C’est l’atmosphère qui est inouïe.
    Berlin-Est, d’abord : c’est comme si nous étions sur une autre planète, sitôt franchi « Checkpoint Charlie ». Les lumières sont des néons sales ; les restaurants, des cantines ; les rues désertes à six heures du soir ; tout cela à deux pas des boîtes de nuit glauques de Berlin-Ouest et de ses superbes hôtels. Pourtant, nous avons l’impression que quelque chose se passe entre ces partis européens, tous confrontés aux mêmes problèmes, qui n’ont finalement rien à voir avec ceux des partis communistes soviétique et des pays de l’Est.
    Le premier soir, Berlinguer a tenu une conférence de presse dans sa chambre d’hôtel : apparemment, il n’avait pas eu le droit de réunir une telle conférence au grand jour, et il l’a fait quasiment assis sur son lit. C’était formidable, nous étions une trentaine de journalistes, il voulait nous montrer que la ligne italienne faisait consensus parmi les partis européens, que la prise en compte de leurs communs problèmes allait changer les choses.
    C’était très gai. Je ne suis pas sûre de la signification exacte de cette conférence de presse improvisée. La seule chose dont je suis certaine, c’est que le parti français, en les personnes de Georges Marchais et de Jean Kanapa, est beaucoup moins ouvert à la presse que les Italiens, qu’ils n’ont pas l’air de porter dans leur cœur. En tout cas, eux ne recherchent pas le contact avec la presse : je ne peux approcher ni l’un ni l’autre.
    10 octobre, feuillet volant
    Juste avant le départ, le matin, Marchais est interviewé sur une radio française. Il parle dehors, presque sur le perron de l’hôtel. Il a l’air furieux, je ne sais pas pourquoi, et à une question que je n’entends pas et qu’on lui pose pour le journal de 13 heures, il répond en s’emportant : « Non mais, est-ce que je vous demande la couleur de votre slip ? Est-ce que vous voulez voir la couleur du mien ! ? » Et il baisse effectivement son pantalon de quelques centimètres. Son slip est bleu et blanc !
    Je suis à côté de Kanapa que je vois blêmir.
    Deux mots sur Jean Kanapa : d’origine bourgeoise, agrégé de lettres, il est longtemps apparu comme le stalinien n o  1 au sein du PCF, et cela a peut-être été vrai. La seule chose que je sais pour en avoir discuté avec lui avant de partir pour Berlin, et à d’autres

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