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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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que le parti français est aujourd’hui minoritaire au sein de la gauche.
    Rencontré longuement Michel Poniatowski, avant-hier. Il se plaint – lui aussi ! – que la presse ne retienne de ce qu’il dit que son anticommunisme. (Le problème, comme le souligne Jean-Jacques Servan-Schreiber à qui je parlerai de ma rencontre avec Ponia, c’est que celui-ci n’a rien d’autre à dire et à faire que cracher sur le Parti communiste !)
    Ponia parle de Chirac comme s’il l’avait proprement domestiqué : jamais il ne s’élèvera contre Giscard ; le rééquilibrage, il l’a accepté ; aucun souci à se faire de ce côté-là.
    En revanche, il paraît s’inquiéter de l’UDR, car il voit qu’une trentaine de trublions sont en train d’ébranler le pouvoir de Chirac en son sein.
    Il ne conteste pas la vague socialiste. Il dit : « Il faut que Chirac s’y fasse : les élections doivent être plus ouvertes, plus vivantes qu’en 1973, la majorité doit se faire plus accueillante à l’égard des socialistes. Pas tous les socialistes, mais certains... »
    Autrement dit, pas de sectarisme ! Propos qui sentent la menace à l’égard de Chirac, accusé de ne pas assez « ouvrir » la majorité.
    6 novembre
    Coup de téléphone d’André Mousset, qui me parle du limogeage de Sanguinetti par Giscard 23 .
    Sangui, que j’appelle, m’en dit plus long sur Giscard en cinq minutes que dans toute son existence ! « Lui, il pouvait dire oui mais au général de Gaulle, il pouvait entourer Pompidou de cactus, conseiller au Général de partir en 1968, et voter non au référendum de 1969 ! »
    Au milieu de la flopée de phrases indignées dont il m’abreuve, je retiens : « Ce type est inapte à être président de la République. Je le dis : je me suis trompé sur son compte. Qu’on me permette de ne pas m’ébaudir sur ses résultats ! Il ne serait pas capable de résister à l’Albanie, mais moi, il m’écrase ! »
    11 novembre
    Toubon raconte que ce règlement de comptes anti-Sanguinetti aurait été déclenché par Ponia, furieux de ce que Giscard lui ait répété l’autre jour que Chirac allait être le chef de la majorité. Du coup, Chirac a vu Michel Debré, Olivier Guichard ; il a téléphoné à Labbé et calmé Sanguinetti sur le mode : le ministre d’État a déclenché contre moi et contre l’UDR une opération ; ne tombons pas dans le panneau, ne faisons surtout pas de vagues !
    Comment Toubon peut-il croire que Ponia ait déclenché quelque opération que ce soit sans l’aval de Giscard ? Ça ne tient pas debout ! Et comment Chirac peut-il essayer de le faire accroire à Debré ?
    12 novembre
    Pierre Bérégovoy semble, au PS, l’expert pour tout ce qui concerne la classe ouvrière, dont il est issu – ce qui est exceptionnel dans l’entourage de Mitterrand. Il brûle d’organiser la présence du Partisocialiste dans les entreprises, à l’instar de ce que font les communistes. Le 30 octobre, à l’occasion de la réunion du comité de liaison de la gauche, il a proposé, me dit-il, que « communistes et socialistes, ensemble, demandions officiellement le droit d’organisation et d’expression politique dans les entreprises. Les communistes s’y sont opposés. Paul Laurent a dit : “Ne comptez pas sur nous pour vous servir de marchepied dans les entreprises !” ». Il conclut : « Pour nous, socialistes, ce qui compte, c’est l’acceptation du pluralisme. À partir du moment où les communistes ont accepté la compétition démocratique, ils doivent accepter la compétition sur tous les terrains. »
    Je ne résiste pas au plaisir de recopier quelques lignes de Mitterrand dans L’Unité de début novembre. « Ce matin, poussant mes volets, quand j’ai vu briller le soleil, je me suis surpris à penser : “Tiens, il fera beau aujourd’hui !” Un visiteur ami auquel je confiais cette impression me recommanda la prudence. “Gardez-vous de le répéter ! On murmure assez comme cela. Si l’on apprenait qu’à la même heure, Giscard d’Estaing, regardant par la fenêtre, s’est écrié : ‚Ah, le beau temps !’, vous seriez dans de beaux draps !” Tant pis, j’avoue ! »
    17 novembre
    François Mitterrand me reçoit une nouvelle fois au Parti socialiste. Sur son bureau, une petite statuette de bois made in USSR , s’il vous plaît. Partout des plans de Château-Chinon, où il est en train de faire reconstruire le

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