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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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cendriers ! »
    Au moment précis où il se dit qu’il n’est pas possible que Giscard ait oublié de lui avoir déjà fait, la veille, la même recommandation, Gouyou-Beauchamps voit Chirac, cigarette au bec, revenir en arrière en s’étranglant : « Hé quoi, monsieur le président, on ne fumera pas au Conseil ? »
    Et Gouyou-Beauchamps comprend que Giscard n’a pas osé prévenir son Premier ministre de sa décision, mais comptait sur Gouyou pour le faire lui-même.
    Petite lâcheté à propos d’un détail insignifiant !
    Rencontre avec Pierre Mauroy. Il a écouté, comme moi, l’interview de Marchais sur Europe 1, hier. À propos de l’élection d’Abelin à Châtellerault, toute sa démonstration a été basée sur le fait qu’un candidat socialiste n’avait pas plus de chances de gagner contre les giscardiens qu’un communiste. La preuve, c’est qu’Édith Cresson a perdu. Marchais reproche aux électeurs socialistes de ne pas reporter leurs voix en totalité sur un candidat communiste lorsque celui-ci est seul en piste pour le deuxième tour. Faisant mine de croire que les temps n’ont pas changé, il va jusqu’à dénoncer, vingt ans plus tard, l’attitude de Guy Mollet... en 1956 (!), accusé d’avoir, à l’époque, « tourné le dos » à une éventuelle politique commune sur l’Algérie. Une mauvaise foi à la Marchais, assortie de considérations plutôt ouvertes sur son indépendance par rapport aux Soviétiques. Il ne dit plus : « Je me fous de Brejnev », mais : « Il nous est arrivé de protester. »
    Mauroy paraît plus que sceptique sur l’attitude du PC. Il parle de Marchais en des termes que je trouve assez proches de la vérité.
    « Marchais, dit-il, est le moins marxiste des dirigeants communistes, parce qu’il a moins lu qu’eux ! Il est aussi dans son caractère de ne pas supporter facilement les contraintes extérieures. C’est une sorte de Tito français, croyant dans un communisme à la française. » Arrive sa remise en cause par les intellectuels du style Roland Leroy. Au lieu de faire front, Marchais recule et colle à ceux qui l’attaquent. Il en rajoute même. D’où la glaciation de la fin 74 et du début 75. Puis il reprend du poil de la bête. Pourquoi ? Parce que, selon Mauroy, dans un parti comme le Parti communiste français, quand on tient Paris, avec Paul Laurent, Lille et Arras, avec Gustave Ansart, et Marseille, avec Lazzarino, on tient le parti. « Alors, conclut Mauroy, Marchais a fini par gagner ! Mais quel Marchais ? Celui de l’union du peuple de France, ou celui du couteau entre les dents ? »
    En attendant, ajoute Mauroy, la CGT a choisi tous les moyens d’emmerder sur le terrain le Parti socialiste : c’est ainsi qu’à l’Opéra de Lille, où Maurice Béjart donne traditionnellement une dizaine de représentations par an, un syndicat CGT, créé pour les besoins de la cause, a entrepris de décourager Béjart : les délégués lui ont téléphoné à Bruxelles pour lui dire de ne pas se déplacer, que l’Opéra de Lille serait en grève, qu’il ne pourrait pas donner ses ballets. Mauroy est intervenu : sans mollir, il a sorti les syndicalistes CGT et fait encadrer les représentations par quelques solides militants.
    Même affrontement dans un autre théâtre de Lille où on jouait Méditerranée ...
    Il y a un mois et demi, Robert Fabre, leader du Parti radical de gauche, a rencontré Georges Marchais – c’était avant l’élection de Châtellerault. Marchais a dit à Fabre : « Parlons du Parti socialiste. Vous devriez prendre du champ par rapport à lui. Vous devriez présenter davantage de candidats contre lui. À Châtellerault, par exemple, pourquoi ne le feriez-vous pas ? »
    24 octobre
    De ma conversation hier avec Jacques Toubon, il ressort nettement que Jacques Chirac n’envisage pas une seconde d’accepter un quelconque rééquilibrage de la majorité. Ce n’est pas là, assure-t-il, une attitude, mais une certitude : Chirac, sourd à tous les conseils bienveillants que lui dispensent les giscardiens, veut ramener au moins 180 députés UDR au Parlement. Il pense être assez fort pour dire, le moment venu, aux giscardiens : « Ne prenez pas le risque de faire élire un socialiste en parachutant quelqu’un contre mes candidats. Si vous bougez, vous faites passer la gauche ! »
    Chantage connu.
    D’où son attitude actuelle : il sait qu’il y a une très forte offensive

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