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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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contre l’UDR : débauchage à la base de la part de députés centristes, coups très rudes portés contre les notables UDR, etc. Il sait que lui-même est la cible préférée de Chinaud (il ne mentionne pas Ponia) et des parlementaires républicains indépendants. Face à cela, il ne réagira pas. Mais il ne cédera en aucun cas, fin 1977, sur les candidatures UDR.
    26 octobre
    J’ai souvent l’impression que je suis la seule, dans la presse « bourgeoise », comme ils disent, à m’intéresser au mouvement des partis communistes européens. Son évolution me paraît essentielle pour comprendre ce qui se passe à gauche, en France, entre communistes et socialistes.
    Aujourd’hui paraît, dans le numéro 1562 de l’hebdomadaire du Parti communiste France nouvelle , l’intervention de Jean Kanapa à la réunion de Berlin d’il y a quinze jours. Il suffit de lire entre les lignes pour comprendre. Et surtout d’examiner de près la conjugaison desverbes. Il écrit : voilà ce que nous voulions faire, à l’imparfait, et ce que nous avons fait , au présent. Hier, il s’agissait pour lui de « faire ensemble une analyse sérieuse de la situation actuelle en Europe et des modifications survenues depuis dix ans sur notre continent ». « Nous considérions aussi qu’il s’ agissait , à la conférence, de définir tous ensemble des objectifs communs. » « Nous pensions enfin que la conférence devait mettre en relief que, pour réaliser ces objectifs, l’union, l’action unie avec les autres forces démocratiques, était à la fois indispensable et utile... »
    Et puis on passe à la conclusion présente des travaux : « Du travail effectué depuis un an et des interventions des délégations ici présentes, il ressort que de nombreux partis veulent ou acceptent que l’objet du document se limite à la lutte pour la détente, la coexistence pacifique, le désarmement et la coopération... »
    C’est clair : c’est un coup d’arrêt à l’eurocommunisme. Il n’y aura pas d’objectifs spécifiques propres aux partis communistes implantés dans les pays occidentaux. Les Italiens ont perdu, et la fraction des Français qui trouvaient possible l’eurocommunisme a été battue par les communistes de l’Est.
    Tout au plus Kanapa a-t-il fait admettre dans son rapport que chaque parti communiste « poursuive son combat de classe dans les conditions nationales et avec les objectifs qui lui sont propres ».
    C’en est bien fini de l’eurocommunisme ! Je n’arrive pas à intéresser les gens quand je leur parle de cela. C’est pourtant essentiel : il n’y aura pas de regroupement parallèle ou antagonique face à Moscou. Moscou décide toujours de la stratégie des autres partis communistes.
    28 octobre
    Claude Estier me décrit Georges Marchais, qu’il a rencontré hier, comme décontracté et incohérent. Il est furieux contre la presse, car c’est elle, à l’entendre, qui monte les communistes contre les socialistes. Le plus drôle est qu’il s’en ouvre à Claude ! Il ajoute :
    « Regarde, à l’occasion de la fête des Libertés, les radios et les télévisions n’ont relevé qu’une phrase dans mon discours : la phrase contre Mitterrand. C’est ridicule !
    – Pourquoi l’as-tu prononcée ? » lui rétorque seulement Estier.
    Marchais passe à l’élection de Châtellerault : « J’ai tout étudié, tout vu dans le détail, assure-t-il.
    – Ah oui, et tu as vu alors qu’au premier tour Fromonteil (le candidat communiste) n’avait pas inscrit le nom du PC sur ses affiches et sur son programme ?
    – Non, dit Marchais, on ne m’a pas dit ça ! »
    30 octobre
    Rostov, de la télé bulgare (dont on me dit de me défier), me parle de la conférence mondiale des PC. À son avis – qui est l’avis orthodoxe –, il y a bien eu un problème entre les Soviétiques et les partis européens : ceux-ci ont déclenché une bagarre portant essentiellement sur l’autonomie d’action. Les Soviétiques et les partis des pays du pacte de Varsovie y seraient hostiles, d’abord parce qu’ils ne veulent pas modifier le statu quo , mais aussi parce qu’ils ne croient pas au succès possible de telles expériences en Europe. Enfin parce qu’une crise sérieuse sévit en Europe et qu’ils aimeraient bien voir comment cela va tourner sans qu’aucun parti communiste ne s’en mêle.
    La situation du PCF est d’autant plus fragilisée aux yeux des Russes

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