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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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    22 - Les deux tours ont eu lieu les 12 et 19 octobre 1975.
    23 - Alexandre Sanguinetti était depuis juillet 1973 président de l’Office de recherche scientifique et technique d’Outre-Mer (ORSTOM).

1976
    6 janvier
    Jean-Jacques Servan-Schreiber a été élu au conseil régional de Lorraine. C’est le premier gros échec de Jacques Chirac, qui n’a pas ménagé sa peine pour le faire battre et a déclenché contre lui, à Nancy, une bataille qu’il a perdue. Philippe Grumbach me dit que l’UDR, battue localement mais aussi nationalement, est à feu et à sang. Je téléphone à Yves Guéna et lui demande si c’est vrai. Il me dit sans détour que oui. Et ajoute : « Oui, c’est vrai, il y a eu une grosse erreur d’appréciation de Messmer. Localement, tous nos responsables étaient convaincus que J-J S-S passerait si on ne présentait pas un candidat à sa hauteur. Le problème est que nous croyions avoir un candidat fort et que ce n’était pas le cas ! »
    Hier, déjeuner avec Paul Granet. Il ne me parle pas du remaniement du gouvernement, imminent à ce qu’on dit. Mais je sens qu’il ne cesse d’y penser. À la fin du déjeuner, lorsque nous sortons du restaurant, son chauffeur discute dans la DS de Michel Guy 1 avec le chauffeur de ce dernier. Il sort précipitamment, rejoint la voiture de Paul Granet. Celui-ci s’installe devant, nous laissant, sa chef de cabinet et moi, à l’arrière, et demande à son chauffeur : « Dites-moi, il a des informations sur le remaniement, votre copain ? »
    12 janvier
    Remaniement : plusieurs indications.
    La première est que Jean Lecanuet a le titre de ministre d’État, comme Ponia. Façon de reconnaître le pôle centriste. Et de montrer à Chirac qu’il ne représente, avec Ponia et Lecanuet, qu’un tiers de la majorité. Et seulement un tiers.
    La seconde est qu’une femme, Alice Saunier-Séité, entre au gouvernement comme secrétaire d’État autonome aux Universités. Je la vois demain.
    La troisième est que Raymond Barre entre au gouvernement : je l’ai connu à Caen où il était prof à la faculté de droit avec Alain 2 , qui le tient en haute estime. Je savais qu’il avait abandonné partiellement le professorat pour partir à Bruxelles. Je ne le savais pas proche de Giscard.
    Enfin Paul Granet quitte la Formation professionnelle pour l’Environnement.
    Rencontré Alice Saunier-Séité : elle a été prévenue par Jacques Chirac de son entrée au gouvernement le lundi 12 à 8 heures du matin, donc quelques heures seulement avant sa désignation.
    Elle me raconte son parcours professionnel depuis 1966, quand elle était directrice du collège universitaire de Brest. Je suis surprise par son accueil : elle ne me connaît pas, elle n’a pas l’air follement sympathique, plutôt dure avec ses yeux noirs sous ses cheveux noirs. Pourtant, elle a l’air d’être contente de me voir, et elle s’exprime sans détour, d’une façon presque masculine, non dans sa tenue ni dans son aspect, mais dans sa façon directe de parler.
    Car, pour le reste, c’est bien une vie de femme qu’elle me décrit. Convoquée pour la première fois par Alain Peyrefitte, alors ministre de l’Éducation nationale, qui lui propose un rectorat en 1967, elle doit refuser : son fils est alors âgé de quatorze ans, elle ne veut pas l’obliger à déménager, elle anime un laboratoire sur les recherches arctiques. Hors de question qu’elle change de domicile.
    Elle refuse une autre proposition en 1969 : c’est son mari, cette fois, qui est malade.
    Elle finit par accepter la direction de l’IUT de Sceaux en 1970. Trois ans plus tard, c’est Joseph Fontanet qui lui propose de nouveau un rectorat : son mari est mort et son fils a vingt ans. Elle dit oui.
    Longtemps elle est la seule femme dans les conférences de doyens, de directeurs d’IUT, de recteurs. En riant, elle me dit que, à son premier Conseil des ministres, elle a été stupéfaite d’assister « à une réunion d’hommes où il y avait cinq femmes »...
    « Je n’ai jamais milité dans aucun parti politique, me dit-elle. À cause d’Edgar Faure, j’ai été membre extérieur du “Contrat social” qu’il dirige, mais je n’ai jamais assisté à une réunion, à un meeting politique : je connais la politique parce que mes amis, Edgar Faure, Paul Granet, en font. Au fond, je suis un peu comme Simone Veil : nous sommes des techniciennes. Regardez, au bout de vingt

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