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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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mois, Simone Veil est toujours dans la même position : sans étiquette ! »
    Ça ne l’empêche évidemment pas d’annoncer d’entrée de jeu que, à partir du moment où elle est devenue ministre, elle accepte « pour le moins » les grandes options présidentielles.
    19 janvier
    Déjeuner avec Jacques Toubon.
    Le ton a changé. Finie, l’assurance triomphante sur les élections futures ! Ce remaniement a été très durement ressenti par toute l’équipe de Chirac. Parce que c’est le président qui l’a voulu. Parce que « nous ne cachons pas, dixit Toubon, que ce gouvernement est centriste et européen. De ce point de vue, pour nous, c’est un échec ».
    Ce qui semble clair, dans tout cela, c’est que l’opération « majorité présidentielle » est inspirée par Giscard et ses proches, et qu’elle est antagonique de la force et de la puissance de l’UDR, d’ailleurs pratiquement mise en sommeil depuis le départ de Jacques Chirac de son secrétariat général.
    Comme le disait Jacques Friedmann, que j’ai rencontré dans la cour de Matignon la semaine dernière : « Ce remaniement n’est pas bon pour nous. » De fait, il n’a pas été fait pour cela !
    Vive controverse entre François Mitterrand et Helmut Schmidt à Elseneur, en marge de je ne sais quelle réunion préparatoire à la conférence des partis sociaux-démocrates européens, sur la participation ou la non-participation de communistes à un gouvernement social-démocrate. Mitterrand reste sur sa longueur d’onde actuelle : « L’union fait notre force, nous avons tout à gagner à une alliance avec les communistes. Je n’érige pas cette stratégie en doctrine universelle, mais, pour ce qui concerne l’Europe du Sud, elle me paraît profitable. »
    Réponse de Schmidt : « L’alliance avec les communistes est proprement inacceptable, de toute façon elle est incompatible avec tous les traités internationaux que nous avons signés et acceptés, le Pacte atlantique par exemple. »
    Position médiane des autres participants, comme le Suédois Olof Palme : « Nous ne sommes pas d’accord avec François Mitterrand, mais nous ne brandissons pas d’anathème ; chaque parti a le droit de fixer sa stratégie, nous ne sommes pas l’Internationale communiste ! »
    Suite samedi 24 à Paris, où se rencontrent les partis socialistes de l’Europe du Sud.
    24 janvier
    Déjeuner hier avec Jacques Friedmann. Selon lui, Giscard n’a pas encore choisi entre deux voies.
    La première est celle de Georges Pompidou en 1973. On fait des élections frontales, bloc contre bloc, majorité contre opposition. Et, huit jours avant l’échéance, le président de la République fait savoir que, si la majorité perd, il quitte le pouvoir. Dans ce cas, Jacques Chirac est le meilleur pour conduire la bataille électorale : c’est un combattant, il est volontaire, dynamique, et il est à la tête du parti le plus important de la majorité.
    La seconde, vers laquelle Giscard semble s’engager en ce moment sans que cela soit encore irréversible : pas de lutte des blocs, opposition contre majorité, la France doit être gouvernée au centre ; le gouvernement se montre si réformateur que ce n’est pas la peine de voter pour les socialistes. Quelques jours avant les élections, Giscard dirait qu’il ne veut pas peser sur les élections, qu’il laisse les Français libres de leur choix. Cela conforterait évidemment le Parti socialiste, mais laisserait à Giscard la liberté totale de conduire le jeu. Dans ce cas, conclut-il, Jacques Chirac n’est pas l’homme de la situation. Il faudra à Giscard, pour conduire la campagne électorale, un Lecanuet ou un Durafour.
    Son analyse est intéressante : d’abord parce qu’il s’agit d’un des plus proches collaborateurs – plutôt même un complice – de Jacques Chirac, qu’il reflète sans doute sa pensée ou qu’il exprime ses doutes. La seconde est que, si je repense à ma dernière conversation avec Mitterrand, je vois bien qu’il se pose les mêmes questions et qu’ilarrive aux mêmes conclusions : un Parti socialiste fort peut s’arranger d’un Giscard faible.
    24-25 janvier
    Ils sont tous venus, ils sont tous là à cette conférence des partis socialistes de l’Europe du Sud qui dure trois jours. Se retrouvent côte à côte le Français Mitterrand, l’Espagnol Gonzales, le Portugais Alegre, le Belge Willy Claes, le Grec Papandréou. Tous ou presque

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