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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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brutale qu’ont menée, en juillet dernier, de l’intérieur de la Fédération, ses partisans de la veille. Il a été rendu responsable de tous les malheurs électoraux de la gauche, on lui a demandé – y compris Defferre, qu’il croyait son ami – d’abandonner la présidence de la Fédération. Il n’a pas voulu le faire, me dit-il, parce qu’il pensait que la perte de 2, 5 % des voix aux législatives ne justifiait pas le procès que lui faisait une partie de la gauche.
    Puis est venu l’été. Il lui est apparu, en taillant ses rosiers, qu’il était temps de partir. L’invasion de la Tchécoslovaquie a précipité sa décision. La stratégie d’union avec le Parti communiste est compromise : les radicaux et certains socialistes n’en veulent plus. L’heure est donc venue de jeter l’éponge.
    « Lorsque je fais le bilan de l’action que j’ai menée au forceps, me confie-t-il, je me dis que la première faiblesse remonte aux élections législatives de mars 1967. C’est peut-être à ce moment que j’aurais dû imposer la création d’un nouveau parti. »
    Il sera militant de base du nouveau Parti démocrate socialiste... Si celui-ci existe un jour. Car il me dit que Guy Mollet est tenté lui aussi par la retraite.

    6 octobre
    Un dîner « privé » a réuni à l’Élysée les de Gaulle et les Pompidou. Le Général aurait dit à Pompidou qu’il fallait qu’il se prépare et qu’il se fasse voir. Words, words, words...

    20 octobre
    Jeannette Vermeersch 36 , l’égérie et la veuve de Maurice Thorez, a envoyé aujourd’hui sa lettre de démission du Parti communiste. Elle l’a adressée à son « cher Waldeck » : celle qui a été pendant 31 ans la compagne de Maurice Thorez a « choisi la liberté » ! Celle qui aété la seule avocate inconditionnelle de l’alliance avec Moscou refuse de collaborer avec l’équipe de Waldeck, Georges Marchais et même Roland Leroy. Il paraît qu’elle avait déjà offert sa démission par deux fois, le 23 septembre et le 3 octobre. Aujourd’hui, elle a quitté seule la salle de la mairie d’Ivry où se tenait le comité central. Elle a écrit qu’elle ne pouvait pas « décemment rester un membre formel » de la direction, que cela lui était « humainement insupportable ».
    Ce qui est sûr, c’est que le PC n’a pas seulement perdu une figure historique, il a tout simplement changé. Le départ de Jeannette en est une sorte de symbole.
    Est-ce parce que le mois de mai a été épuisant ? Est-ce Couve de Murville qui distille sur la vie politique française un ennui vigoureux ? Est-ce que le général de Gaulle se remet mal d’avoir été contesté par des centaines de milliers de jeunes ? Est-ce parce que tout le monde politique a peur de créer à nouveau, par un geste, l’irréparable ? En tout cas, quel vide, quel néant ! La gauche part à vau-l’eau. La droite plonge dans la crise économique. De Gaulle se tait, et ce n’est pas Couve de Murville qui « tonitrue » !
    Seul Edgar Faure, que personne n’a entendu en mai dernier – je ne sais même pas où il était alors –, sort du lot en assurant la rentrée universitaire sans problèmes, alors que tout le monde avait une pétoche terrible à l’idée que les étudiants reprennent leur agitation. Il a mis au point une loi d’orientation scolaire et universitaire en août, et l’a fait adopter début septembre par le Conseil des ministres, avec l’accord du Général.
    Il est formidable, au four et au moulin, assisté d’un directeur de cabinet que je connais bien, Michel Alliot, qui est d’une extraordinaire activité : on le voit sur les campus haranguer les élèves, au ministère recevoir les syndicats. Il passe rue de Grenelle tous ses week-ends et ne quitte pour ainsi dire jamais son bureau.
    Bref, tout ne s’est pas trop mal passé, et cela a été un soulagement général.

    Sans date – fin novembre 1968
    Il devient difficile de ne pas parler de l’affaire Markovic. Car cette affaire serait restée dans les faits divers crapuleux si Le Figaro – oui, Le Figaro  ! – n’en avait fait, dans un des ses articles, une affairepolitique en affirmant que le jeune Stefan Markovic organisait les parties fines de très hautes personnalités politiques.
    Lesquelles ? Au bout de quelques jours, les noms sont sortis : ceux de Georges Pompidou et de sa femme. Incroyable ! Des photos ont circulé, que je n’ai pas vues, que

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