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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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certains journalistes de L’Express ont vues, mettant en cause le couple Pompidou.
    Il se trouve que, il y a quelques mois, j’ai fait la connaissance d’un ami de Roland Dumas 37 , Jean-Luc Javal, qui était au cabinet de Pompidou à Matignon et qui, au courant des allusions autour de celui-ci et de sa femme, a commencé par s’indigner de ce que personne autour de lui n’ose le prévenir. Il n’a donc écouté que son courage et, après la Toussaint (je suis évidemment incapable de donner la date exacte), il est allé révéler à Pompidou ce que le milieu politique parisien laissait entendre à son sujet. Il paraît que Pompidou a encaissé le choc, mais que, depuis, cela fait deux ou trois semaines, il n’a plus jamais souhaité le revoir... Les porteurs de mauvaises nouvelles n’ont pas la cote.
    En tout cas, les anti-pompidoliens, comme René Capitant, ministre de la Justice, ce qui n’est pas rien, sont aux anges.
    Ce qui est curieux, c’est de voir comment la découverte d’un cadavre sur une décharge près de Paris a finalement entraîné une crise grave entre les gaullistes et l’ancien Premier ministre.

    4 décembre
    Giscard est venu à L’Express parler de la crise économique. Il conteste que la crise actuelle soit le résultat des désordres de mai. Il pense que les pertes de production dues aux grèves ont été relativement faciles à compenser, tout en convenant que le « choc » de mai a consisté essentiellement dans l’augmentation de l’ensemble des rémunérations. Il recommande le retour aux équilibres fondamentaux, la levée du contrôle des changes et une politique claire des salaires. Pour le reste, il se garde de parler politique.
    Il est très à l’aise, en pull-over sur une chemise rayée. On l’écouterait parler du déséquilibre de la balance commerciale pendant des heures. Il évoque la non-dévaluation décidée par de Gaulle à l’automne(épisode douloureux pour L’Express qui avait bouclé son numéro annonçant une dévaluation !) en rendant hommage au courage du Général, tout en critiquant les conséquences d’une non-dévaluation politique. Démonstration acrobatique dont il a une maîtrise parfaite.

    9 décembre
    Et voilà ! Guy Mollet aussi, après Mitterrand, annonce sa retraite. Il a 63 ans et a pris sa décision après que Mitterrand eut annoncé la sienne. Il pense ne plus pouvoir incarner désormais quelque renouveau de la gauche que ce soit, et en cela il a raison. Il y aura donc un nouveau parti socialiste dont il ne sera pas le secrétaire général.
    Mai 68 n’a pas fini de faire des morts.

    22 décembre
    Le congrès socialiste est une cérémonie funèbre. Il se tient dans le gymnase glacé de Puteaux et il me semble qu’il marque un terrible retour en arrière vers un parti qui veut certes changer de nom pour montrer sa modernité, tout en se sclérosant en refusant les autres : les étrangers de la Convention des institutions républicaines, les radicaux trop droitiers, sans oublier les communistes qui sentent mauvais. Pierre Mauroy, promu l’un des successeurs de Mollet, a beau ironiser en disant : « Il nous reste, avec les uns, la tentation de bourrer notre pipe et la tentation de mettre nos pantoufles ; avec les autres, nous gardons notre vie commune à la FGDS avec la conviction de partager le même combat » – entre les pantoufles et le combat, la SFIO n’a pas vraiment choisi.
    1 - Rédacteur en chef et éditorialiste du quotidien communiste L’Humanité .
    2 - Fils d’un militant socialiste, ouvrier en meunerie, puis contrôleur des PTT, Ernest Cazelles, né en 1910, a rejoint les Jeunesses socialistes en 1928 et le Parti socialiste SFIO en 1930. Il est, en 1967, secrétaire général adjoint de la SFIO depuis 1958. C’est un organisateur hors pair, lié à Guy Mollet par une amitié fidèle. Conseiller de l’Union française de 1947 à 1958, il a, au cours de ses voyages en Afrique du Nord et en Afrique noire, noué des liens très étroits avec des hommes politiques comme Félix Houphouet-Boigny.
    3 - « Nous n’avons pas conscience, dit ce jour-là le président du Parti radical, d’être dans la Fédération de la gauche des attardés, des traînards qu’une armée en marche abandonnerait sur le bord de la route. Pour nous, le point de non-retour est largement dépassé. L’année 68 doit être celle de la préparation de la fusion. En 1968, j’espère que nous serons prêts pour le grand acte

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