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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Chancellerie, elle-même saisie par Valéry Giscard d'Estaing (Conseil des ministres du 8 août) ».
    « Nous allons continuer d'émettre, m'assure Béré, dans le seul but d'alerter l'opinion ! »
    Pour le reste, nous parlons évidemment de la chute de popularité de Raymond Barre. « Légèreté à l'Élysée, me dit-il, vanité à Matignon ! » Tel sera leur mot d'ordre de rentrée.
    Face à la situation – ralentissement de la production, reprise du chômage, menace sur le pouvoir d'achat, à quoi s'ajoutent un fort déficit budgétaire et un non moins fort déficit de la Sécurité sociale –, le PS tente de reprendre l'offensive en invitant syndicats et partis de gauche à une rencontre au sommet : « Les communistes n'en veulent pas, regrette Béré, ils veulent faire cavalier seul. Pourtant, Marchais a dit qu'il était prêt à s'allier au diable : nous l'avons pris au mot. »
    Quant à Michel Rocard, Béré me cite son interview au Monde , il y a quinze jours, dans le creux de l'été : il y a vu l'assurance qu'il ne serait pas candidat en 1981. Il me révèle que François Mitterrand et Pierre Mauroy se sont longuement rencontrés la semaine dernière, le 24 août. Face aux problèmes économiques et sociaux qu'affrontent Barre, son gouvernement et Giscard, il pense que la gauche a une petite chance de pouvoir encore refaire son unité.
    J'admire l'obstination de Mitterrand et des siens. Moi, écrire sur le renouveau de la gauche, donc sur ses inéluctables difficultés, me fatigue déjà.

    29 août
    Au Conseil des ministres de ce matin, Raymond Barre, étrillé de toutes parts à l'occasion du troisième anniversaire de son arrivée à Matignon, a exposé dans le détail les mesures qu'il compte prendre dès le mois de septembre. Puis Giscard a pris la parole pour redire – il a employé ce mot, rare dans son vocabulaire – « son affection » pour le Premier ministre.
    Le Président, me dit Pierre Hunt, est très sensible aux critiques, qu'il faut admettre et dont il faut tenir compte. Ces critiques tiennent à la réalité des difficultés : déficit budgétaire et déficit de la Sécurité sociale, mais aussi, souligne Giscard, au « Yaka » (« il n'y a qu'à ») de l'opposition. Voilà pourquoi la politique suivie doit être mieux expliquée.
    « Il n'y a pas de rejet de la politique suivie, juge-t-il, mais un état négatif de l'opinion publique. Il faut faire un effort de communication, pas seulement convaincre par le raisonnement, mais mettre un peu de chaleur dans la démonstration. Je ne suis pas pessimiste sur l'avenir, a-t-il conclu, car la France a de nombreux atouts. »
    Parle-t-il à Raymond Barre lorsqu'il demande de la chaleur dans les démonstrations économiques ? Sans doute. Cela suffira-t-il à ramener le calme ? J'en doute.
    De toute façon, Barre est sûr de lui : à ses yeux, la dérive actuelle – croissance en baisse, inflation – vient du surcoût pétrolier que la France absorbe sans qu'il y ait diminution du pouvoir d'achat.
    Pendant que Giscard parle d'une « état négatif » de l'opinion publique, Barre s'énerve en répétant que sa démarche est la seule possible. Voilà qui limite la concertation avec les syndicats auxquels le Premier ministre vient d'envoyer une lettre pour les amener à discuter.

    5 septembre
    Le conseil général de la Nièvre est, depuis quelques jours déjà, en voyage collectif à la Martinique. Mitterrand l'y rejoint ce matin. Il a accepté que je fasse partie du voyage. Nous voici donc dans l'avion une demi-heure après le décollage. À la droite de l'appareil, le Mont-Saint-Michel.
    « Avez-vous des nouvelles, me demande Mitterrand, de ce qui s'est dit au dernier séminaire des partisans de Mauroy ? »
    Je lui réponds que oui, et qu'effectivement le désir de Mauroy était de mettre un terme à la querelle de Metz. Moyennant quoi, la petite phrase qu'il a (ou aurait) prononcée à la fin de la réunion des mauroyistes (« Je ne pensais pas que la direction du Parti allait faire de telles bêtises ») n'avait sans doute pas été dite en public, mais peut-être pendant le pot qui avait suivi la réunion, et peut-être même pas dite par lui.
    Mitterrand, conciliant, acquiesce : « Oui, c'est comme cela que les choses ont dû se passer. Car, autrement, ce serait une erreur de Mauroy. Ce qu'on dit devant quelques-uns finit toujours par être répété ! »
    Il reprend : « Ils ont raté

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