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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Metz, et, du coup, ils voudraient maintenant me présenter à toute force à la présidentielle pour se débarrasser de moi !
    – De toute façon, lui dis-je, vous ne pourrez pas faire autrement !
    – Oh, cela ne dépend que de moi ! ( demi-rire , puis  :) J'ai d'ailleurs toujours veillé à ce que cela ne dépende que de moi ! »
    Je remarque qu'il a emporté deux livres à lire pendant le voyage, L'Histoire d'un crime , de Victor Hugo, et les Lettres à Lacordaire , de Montalembert. Il ouvre le Hugo.

    Une heure plus tard, nous sommes au-dessus de l'Atlantique, avant les Açores. Nous faisons la même grimace de dégoût devant le plat chaud qui nous est servi, fait d'artichauts et de bœuf ultra-cuit.
    « Quand je pense, dis-je à Mitterrand et à Joseph Franceschi qui l'accompagne, que la seule chose dont on aurait envie serait un bon, un vrai sandwich au saucisson ! »
    François Mitterrand : « Vous avez raison, avec une bonne baguette et un bon œuf dur !... Ah, redit-il encore avec gourmandise, un bon œuf dur ! Et un bon saucisson ! »
    Coup d'œil vers Franceschi : « Mon seul vrai reproche à Joseph Franceschi est qu'il ne m'a jamais trouvé de bon saucisson ! »
    Moi, assez snob : « C'est facile, on en trouve à la maison de la Truffe ! »
    Mitterrand, dégoûté : « À la maison de la Truite ? »
    Moi : « Non, de la Truffe. »
    Mitterrand : « Franceschi, notez ! »
    Après cet échange gastronomique, Mitterrand revient sur Mauroy : « Si Mauroy n'avait pas fait n'importe quoi, je pensais qu'il pouvait faire un excellent candidat à la Présidence de la République ! »
    Il évoque devant moi un épisode de 1978 qui, le premier, a marqué le refroidissement des relations entre eux deux. Il concerne Robert Pontillon, ami de longue date de Mauroy, époux de Marie-Jo Pontillon, précieuse collaboratrice de Mauroy depuis des années, que Mitterrand a écarté en juillet 1978 d'une des instances du PS. Je lui dis qu'à cet instant précis, Mauroy s'est cru trahi par lui.
    « Mais pourquoi ? C'est moi et personne d'autre qui ai prévenu Mauroy de la nécessité, une fois que Pontillon serait élu sénateur, de l'écarter. Il ne pouvait pas dire que je lui avais fait le coup sans le prévenir ! »
    J'explique – ce qu'il sait à coup sûr – que toucher à Pontillon par un biais, c'était mettre Marie-Jo hors d'elle, et donc placer Mauroy dans une situation impossible.
    « Quelle femme ! commente-t-il. Elle a une de ces volontés de puissance... C'est elle qui me disait tout le temps : Pierre n'en veut pas assez ! Il n'est pas assez ambitieux ! »
    Non, il me dit ne pas avoir voulu faire une mauvaise manière à Mauroy. « D'ailleurs, je vous assure que s'il n'avait pas fait ce qu'il a fait à Metz, je pensais sérieusement à lui pour la campagne présidentielle. Mais, maintenant, je ne vais pas laisser le Parti à quelqu'un qui m'a traité de cette façon ! »
    Plus tard, sur Giscard : « C'est un petit bonhomme, mesquin, je vous assure. Savez-vous qu'il avait déclenché un contrôle fiscal contre moi en 1974 ? Lui-même ! Et pourtant, je n'ai jamais été l'amant d'une de ses maîtresses ! »
    Sur l'inculpation qui a suivi l'émission de la radio libre du Parti socialiste et l'irruption policière cité Malesherbes : « Franchement, il y va un peu fort ! Mais les faits sont là : maintenant, il ne peut plus empêcher un débat sur l'information à l'Assemblée nationale. Vous pensez comme on va se gêner ! »
    Il note qu'effectivement, VGE n'était pas en France lorsque les flics ont investi le siège du PS. Néanmoins, il note un durcissement de sa part à l'égard du PS. Il cite d'ailleurs en exemple l'élection européenne et le siège repris au PS au profit de l'UDF 37  : « Une mesquinerie de plus ! »
    « Non, répète-t-il, Giscard, ce n'est rien. C'est un homme qui représente bien la France, courtois, bien habillé. C'est tout. Il n'est rien, il n'incarne rien. »
    Je risque un : « Peut-être aurait-il pu être différent ?
    – Dites plutôt, réplique Mitterrand, que les circonstances étaient réunies pour qu'il soit différent. Mais il ne l'a pas été ! »
    Sur Raymond Barre, en gros, ce qu'il pense, c'est que s'il avait été moins suffisant, il aurait été davantage épargné. « Mais, dit-il, aujourd'hui et depuis quelques semaines, il y a un nouvel air dans la politique !
    – Au profit de la

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