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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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s'explique avant tout par l'exploitation qu'en fait le Président américain pour des buts de politique intérieure américaine. (C'est d'ailleurs, par parenthèse, ce que Paul-Marie de la Gorce ne cesse de me démontrer !) Conclusion du porte-parole de Giscard : il faut maintenir et conforter la politique de détente, en profiter pour agir en direction des pays non alignés. Il avoue qu'il est difficile de faire passer ce message en ce moment dans la classe politique française. Les atlantistes, les centristes seront naturellement les plus antisoviétiques. Les socialistes le seront aussi, ne serait-ce que pour contrecarrer l'action de Giscard. Quant aux dirigeants RPR, ils sont pris à contre-pied par la volonté de Giscard de ne pas rompre les ponts, de rester dans la ligne du général de Gaulle.
    Je l'interroge sur les propos de Poniatowski sur la défense européenne commune, qu'il appelle de ses vœux. « Elle n'est pas possible, répond simplement Pierre Hunt : l'Allemagne ne peut pas disposer, en l'état actuel des accords, d'une force nucléaire, et les Anglais ne sont pas mûrs : Margaret Thatcher colle de trop près à l'Amérique pour vouloir une politique militaire commune. »
    Je ne sais s'il faut voir dans cette réponse une manifestation de l'optimisme giscardien, en tout cas elle me paraît sensée 8 .

    31 janvier
    Après la réunion du bureau exécutif du Parti socialiste, je rencontre Lionel Jospin, responsable des questions internationales au PS. De quoi les membres du bureau ont-ils parlé ? Des Jeux olympiques de Moscou ! Jospin, qui a introduit la discussion, a rappelé que les relations entre les sports et la politique ont toujours posé problème. Quand la décision avait été prise de tenir les Jeux olympiques à Moscou, le problème se posait déjà. Comme pour les États-Unis, d'ailleurs, pendant la guerre du Vietnam. Pour lui, c'est clair, les considérations politiques risquent de rendre impossible de tenir des Jeux olympiques où que ce soit dans le monde.
    Quant à la campagne de boycott lancée par des intellectuels, elle est estimable, certes, de nature toutefois à rester confidentielle. S'ajoute à cela, dit Jospin, un phénomène nouveau : la tenue des Jeux olympiques est pour la première fois une arme brandie par le candidat américain à la Présidence, qui donc ouvre une campagne anti-soviétique un peu hystérique. Est-il opportun, a interrogé Jospin, d'aller plus avant dans la reprise de la guerre froide ?
    À ce moment-là de la réunion, Michel Rocard a sorti un texte qu'il avait préparé avec soin. Ce qu'il disait en substance, c'est qu'il ne s'agissait pas de savoir si le Parti était ou non favorable au boycott des Jeux de Moscou. Question dépassée, à ses yeux. « Il faut aujourd'hui, a dit Michel Rocard (cela, je l'ai noté verbatim ), constater le décès des Jeux olympiques ! »
    Il propose que le Comité olympique choisisse un pays, toujours le même, qui accueille tous les quatre ans, de façon pérenne, les JO internationaux. C'est exactement l'hypothèse que semblait envisager Jean Lecanuet l'autre jour, sans me dire si elle avait sa préférence.
    La formule de Rocard est pleine de vigueur, à ceci près, souligne Jospin, qu'il ne prend pas position sur le boycott. « Si on était au gouvernement, on enverrait les athlètes français à Moscou, oui ou non ? » lui a demandé Jospin.
    Le bureau du PS est finalement tombé d'accord sur un texte final qui condamne l'altération de l'esprit des Jeux olympiques, les nationalismes, l'esprit mercantile qui y règne parfois. « Le PS souhaite que les Jeux redeviennent une fête culturelle. Il est prêt, dans cet esprit, à examiner pour l'avenir des propositions allant dans ce sens, que ce soit par la suppression des hymnes et des drapeaux, ou par la création d'une enclave olympique au choix du Comité olympique international. Le PS n'entend pas pour autant s'associer à un éventuel boycott. »
    Une synthèse presque parfaite entre le souhait de Rocard et la position prise au préalable par Jospin. Il est admis par le bureau exécutif que François Mitterrand, qui part pour Vienne à la rencontre de l'Internationale socialiste, fera des propositions dans ce sens à tous les partis européens.

    La position du Parti socialiste aurait-elle été contraire si François Mitterrand ne gardait pas, dans son cœur et dans son esprit, l'espoir de faire une fois de plus campagne, pour la

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