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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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présidentielle prochaine, avec les communistes ? C'est clair : Rocard, qui envisage plutôt une alliance avec les centristes au deuxième tour, adopte une position compatible avec la leur. Mitterrand, via Jospin, réserve ses chances avec le Parti communiste français. D'ailleurs, je me pose la question : voilà quelques semaines qu'on ne parle plus des discussions qui cheminent, de façon souterraine, avec les communistes. Avec l'invasion de l'Afghanistan, évidemment, ces discussions ont dû se faire plus confidentielles encore, ou éventuellement s'interrompre.
    J'ai l'impression que la sortie de Georges Marchais depuis Moscou (traitant Pierre Joxe de « paltoquet », de « valet de Mitterrand ») n'a rien changé : l'autre jour, François Mitterrand m'en a à peine parlé, se bornant à trouver Marchais « curieux ». Comme s'il pensait que ses sorties agressives étaient une sorte de spectacle, de figure obligée, sans aucune portée, dénuée d'importance. Où en sont les négociateurs qui œuvrent dans l'obscurité, je ne le sais pas.

    Comme Pierre Hunt l'avait fait avec moi, Jospin souhaite que les relations Est-Ouest et surtout la politique de détente ne soient pas jetées aux orties avec l'invasion de l'Afghanistan. On peut faire, selon lui, deux hypothèses pour l'opération soviétique. La première est qu'il s'agit d'une grosse opération de police aux frontières de l'URSS pour aider le régime afghan contre les rebelles qui le menacent depuis plus d'un an. Et, éventuellement, d'un coup de semonce à l'adresse de l'Iran et des pays musulmans soviétiques. La seconde est que l'URSS ait mal évalué les rapports de force internes à l'Afghanistan, tout en se préparant plus gravement à acquérir d'autres positions dans la région et en direction du Golfe. « On ne peut pas l'exclure, me dit Jospin. Pour le moment, nous retenons la première hypothèse. Mais nous nous interrogeons vraiment sur ce qui se passe à Moscou aujourd'hui. »
    C'est ce que Mitterrand, effectivement, se demandait lorsque je l'ai vu il y a quelques jours : « N'y a-t-il pas en ce moment un tournant politique à Moscou ? »
    Je fais remarquer à Jospin que Giscard n'est pas loin de partager leur point de vue. Il repousse cette perspective avec la plus grande vigueur. Il serait dangereux de se déterminer, me dit-il, par rapport à Giscard. « Giscard, plaide-t-il, a des raisons spécifiques d'adopter une attitude prudente : il ne veut pas aggraver les choses avec le RPR et nourrit beaucoup d'arrière-pensées avec les communistes français. Sa position est plus opportuniste qu'autre chose. »
    Il me rappelle toutes les variations de Giscard au sujet de la politique soviétique. À l'occasion de ses vœux, début janvier, il a préconisé une rencontre d'urgence entre les différents dirigeants français et Jean François-Poncet, ce qui était une façon de dramatiser les événements. Et puis il a dédramatisé les choses après ladite rencontre avec François-Poncet.
    « Pour conclure, dit Jospin, qui n'a guère l'habitude de multiplier les confidences après un bureau exécutif, et qui consulte sa montre, des choses doivent être dites fermement sur l'Afghanistan, sur la politique de détente. Il faut néanmoins se méfier des protagonistes en présence dans cette crise mondiale : ni Jimmy Carter ni Margaret Thatcher ne sont innocents. Carter a une psychologie difficile à comprendre pour un homme politique français : il montre une indétermination vertueuse et, dans le même temps, ses hommes, Brezinscki, Cyrus Vance, prennent des positions de force ! Il ne faut pas les suivre, les uns et les autres, avec trop d'impétuosité : ils peuvent finir par négocier sur notre dos. Il ne nous faut être ni des munichois, ni des faucons 9  ! »

    4 février
    Giscard et Schmidt ensemble : je me demande où réside leur complicité, leur connivence, et même s'ils en ont vraiment une. Il y aurait une étonnante enquête à faire sur leurs relations. Interroger Schmidt sur la façon dont ils ont fait connaissance lorsqu'ils étaient tous deux ministres des Finances ?

    6 février
    Gilles Martinet, presque admiratif, me racontait hier une histoire marrante sur François Mitterrand. Au cours de l'élaboration du projet socialiste, dernièrement, il était question, dans un paragraphe, du PS et de son « appareil ».
    Alors, Mitterrand, énervé par les rédacteurs du texte : « Chez moi, dans la

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