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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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un jour obligée de se rapprocher des pays occidentaux ? »
    En second lieu, les Russes : « Certes, l'ascension des Soviétiques n'est pas irrésistible. Reste à savoir si, conscients de leur faiblesse, ils utiliseront la force. Quand et comment ? »
    À la dernière question que je lui pose, il répond franchement :
    « Je ne serai pas Premier ministre. Pourquoi ? Parce qu'il faut à Giscard quelqu'un de complémentaire, quelqu'un qui occupe pour lui le terrain économique et social. Et non pas son propre terrain, le terrain diplomatique, qu'il connaît en réalité par cœur. »
    C'est ce qui justifie la présence de Raymond Barre à Matignon et son maintien au-delà sans doute du seuil critique.

    4 septembre
    Même question posée à André Giraud : « Premier ministre, moi ? Je ne le serai jamais, et d'ailleurs c'est le dernier des métiers. »
    Au surplus, il me l'avoue sans ambages : il n'est pas européen. Il ne suivra pas VGE dans sa campagne européenne : « Il serait inconcevable, me dit-il avec la sorte de brutalité qui caractérise ce mélomane avisé, que des ministres participent aux campagnes contre Giscard. Mais pas nécessaire qu'ils participent aux campagnes pour  ! »

    6 septembre
    Je reviens sur l'affaire polonaise, car les dernières phrases de François-Poncet sur l'Europe de l'Est me paraissent capitales : un espace de liberté est-il possible dans un pays de l'Est, et à quel prix ?
    Et puis, la prétendue crise cardiaque de Gierek est survenue, et son remplacement à la tête du Parti dans la nuit de vendredi à samedi par Stanislas Kania, responsable de la Police, de l'Armée et de l'Église au secrétariat du comité central. De la même façon que Gomulka avait été remplacé en 1970 par Edward Gierek, en fait dans un premier temps écarté, puis limogé. En réalité, le PC orthodoxe a gagné, même si Solidarnosc peut continuer d'exister.
    Le fait nouveau, c'est qu'il n'y a pas eu effusion de sang. Pourtant, si la diplomatie française et si le reste du monde demeurent tout de même dans l'expectative, c'est que personne n'ose se réjouir trop haut de ce que les tanks russes n'aient pas fait mouvement vers Varsovie. Personne n'oublie qu'en Tchécoslovaquie, en 1968, les blindés n'ont franchi la frontière qu'à l'été, après six mois de l'hiver et du printemps de Prague.

    9 septembre
    Rencontre avec Michel Rocard : dans un mauvais jour, n'alignant pas deux idées de suite, ayant l'air d'en savoir long, il me déçoit avec son petit côté finaud. Quelque chose, in extremis , me dissuade de croire en lui. Je ne sais pas quoi : peut-être les réticences – le mot est faible ! – de Mitterrand ?
    Non. Il arrive à Mitterrand d'esquinter des gens sur lesquels j'ai un tout autre regard. Cela fait des années que je connais Rocard, des années qu'il est le champion de la « deuxième gauche », et des années que je n'ai pas d'admiration pour lui. Je ne l'ai jamais « senti », cet homme-là, ni au PSU, où je trouvais qu'il usait d'un vocabulaire « plaqué », ni au PS, et pas plus aujourd'hui.
    Cela étant, si les socialistes ne désignent aucun candidat avant la fin janvier, le PS se suicide.

    13 septembre
    Meeting ou plus exactement conférence de Michel Debré, ce 13 septembre, à Amboise, ville dont il est le maire. Il parle dans un petit théâtre rouge et beige, sa femme au premier rang.
    « Si je suis parti si tôt dans la campagne électorale, dit-il, c'est que je considère que dans les années que nous vivons, il est indispensable que les Français prennent conscience de notre époque. Pour ceux qui sont au pouvoir, la France est au bout du tunnel ; pour l'opposition, un chambardement sera décisif : les deux discours sont irréels. Il faut définir une nouvelle voie pour la France. »
    Et de développer ses deux idées maîtresses : le double affaiblissement de la capacité économique du pays et de son élan vital.
    Évidemment, son discours passe au-dessus de bien des têtes. On ne peut vraiment pas dire qu'il se livre à la moindre démagogie. Il dénonce les faiblesses de l'État, son hésitation à affirmer l'unité de la République, sa faiblesse sur l'indépendance de la défense nationale. La France n'est pas trop petite, comme le discours giscardien le prétend.
    L'auditoire, composé en grande partie de ses électeurs, est néanmoins plutôt attentif. Il a souvent entendu Michel Debré exprimer son désir de

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