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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Giscard se représentera ; 2) Que, dans ce cas, le candidat socialiste arrivera, quel qu'il soit, en deuxième position ; 3) Que la question du désistement socialiste au deuxième tour ne se posera donc pas ; 4) Qu'il n'y a donc pas de raison que lui, Debré, se retire, et que d'ailleurs il ne le fera pas.
    Le message que voulait faire passer Chirac peut paraître compliqué ; en réalité, il me semble qu'il veuille simplement dire à Michel Debré : j'ai des chances de passer au deuxième tour, ne divisez pas les voix gaullistes au premier !
    Chirac, qui a écouté les quatre points de l'argumentation de Debré, change la sienne : « Vous n'avez pas d'argent, lui dit-il. Et, croyez-moi, il en faut beaucoup pour une campagne présidentielle, plus que vous n'en aurez jamais !
    – Commencez donc, rétorque Debré, par ne pas raconter à ceux de vos amis industriels qui pourraient financer ma campagne que je suis un sous-marin de Mitterrand, et aux militants du RPR que je suis là pour aider Giscard ! »
    Dans quel climat se sont-ils quittés, je ne sais pas, mais j'imagine la poignée de main peu chaleureuse sur le pas de la porte entre les deux hommes...

    17 octobre
    C'est Pierre Mauroy qui me raconte le deuxième tête-à-tête de la semaine, jeudi dernier. Il s'agit de celui entre Valéry Giscard d'Estaing et Pierre Mauroy. À l'occasion de sa visite officielle à Lille, Giscard se plaint auprès de Mauroy de ne pas trouver le dialogue (« dialogue républicain », reprend Mauroy) qu'il souhaite avec de véritables interlocuteurs au PS :
    « Vous êtes le seul, lui dit VGE.
    – Oui, mais je ne suis pas un interlocuteur valable ! » réplique Mauroy.
    Suit une visite à l'hôtel de ville de Lille, la première depuis l'élection de Giscard, où Mauroy le trouve finalement « plus léger » – c'est son expression – qu'il ne s'y attendait !

    Nous parlons aussi avec Mauroy de Rocard, bien sûr. Il pense qu'à un moment donné, il lui faudra bien tout de même un peu « violer » le Parti socialiste. D'ailleurs, juge-t-il, pour une élection présidentielle, il faut toujours s'élever au-dessus du parti auquel on appartient. Mais quand, comment Rocard le fera-t-il ? Il m'assure n'en avoir pas la plus petite idée.
    Évidemment, si Michel Rocard pouvait obtenir la majorité des voix dans un congrès où se présenterait contre lui Pierre Joxe ou Jean-Pierre Chevènement, ce serait formidable. Mais s'il ne les a pas, ces 51 % de voix nécessaires, Mitterrand aurait alors beau jeu d'apparaître comme le rassembleur.
    Mais comment, aujourd'hui, et pourquoi organiser un congrès que les rocardiens seraient les seuls à réclamer ? Rocard peut-il, vers la fin octobre, déclarer, contrairement à ce qu'il a dit à Metz, que sa candidature sera irréversible à partir de maintenant, même si Mitterrand est candidat ?
    Face aux questions que je viens de lui poser, Mauroy reste dans le vague. Il pense que Mitterrand est trop englué dans le parti, dans ses amitiés, dans sa stratégie, dans sa volonté profonde, aussi, pour ne pas se présenter. Sa conviction, ce soir, est que la détermination de Michel Rocard faiblit un peu.

    Il y a quelques jours, Maurice Faure rencontre François Mitterrand dans les couloirs de l'Assemblée nationale. Ils se parlent pendant une demi-heure.
    « Tout de même, prenez-le comme vous le voulez, dit Maurice Faure, vous ne pouvez pas continuer à jouer au chat et à la souris !
    – Mais je ne joue pas ! proteste Mitterrand.
    – Je veux dire : vous ne pouvez pas continuer à faire durer ce suspense. Et puis, attention, il vous faut six mois pour être candidat : trois mois pour que le Parti socialiste se ressoude derrière vous, puis trois mois pour battre la campagne !
    – Eh, dit Mitterrand, bien sûr que je le sais ! Soyez certain que j'en ai conscience. Rassurez-vous : cela ne durera que jusqu'à la mi-novembre ! »
    Soit dans quelques semaines... Pas trop tôt !

    Ce mot d'Edgar Faure au congrès radical : « Moi, je suis imbattable pour l'ancienneté, pas pour la permanence ! »

    19 octobre
    Coup de téléphone de Christian Blanc, à 9 h 30 du matin, dimanche. Je dors encore. Il me dit dans un état d'excitation avancée : « C'est le jour J ! »
    Je balbutie.
    Il insiste : « Le jour J pour Rocard, tu comprends ? »
    Je me dresse, comprenant que j'ai fini de dormir.
    Quelques minutes plus tard, branle-bas de combat à

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