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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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désordre, sans doute. Est-ce aussi pour rassurer ses propres troupes qu'il sent peut-être hostiles à Giscard, certes, mais pas assez pour risquer l'avenir de la majorité ?
    Je n'aurai pas la réponse. Nous reprenons l'avion en toute fin d'après-midi et Chirac n'a plus aucune envie de parler sérieusement. Il joue au potache, fait quelques plaisanteries de garçon de bain, s'endort quelques minutes avant l'arrivée au Bourget où son avion atterrit.
    Difficile d'échapper à cette atmosphère tourbillonnante de réunions, de meetings. Je sais d'expérience que la réalité des électeurs est bien différente de celle des militants. À la question que je lui posais, Chirac m'a répondu tout à l'heure qu'il estimait, au-delà des 18 % qu'on lui prête, pouvoir faire basculer une frange d'électeurs de la majorité indécis (entre 6 et 9 %) qui avaient voté pour Giscard en 1974 et ont été, depuis lors, déçus par lui.

    François Mitterrand au « Grand débat », ce soir.
    Patrice Duhamel pose la question qui s'impose : quid des communistes ? Mitterrand est plus clair que je ne l'imaginais : la ligne du PC reste inchangée, il ne lui est donc « pas possible, juge-t-il, d'engager des conversations avec eux sur la façon dont seront menées les affaires publiques au lendemain de l'élection ».
    Mitterrand se dit donc candidat des seuls socialistes, pas au-delà.
    Le voilà pourtant qui se projette après le 10 mai en déclinant son calendrier : il nommera un Premier ministre pour un « gouvernement de transition ». Comment se formera, dans ce cas, la majorité ? Elle se forme, dit-il, citant Giscard lui-même, le jour de l'élection présidentielle qui lui donne son impulsion essentielle.
    Puis viendra le temps des toutes premières mesures : Mitterrand demandera « à des gens qualifiés » d'établir un bilan du septennat précédent. Il engagera aussitôt avec les partenaires sociaux des consultations sur le SMIC, la réduction du temps de travail, le chômage des jeunes, les salaires, y compris les salaires féminins, la famille. « Sur ces propositions, conclut-il, j'engagerai mes actions. Le gouvernement s'engagera sur cette politique. » Là encore, le souci de rassurer est évident : Mitterrand veut montrer que tout est prévu, contrairement à ce que disent ses adversaires, et qu'aucun désordre n'attend la France. Ne pas faire peur, surtout ne pas faire peur !
    Alors, les communistes ? « J'ai posé des questions à la direction du PC. D'accord, elle est revenue sur l'union de la gauche. Je lui ai demandé qu'elle cesse de pratiquer une campagne antisocialiste, qu'elle cesse de jouer double jeu entre la gauche et la droite. J'attends à ces questions des réponses claires sur le fond et dans la forme. Mais ce n'est pas à moi de discuter de ces choses ! »
    Je me dis, en l'écoutant, que, loin de lui nuire, la distance mise par le PC à son endroit est plutôt un atout pour lui avant le premier tour. Il peut ainsi ne pas répondre sur le Programme commun ni sur la composition de son gouvernement. Il paraît libre vis-à-vis des communistes. Même si, je suppose, il compte bien sur leurs voix au deuxième tour. Beaucoup repose sur le pourcentage exact de voix communistes qui, malgré les affrontements entre les deux partis, incessants depuis septembre 1977, se reporteront sur lui.
    « Je ne récuse personne, je ne refuse personne, je veux une autre politique », martèle-t-il avec une autorité de candidat qui se sent presque déjà élu.
    Ou alors, c'est bien imité.

    4 avril (J − 23)
    Conférence de presse de Valéry Giscard d'Estaing.
    Il a trois quarts d'heure de retard, ne s'excuse pas, mais énonce son premier jugement sur le déroulement de sa campagne depuis un mois. Il a déjà rencontré plus de 50 000 personnes, « chiffre, assure-t-il, très exact et vérifiable ».
    Ce qu'il a ressenti à l'occasion de cette quatrième campagne à laquelle il ait participé, candidat ou pas ? Il trouve les auditoires plus nombreux et plus attentifs que jamais, ouverts à « un vrai débat démocratique digne de la France ».
    Reste qu'il reconnaît qu'il est accroché sur le thème de la paix (effet inévitable du « petit télégraphiste ») : « Ceux qui déforment l'action de la France pour la paix se trompent. Les Français approuvent le combat que je mène. »
    Quant à ses propositions sur le travail et le chômage, il est certain que « ses auditoires

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