Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986
François Polge de Combret, après avoir été secrétaire général de l'Élysée sous Valéry Giscard d'Estaing, a quitté l'administration en 1981 pour entrer à la Banque Lazard. Sa première affectation dans la banque d'affaires a été New York.
2 Dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 décembre, le général Jaruzelski instaure l'état de guerre. Il met fin ainsi au processus du renouveau socialiste amorcé un an auparavant après les grandes grèves menées par Lech Walesa aux chantiers navals de Gdansk. Des dizaines d'opposants sont arrêtés dans la nuit, comme l'ancien Premier ministre Edward Gierek. Lech Walesa est placé en résidence surveillée. Le 10, l'agence soviétique Tass avait annoncé que Solidarność préparait le renversement du pouvoir communiste en Pologne.
Dans un premier temps, la position officielle de la France, exprimée par Pierre Mauroy le 14 décembre, est que la France n'étant pas en mesure de mettre un terme aux rapports de force sanctionnés par les accords de Yalta, elle ne peut intervenir tant qu'il s'agit d'une action nationale « sans intervention étrangère massive ». Même tonalité à Bonn et à Rome où l'on pense que la tentative de Jaruzelski est sans doute la dernière tentative « pour éviter le pire », c'est-à-dire l'intervention des tanks soviétiques.
Tandis que les intellectuels français, de Bernard Kouchner à Michel Foucault en passant par Yves Montand et Jorge Semprun, évoquent la guerre d'Espagne et la non-intervention de la France, la Pologne a été l'occasion, le 16 décembre, du plus long échange sur la politique étrangère lors du Conseil des ministres. Charles Fiterman, ministre communiste, se déclare alors « tout à fait solidaire de l'attitude du gouvernement ». Mitterrand conclut ainsi : « Qu'attend-on de nous ? Des mots. Des vivres. Des armes ? Pour les mots je suis preneur, pour les vivres je suis d'accord. Pour les armes, pas question... »
Dans une deuxième phase, quand il apparaît que la répression s'intensifie et que les droits de l'homme sont plus gravement violés, les communistes et les socialistes ne sont plus sur la même longueur d'onde, surtout quand Mitterrand durcit le ton malgré la présence de communistes dans son gouvernement. Pour la première fois, il les met en garde au Conseil : « Ne posez pas des problèmes qui aboutiraient à la rupture de la coalition gouvernementale. »
Lech Walesa, le leader de Solidarność, ne sera libéré que trois jours après la mort de Brejnev, en novembre 1982.
(Cf. P. Favier, M. Martin Rolland, La Décennie Mitterrand, t. 1, Les ruptures (1981-1984) , Paris, Fayard, 1990, p. 373-380.)
3 Ce qui est faux : Cheysson restera ministre des Affaires étrangères jusqu'en décembre 1984.
4 Les élections cantonales ont lieu les 14 et 21 mars 1982. Les cantons concernés par l'élection appartiennent à la série de 1976, auxquels s'ajoutent 186 nouveaux cantons, surtout urbains. Le taux d'abstention est faible : 31,8 % au premier tour. Résultats du deuxième tour : la droite (RPR et UDF) obtient 264 sièges de conseillers généraux, la gauche en perd 90. L'opposition de droite enregistre un gain de 8 départements, elle détient désormais 59 présidences sur 95.
5 Président du Conseil de la IV e République au moment du départ des communistes du gouvernement, en 1947.
6 Député de la 2 e circonscription de l'Indre depuis juin 1981.
7 La loi Fillioud sur l'audiovisuel sera promulguée le 29 juillet 1982.
8 Pierre Mauroy, favorable désormais non seulement à une pause, mais à la mise en œuvre d'une véritable politique de rigueur, avait fait mettre au point par ses services, dès la fin mai, un document détaillant les mesures à prendre : dévaluation, blocage des prix, restrictions budgétaires, resserrement du crédit. François Mitterrand décide, lui, d'attendre le Sommet des pays industrialisés pour prendre une décision. Les conclusions du Sommet n'ayant pas été celles qu'il attendait, et notamment la relance par la consommation n'ayant pas été retenue, Pierre Mauroy convainc alors Mitterrand de la nécessité de changer de cap.
9 Hervé Bourges est directeur de Radio France Internationale à la fin de 1981. Président de l'École de journalisme de Lille, il connaît depuis longtemps le Premier ministre.
10 Comme chaque année, je partage une maison louée sur la Côte avec mes amis de la Gorce. Leurs enfants et les
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