Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986
1983. La Haute Autorité a décidé de le laisser terminer son mandat. Ce que la loi alors permettait (avant sa modification en 1984). Et ce que l'Élysée contestait.
11 Sorte de fenêtres publicitaires, réceptacles de la communication institutionnelle – donc gouvernementale – sur lesquels, à l'en croire, la Haute Autorité n'aurait pas compétence.
12 Ancien résistant, communiste, président du conseil général de Seine-Saint-Denis de 1968 à 1982, Georges Valbon est devenu président des Charbonnages de France en 1982. Il en a démissionné à la fin 1983.
13 Helmut Kohl, chrétien démocrate (CDU), a succédé à Helmut Schmidt à la Chancellerie allemande le 22 septembre 1982.
14 La situation juridique est en effet confuse. Un décret du 20 mars 1972 étend aux entreprises et aux sociétés nationales la loi du 31 décembre 1970 sur la limite d'âge des dirigeants des sociétés commerciales. De son côté, la loi de 1982 reprend, pour les sociétés de programmes, la législation sur les sociétés anonymes. Les statuts d'Antenne 2, approuvés par un décret du 20 octobre 1982, prévoient que la limite d'âge des administrateurs de la société est fixé à 70 ans et que le conseil d'administration ne doit pas comporter plus d'un tiers de membres de plus de 65 ans.
A priori , Pierre Desgraupes, nommé en 1982, peut terminer son mandat à 67 ans, en 1985.
15 Entré au Conseil d'État en 1942, Pierre Nicolay est depuis août 1982 son vice-président. Il a été président d'Havas de juin 1981 à août 1982.
16 Ironique, volontiers irrévérencieux, résistant communiste de la première heure, Jean Kahn a été reçu au concours d'auditeur au Conseil d'État en 1946, à 24 ans. Il passera quarante ans dans cette institution, président de la deuxième sous-section puis de la section de l'Intérieur, en 1982.
17 Il y est dit que les neuf membres de la Haute Autorité « ont pris la décision formelle d'annoncer le maintien de Pierre Desgraupes à la présidence d'Antenne 2, jusqu'à la fin de son mandat en 1985 ».
18 L'auteur n'est même plus en mesure, plus de vingt-cinq ans après, de retrouver l'identité de cet interlocuteur... André Rousselet, peut-être.
1984
29 janvier
Je suis passée à « 7 sur 7 » 18 . Je suis mollassonne au début, pas trop mauvaise à la fin.
Vendredi, donc avant-hier, nouvelle rencontre avec François Mitterrand que je n'avais plus revu depuis notre dernier échange téléphonique, vif de son côté, résigné du mien. Une nouvelle fois, il est hors de lui. Sa cote baisse, et il en rend responsable, bien sûr, la télévision et même la radio. Dernier exemple : Paul Nahon, à propos du Tchad, a fait un sujet, d'ailleurs médiocre – ce qui n'est habituellement pas son cas –, qui irrite au plus haut point le Président.
« RTL m'est hostile : je trouve cela normal, ce n'est pas une radio publique. Mais tout de même, la télévision d'État !... Et avez-vous écouté France Inter entre 19 et 20 heures ? poursuit-il. Jean-Noël Jeanneney n'était pas nommé par vous, je pense, pour engager André Chambraud 1 ! Je connais bien Chambraud, c'est un opposant farouche à la gauche ! »
Nous reparlons de la loi sur les 65 ans : « Je vais la changer, m'assure-t-il. Vous n'imaginez pas que vous avez gagné jusqu'en 1985 ? Vous ne pensez pas que je vais aller ainsi à l'élection de 1986 ! »
Je comprends qu'il ne s'agit plus maintenant de la loi sur la retraite obligatoire à 65 ans, mais de la loi audiovisuelle de 1982.
Manifestement, il croit qu'en nommant les présidents lui-même, il pourra tout changer. Inutile de lui dire que les journalistes, même appartenant à une télévision publique, ne se commandent pas comme des chefs de bureau ; il me coupe d'une phrase avant même que j'ouvre la bouche : « Un homme fort peut tenir ces gens-là ! »
Lorsque je lui fais remarquer qu'il peut être dramatique – contre-performant, en tout cas – de changer la loi, sa réponse fuse : « Sur les conséquences politiques, laissez-moi faire, c'est mon métier ! Un simple texte suffit à l'Assemblée nationale, il passera en quelques heures », ajoute-t-il pour bien me faire comprendre que mes jours sont comptés, ce dont je commence à me foutre complètement !
Puis il démolit Bourges, pourtant « son » candidat du 14 juillet dernier, puisqu'il l'a revendiqué comme tel ! Selon lui, Hervé Bourges – au
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