Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
« mégalomanie perverse ». Autin a mis l'accent sur le déficit de TF1. Karlin et moi avons protesté que c'était nous, Haute Autorité, qui lui avions demandé, lorsque nous l'avons nommé, de rattraper le retard d'audience et de remonter la chaîne. Il a usé pour ce faire de procédés plus commerciaux que prévu, certes. Mais il ne faut nous en prendre qu'à nous-mêmes.
    Au bout du compte, aujourd'hui, sans qu'on ait procédé au vote final, je suis sûre qu'il sera réélu.
    Puis nous sommes passés à Antenne 2, au cœur du débat entre nous. Raymond Castans a lancé le nom de Drucker et a défendu d'autant mieux son éventuelle nomination qu'il a été proche de lui pendant des années à la CLT et à RTL. Le fait qu'il avance son nom et que Daniel Karlin l'ait prononcé dès le 1 er  octobre m'a facilité la tâche. Paul Guimard a fait ce qu'il a pu : il a souligné que « l'apocalypse attendue n'avait pas eu lieu », que la situation financière d'Antenne 2 était bonne, qu'il ne voyait pas de raison de retirer sa chance à Héberlé alors que nous l'avions désigné il y a seulement dix mois, ce qui serait – en cela il n'a pas tort – une « sanction écrasante ». Forni a renchéri en soulignant que balancer aujourd'hui quelqu'un que nous avons nommé il y a dix mois serait une manière de nous décrédibiliser nous-mêmes. Je ne suis à aucun moment apparue comme défendant la nomination de Jean Drucker. J'attends le moment du vote.
    Nous nous sommes donné un nouveau rendez-vous pour la désignation des présidents, le 8.

    8 octobre
    Nouveau délai : nous décidons d'auditionner Bourges et Héberlé. Il n'y a aucune raison que nos délibérations s'arrêtent un jour. Je commence vraiment à en avoir ras-le-bol. Le moment est venu, et je le dis devant tous, de presser un peu le pas !

    9 octobre
    Hervé Bourges est donc venu passer son examen devant Paul Guimard et Gabriel de Broglie, tandis qu'Héberlé a plaidé sa cause devant Castans, Autin, Gilbert Comte, Guimard et Forni. Cela a conforté, sans les modifier, les avis des uns et des autres. Gilbert Comte s'est fendu d'un compliment inattendu sur Héberlé : malgré toutes les accusations qu'il a entendues formuler sur son côté caractériel, il l'a trouvé « bien gentil ».

    10 octobre
    Il est 15 h 30 quand nous passons aux choses sérieuses : le vote.
    Nous sommes six à trouver que Bourges a des qualités inestimables derrière certains défauts plus apparents. Et à voter, selon l'expression de Paul Guimard, « pas les yeux fermés, mais pas non plus à reculons ». « Six contre trois ! Le corset devra être solide », commente Gilbert Comte, toujours exquis même à l'égard de ceux pour lesquels il vote !
    Et cinq, comme prévu, à porter notre choix sur Jean Drucker.

    Ce matin, avant le vote, en proie à un affreux doute, je l'avais appelé chez lui et lui avais demandé s'il était toujours d'accord pour devenir président de la 2 dans les heures qui suivaient. D'abord il est tombé des nues, me disant qu'il n'avait jamais cru à une telle hypothèse, même lorsque je l'en avais prévenu. Il ne la croyait pas possible à quelques mois des législatives. C'est dire les doutes qu'il nourrissait sur notre liberté d'action !
    Il m'a demandé quelques minutes de réflexion, car il est fidèle à Rigaud et hésitait à le laisser tomber. Il m'a rappelée quelques minutes après seulement : c'est oui. Ouf ! J'aurais eu l'air maligne s'il m'avait dit non ce matin.
    Quant à FR3, c'est Janine Langlois qui en hérite, comme si les membres de la Haute Autorité avaient voulu réparer leur peu d'empressement de l'année dernière à son endroit.
    Le communiqué officiel est tombé ce soir. Pas un mot de l'Élysée ou de Matignon.

    11 octobre
    La dernière partie de la délibération a été évidemment la plus rapide, d'autant qu'elle nous a été facilitée par Bernard Miyet. Beaucoup avaient avancé son nom pour une présidence restante, celle de RFO 3 .
    J'ai donc joint Bernard au téléphone. Il a refusé la présidence de RFO en me disant clairement : « Non merci, il y a plus de coups à prendre que de bénéfices à retirer ! » Il m'a laissé entendre qu'il préférait partir bientôt pour Los Angeles comme consul de France. Le petit tour plutôt réussi que cet énarque a fait dans l'audiovisuel ne lui a néanmoins pas donné de ce monde une idée pleinement satisfaisante. Donc, exit Bernard

Weitere Kostenlose Bücher