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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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propos, personne, à l'heure qu'il est, à l'Élysée ni à Matignon, ne nous a fait connaître ses préférences. Pas le moindre coup de téléphone. C'est une grande première ! Et peut-être une victoire ?
    Mitterrand, paraît-il, s'est fixé pour conduite de ne pas rééditer les couacs de l'année précédente. Je ne sais si c'est bon signe, ou si cette indifférence masque la décision de nous contourner autrement.
    Je pense à ce sujet trois choses : d'abord, qu'il compte sur le vote des deux nouveaux entrants, et au moins sur celui des trois membres nommés par lui. Ensuite que, contrairement à l'année dernière, beaucoup de gens au gouvernement, et notamment le Premier ministre, se sont aperçus que le changement de Desgraupes en Héberlé n'avait pas fondamentalement modifié le cours de la politique. Il y a eu autant de problèmes, ou aussi peu, comme on voudra, avec les journalistes d'Antenne 2 dirigés par Desgraupes et les mêmes dirigés par Héberlé. Sur le Rainbow Warrior , par exemple – et je pense que cela a marqué –, les journalistes ont été aussi peu complaisants envers le pouvoir sur Antenne 2 que sur TF1.
    L'idée que la gauche pouvait gagner les élections législatives grâce à la présence d'un président de chaîne à sa botte est maintenant abandonnée par ceux qui l'ont nourrie l'année dernière. L'idée de pouvoir gagner les élections aussi, d'ailleurs...
    Et puis peut-être l'existence de nouvelles chaînes nationales privées comme la Cinq, dont la gauche pense qu'elle est ralliée à son camp, fait-elle passer au second plan le combat pour la désignation des présidents du service public ?
    Pas de problème, donc, entre nous, dans cette phase de la concertation interne, pour Bertrand Labrusse et Jean-Noël Jeanneney 2 . Plus difficile s'annonce la succession d'André Holleaux à FR3. Pas seulement parce que Holleaux va avoir 65 ans et que je ne suis pas prête – ni personne d'autre, d'ailleurs – à réentamer une bataille juridique à ce sujet. Mais plutôt pour une raison que nous n'avions pas prévue : entre André Holleaux et Serge Moati, son directeur des programmes, intelligent et imaginatif, doté de toute l'énergie que n'a jamais semblé avoir Holleaux, la guerre s'est mise à faire rage depuis l'année dernière. Quelle que soit l'estime que j'ai pour le talent et le métier de Moati, il ne paraît pas possible de le nommer à la place d'Holleaux sans faire éclater FR3. Nous recevons sans arrêt en ce moment des délégations de salariés de cette chaîne qui viennent nous dire alternativement qu'il faut se débarrasser de l'un ou de l'autre ! Je sens que s'ils continuent, nous n'allons choisir ni l'un ni l'autre.

    D'emblée, Jean Autin dit : je ne voterai jamais pour Hervé Bourges. Je pense que ce sera aussi la position de Gabriel de Broglie, et que Castans ne se désolidarisera pas d'eux. Tant pis. Nous sommes six à vouloir qu'il reste : l'audience de TF1 s'est redressée, les personnels ont cessé de se plaindre, les réalisateurs et les journalistes aussi, il y a une vraie équipe là où il n'y avait que des forces désordonnées. Son passage par le gouvernement de Ben Bella et, comme ne cesse de le rappeler Jean Autin, son rôle auprès du FLN pendant la guerre d'Algérie n'ont rien à voir avec sa remise en ordre de TF1.
    D'entrée de jeu, Raymond Forni, l'« indépendant » Gilbert Comte et Paul Guimard annoncent qu'ils voteront – ou revoteront – Héberlé. Je comprends Paul : il a voté pour lui l'année dernière et n'entend pas se déjuger. Seulement voilà : je fais le même raisonnement : je n'ai pas voté pour lui l'année dernière, et je ne vois pas pourquoi je changerais d'avis !
    Ça va être dur.

    7 octobre
    Et puis, finalement, ça ne l'a pas été autant que prévu. Ça a certes duré des heures et des heures, mais nous avons néanmoins, à ce stade, évité la fracture. En ce qui concerne FR3, le charivari qui y règne nous a conduits, sans joie, et peut-être à tort, à laisser tomber Moati, soutenu par une bonne partie des dirigeants de la chaîne, tandis que les autres juraient leurs grands dieux qu'ils étaient prêts à déclencher contre lui la guerre atomique.
    Les gros morceaux ont été, comme prévu, TF1 et Antenne 2.
    Gabriel de Broglie y a bien été d'un petit couplet assez sévère sur Hervé Bourges, qui n'a « de programme que celui de sa promotion personnelle ». Forni a regretté sa

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