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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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sécurité » : traduire que les Soviétiques ont intérêt à mesurer leurs mouvements) ; par un « appel au bon sens » au Tchad entre Hissène Habré et Malloum ; par le désarmement (Salt II et Salt III), pour en arriver finalement à la sidérurgie française. Hymne à « l'imagination, à la générosité sociale », et c'est fini.
    Je ne suis pas emballée par la prestation de l'artiste. Il a été bon, sans plus. On retiendra son implication personnelle en politique étrangère, dans le droit-fil de la V e  République, et ses belles phrases sur la sidérurgie.

    16 février
    J'avais raison : Georges Marchais, au siège du Parti communiste, est le premier à réagir aux propos de Valéry Giscard d'Estaing dans une conférence de presse plus ou moins informelle qu'il donne dès le lendemain. Il trouve ses propos « quasiment insupportables » de la part d'un président de la République. Lorsqu'il parle de Giscard, il prend manifestement plaisir à accentuer ses accents populaires, comme par contraste. L'œil bleu sous ses gros sourcils, massif, tour à tour enragé et rigolard, il est tout le contraire de Giscard : aussi populaire que l'autre est mondain, aussi gouailleur que l'autre est peu commun. Entendre Marchais évoquer Giscard, le mimant éventuellement, est pour moi un spectacle réjouissant : « Giscard nous dit : la sidérurgie, c'est dur, difficile, dramatique. Au fond, M. Giscard d'Estaing en était presque à partager la tragédie que connaît le Nord et d'autres régions de France. Comme si cela n'était pas le résultat de sa politique... D'autant qu'il n'est pas un nouveau-né dans la vie politique. Il a été ministre des Finances, il est président de la République depuis cinq ans ! »

    19 février
    Rien écrit pendant deux jours après Marchais. Vu Michel Debré avant-hier, qui n'arrive vraiment pas à se mettre d'accord avec Jacques Chirac à propos de la conduite de la campagne européenne. De deux choses l'une : ou il y parvient, et, dans ce cas, la liste du RPR sera conduite par Chirac avec Debré en numéro 2 ; celui-ci aura alors le droit de désigner un certain nombre de ses partisans sur la liste, et Chirac lui fera obligation de quitter le Parlement européen au bout de cinq années de mandat. Ou il ne parvient pas à un accord, et il se retire de la liste conduite par Chirac sans être en mesure d'en faire une autre. La situation l'irrite au plus haut point.

    25 février
Congrès UDF samedi et dimanche.
    On me rapporte cette confidence de Jean-François Deniau qui n'a rien à voir avec le congrès lui-même, mais qu'il vient de faire à quelques journalistes au moment où j'arrive : « Depuis que Jimmy Carter est président des États-Unis, onze pays sont passés dans le camp adverse. C'est un vrai problème de voir le monde occidental dirigé par un incapable ! »
    Diable ! La situation est grave, en effet.
    Quant à Roger Chinaud, il nous avoue dans les couloirs, sans faire de phrases : « Notre but est de déstabiliser le RPR. »
    Je persiste à penser que la paralysie politique – celle de Giscard, s'entend – tient au fait qu'il n'a pas de majorité à lui seul. Je peux comprendre qu'en 1974, après son élection, il n'ait pas pu procéder à la dissolution, puisqu'il devait, en partie au moins, sa victoire à Jacques Chirac et à l'UDR. Le meilleur moment pour y procéder aurait évidemment été le départ de Chirac, en 1976. À ce moment-là, il n'a pas osé, il s'est contenté de penser que Guichard, Peyrefitte et les autres ministres RPR, trop ravis d'être au gouvernement, allaient faire le ménage pour lui dans le camp chiraquien. Et maintenant, au bout de près de cinq années de pouvoir, l'UDF, le parti présidentiel, en est encore à vouloir déstabiliser le RPR !

    4 mars
    Que dire de ces quelques jours au Mexique où j'ai suivi Giscard en voyage officiel, du vendredi 2 à ce dimanche 4, jour du retour de la caravane présidentielle ? Pas grand-chose, sauf que le musée de Mexico contient les plus belles choses du monde, que c'est un spécialiste des Aztèques, aujourd'hui bien oublié en France, Jacques Soustelle, qui nous l'a fait visiter, ainsi qu'à Giscard (lequel, je dois dire, avait l'air de se ficher complètement des Aztèques !), que j'ai aimé les déesses de la pluie et les serpents emplumés des cultes indiens, adoré Pueblo et ses marchés. Mais je n'ai pas vu Giscard sous le même jour qu'au Brésil, je

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