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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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à clef, évidemment : Roland Lempereur est Roland Leroy, le directeur de L'Humanité , Louis Ellenster et Jean Althussein 11 sont les ennemis jurés du comité central et de la hiérarchie du Parti.
    Curieux, tout de même, ces communistes : alors qu'il publie ce livre rude sur le PC, j'ai appris que Konop 12 , comme on l'appelle, a demandé sa réintégration dans le Parti dont il avait démissionné il y a quelques mois. Pourquoi ? Il me l'explique : il pense que, pour agir sur la ligne du Parti, il vaut mieux le faire de l'intérieur plutôt que de l'extérieur. N'empêche que sa réintégration lui a été refusée.
    Cela étant, les contestataires s'organisent : les uns choisissent de rester, les autres de quitter le Parti ; tous se rencontrent, sortant du cloisonnement des cellules et des fédérations locales. Ils disposent d'un nouvel organe de presse, Luttes et débats . On me parle d'une future revue de Jean Elleinstein qui s'appellera Maintenant et dont le premier numéro doit paraître la semaine prochaine.
    La direction du PC essaie de parer les coups. Son adversaire principal en ce moment, c'est Henri Fiszbin 13 , accusé d'avoir laissé la contestation grandir dans le Parti.
    On a l'impression – qu'aucun des dirigeants de la hiérarchie du PC ne cherche à contester – d'assister à une nouvelle glaciation ! Autant d'ailleurs dans son jugement porté sur l'Union soviétique, qui reste à leurs yeux le paradis du socialisme et des ouvriers, que dans le coup d'arrêt donné à la démocratisation dans le Parti. Et je ne parle pas des multiples condamnations contre ces socialistes qu'ils décrivent comme fascinés par Giscard !
    Pressions internationales ou peur de perdre leur âme ? Le saura-t-on un jour ? En tout cas, ce qui reste le plus surprenant, c'est la brutalité des à-coups.

    11 février
    Les choses se sont très mal passées au comité directeur du Parti socialiste. Il est très tard, ce 11 au soir, quand je retrouve au bistrot Pierre Mauroy, tout juste sorti du comité, accompagné de Michel Delebarre et de Jean Deflassieux. L'équipe de Michel Rocard est à une table voisine avec Gilles Martinet et Christian Pierret. Les deux groupes fusionnent. Ce qu'ils racontent est d'une violence inouïe : ils décrivent un Mitterrand exaspéré, furieux surtout contre Mauroy : « Je vous briserai ! » lui a-t-il lancé.
    J'apprends aujourd'hui, de la bouche même de Pierre Mauroy, que François Mitterrand avait auparavant – dès le 19 décembre – tenté de négocier avec lui : la chose s'est passée chez Gaston Defferre, à Aix-en-Provence, dans la merveilleuse maison qu'il partage avec Edmonde Charles-Roux, au pied de la montagne de la Sainte-Victoire. Sans comprendre quelle serait exactement la stratégie adoptée par Mitterrand pour le prochain congrès d'avril, Mauroy a retenu de cette rencontre informelle l'impression que Mitterrand et surtout Defferre voulaient faire le maximum pour se débarrasser de Michel Rocard sans toucher à lui, Mauroy.
    Hier soir, il n'était plus question de sauvegarder l'un et de passer l'autre par pertes et profits ! Mitterrand a présenté au dernier moment, pour que personne n'ait eu le temps de s'y préparer ni de l'étudier, sa motion à lui, dans laquelle, m'assure-t-on, figure 90 fois le mot rupture !
    Paradoxalement, ce n'est pas tant à Rocard et à son équipe qu'en veut Mitterrand : il s'attendait à la bagarre avec lui, Rocard, il l'a et ne s'en étonne pas. C'est à Mauroy qu'il ne pardonne pas. « Dégonflé ! » lui ont crié en plein comité directeur les proches de Mitterrand.

    15 février
    Conférence de presse de Valéry Giscard d'Estaing sur la politique étrangère, comme il nous l'avait annoncé il y a quelques jours. Un propos liminaire sur son rôle : « Le monde change, j'assume complètement la responsabilité de l'action extérieure de la France. »
    On le comprend tout de suite : l'Europe sera, dans les prochains mois, son domaine privilégié. D'où sa première sortie lorsqu'on lui pose une question sur Euratom, sujet des attaques répétées de Michel Debré : « Cette campagne a un caractère insupportable. Euratom, ce n'est pas moi qui l'ai signé, il a été administré par des gouvernements successifs ! »
    On passe par l'URSS et la Chine (« reconnaître la réalité chinoise n'est pas un facteur de déstabilisation des réalités nationales », « la Chine a un droit naturel à la

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