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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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qu'un journaliste puisse être aussi brillant dans un exposé oral !
    Quelques mots supplémentaires sur ce qu'il a dit : il reste hostile au processus de Camp David et n'a pas changé d'avis là-dessus : « Nous étions contre, résume-t-il, mais je n'ai pas jugé bon de le dire alors que les choses étaient assez compliquées comme cela ! » Il pense que cette paix n'avait aucune chance de tenir, que c'était du toc.

    Pierre Mauroy, enfin, le même jour, me parle de ce qui va se passer, dans la perspective du congrès de Metz, à la réunion préparatoire du 11 février. Sans doute, comme je m'y attendais, François Mitterrand n'acceptera-t-il pas de synthèse et préférera-t-il obliger ceux qui le veulent à déposer, d'ici à mardi, leurs textes. Il y en aura donc sans doute trois : Mitterrand, Rocard et Mauroy. Sans oublier le Ceres, ce qui ferait quatre.
    Je demande à Mauroy pourquoi il ne fait pas motion commune avec Rocard. Quel est l'avantage d'une motion séparée ? Il y voit d'abord un avantage idéologique : il a toujours réclamé une synthèse (dont n'a pas voulu Mitterrand), il veut revendiquer aujourd'hui, dans une motion à lui, donc, son côté, me dit-il, « donneur de sang universel ». Mais, fine mouche, il y voit aussi un avantage arithmétique : si deux motions seulement sont déposées, il est évident que l'une sera automatiquement majoritaire par rapport à l'autre. En comptant que le Ceres subisse une légère érosion et atteigne 22 % des voix, restent 78 % à se partager à trois. Les chiffres prévus donnent 28 % à Mauroy, après un pointage fait samedi auprès des fédérations qui lui sont proches. Resteraient donc 50 %, Mitterrand tournant autour de 30 % et Rocard au-dessus de 20. Si Mitterrand est premier, il peut alors demander au congrès la synthèse. S'il est numéro 2 derrière Mauroy, il peut donc être battu, se soumettre ou se démettre. En tout état de cause, Mauroy ne voit pas comment François Mitterrand peut avoir plus de 32 % ou moins de 25 %.
    J'ai vraiment l'impression d'entrer dans les arcanes les plus sombres du congrès socialiste. Il faut sans doute avoir grandi avec Guy Mollet pour jongler ainsi avec les chiffres. Les pointages, du côté de Mauroy, c'est Roger Fajardie qui en est l'expert. Mauroy a l'air de l'aimer beaucoup, ce franc-maçon tout rond qui passe ses journées à décortiquer le vote des fédérations : il paraît qu'il est le meilleur connaisseur non seulement des fédérations du PS, mais aussi de la carte électorale. Il faut le voir, avant les élections et les congrès, objet des soins constants des congressistes ou de ceux qui veulent être élus, courtisé par les journalistes comme une pythie !
    À partir de mardi, chacun des trois – Mitterrand, Mauroy et Rocard – se considérera donc comme en campagne électorale. Voici revenu le temps des petits avions à moteur dans le ciel de l'hexagone : Piper, Apache et autres Navajo, Comanche ou Aztec en voyage. Chouette !
    Pour le socialisme, on verra après...
    Je trouve cela vraiment très dur pour Mitterrand. Pierre Mauroy proteste : que chacun ait le droit de se poser et de poser des questions sur l'échec de la gauche n'est pas sacrilège, tout de même ! « Sur le fond, le problème de notre époque, c'est comment régler la production en régime socialiste sans tomber dans les défauts de l'État policier. »
    Je me dis que ce sera peut-être à une prochaine génération de trouver la solution, n'est-ce pas, Jean Kéhayan ?

    Le colonel Flohic, l'ancien aide de camp du général de Gaulle 8 , raconte, paraît-il, dans le manuscrit qu'il vient de remettre à Michel Droit pour Plon, que c'est en 1963, pour la première fois, que Georges Pompidou et le général de Gaulle ont commencé leur fâcherie. Au congrès de l'UNR, fin novembre 1963, à Nice 9 , Georges Pompidou a parlé de la succession du Général.
    « De quoi se mêle-t-il, celui-là ? » a demandé de Gaulle, furieux, à Flohic.
    C'est aussi la version de Jacques Vendroux 10 .

    4 février
    J'ai lu pendant le week-end le drôle de livre d'un jeune oppositionnel communiste, Guy Konopnicki, qui a le mérite d'utiliser l'arme de l'humour contre les communistes. Sous le titre Vive le centenaire du PCF ! , on retrouve en 2020 l'auteur du pamphlet, devenu vieux, qui attend encore, après des décennies de lutte au service de la classe ouvrière, la France démocratique selon son cœur. Livre

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