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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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des terrorismes, il n’y a que le terrorisme : voilà ce que démontre la cassette du Djihad.
    À l’antenne, Jacques Chirac impute à la famille Abdallah la responsabilité commune de tous les attentats parisiens et fait montre de fermeté : le gouvernement ne libérera pas Georges Ibrahim Abdallah,ni Anis Naccache 20 , ni Varoujan Garbidjian 21 , tous trois détenus en France.
    À noter qu’il traversait la grande salle pour entrer dans le studio lorsqu’il m’a aperçue dans mon coin, derrière mon bureau, en train de mettre la dernière main à mon édito. Il est revenu sur ses pas, comme surpris de me trouver là – alors qu’il était parfaitement au courant –, m’a ostensiblement tutoyée comme pour montrer aux directeurs qui l’accompagnaient que je n’étais pas en défaveur auprès de lui, puis m’a entraînée dans le sillage de ses accompagnateurs.
     
    Aujourd’hui, le 8, débat à l’Assemblée nationale sur le terrorisme. Là encore, la séance a lieu au moment précis où les terroristes brandissent une double menace sur la France, celle d’attentats sanglants en France et celle de l’exécution des otages français au Liban – nommément, celle de Jean-Paul Kauffmann.
    À la tribune, Jacques Chirac se montre ferme, combatif, mais il refuse de dire, en réponse aux questions qui lui sont posées, quel pays du Moyen-Orient couvre les terroristes qui menacent d’agir en France. Sans doute ne peut-il rien dire, mais ce qui fait vraiment mauvais effet, ce sont les révélations du Canard enchaîné d’aujourd’hui : il affirme que si Robert Pandraud a envoyé Hilarion Capucci voir Abdallah Ibrahim dans sa prison, c’était pour obtenir du captif qu’il se laisse filmer condamnant les attentats commis en son nom.
    Voilà qui donne au duo Pasqua-Pandraud un air de frères Dalton. Si Georges Abdallah est si terrible qu’on le dit, comment croire qu’il pourrait se déshonorer auprès de ses pairs en leur demandant de mettre fin à la lutte ? Des enfants de chœur contre des terroristes apparemment soutenus par tous les groupes armés du Moyen-Orient ! On tremble devant ce qui peut advenir.
    « Moins de verbe et plus d’actes », a demandé Jospin au Parlement tout en faisant remarquer que, lorsque les socialistes eux-mêmes ont été aux prises avec le terrorisme, l’actuelle majorité ne leur a guère témoigné sa solidarité. L’UDF, elle, cherche toujours à marquer ses distances vis-à-vis de Chirac, y compris en un moment où davantage d’unité donnerait plus de force au gouvernement dans son combatcontre les terroristes. Gaudin somme Chirac de mettre en cause les États subversifs : il sait pertinemment qu’il ne le peut pas.
    Plus encore : Giscard est venu à 18 heures dans les studios d’Europe à l’invitation de Jean-Pierre Elkabbach 22 . Il a traversé les bureaux paysagers, l’air plutôt sympathique. Puis, d’une voix qui, me semble-t-il, est devenue en quelques années plus grave, il a accusé Chirac d’avoir « fléchi dans sa stratégie » !

    9 octobre
    Giscard m’envoie un billet qui me touche. En quelques lignes, il a trouvé des mots on ne peut plus délicats : il comprend très bien, m’écrit-il, parce qu’il en a fait l’expérience, la difficulté qu’il y a, lorsqu’on a occupé un poste important, à recommencer à zéro.
    Je suis plus que surprise. D’abord par le ton amical de sa lettre. Ensuite parce qu’il compare ma situation à la sienne, lorsqu’il s’est représenté en 1984, trois ans après son échec à la présidentielle, à une élection législative partielle dans le Puy-de-Dôme. Il le fait avec une gentillesse et une simplicité dont je ne l’aurais jamais cru capable.
     
    Aujourd’hui encore, élection pour le moins inattendue de Roland Dumas à la prestigieuse présidence de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Par 35 voix, alors que la gauche n’en disposait que de 30 ! Il a donc bien fallu que cinq députés de droite votent pour lui.
    Il en a été, je pense, le premier surpris : il a profité de la rivalité interne non seulement à la majorité, mais à l’UDF. Bernard Stasi, candidat du CDS, avait contre lui Jean-François Deniau, député PR. Les cicatrices de ce duel UDF au premier tour ont été telles qu’au deuxième Stasi n’est pas parvenu à obtenir la majorité absolue, et qu’au troisième, c’est le nom de Roland Dumas qui est sorti des

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