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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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hier, 5 seulement sont nouveaux, dont Jean-Louis Bianco, qui quitte donc l’Élysée 22 , et deux femmes jeunes, Martine Aubry, au Travail, et Frédérique Bredin, à la Jeunesse et aux Sports. À noter au passage que ce sont deux « filles de... » : Frédérique Bredin, fille de Jean-Denis Bredin, merveilleux avocat, radical de gauche de surcroît, et Martine Aubry, fille de Jacques Delors.
    Quatre ministres d’ouverture et les amis de Rocard quittent en revanche le gouvernement. C’est le signe qu’une fois Rocard parti, on n’en est plus du tout à l’ouverture. Je trouve cela paradoxal, car à moins de deux ans des élections législatives, il vaudrait mieux ouvrir que fermer.
    Pour le reste, la garde rapprochée de Mitterrand est là et bien là, même si Édith Cresson a essayé d’en évacuer quelques éléments, etnon des moindres. Mitterrand a fait de la résistance, et, comme il est le patron, il a gagné : Pierre Bérégovoy hérite d’un énorme ministère 23 que ne voulait justement pas lui confier Édith Cresson. Gérard Carreyrou, qui connaît bien Béré, me confirme ce que toute la presse écrit aujourd’hui : Bérégovoy s’attendait en fait à être Premier ministre. Il s’était opposé à Rocard dans la période récente à propos du déficit de la Sécurité sociale, et comptait bien en recueillir les fruits. Est-ce pour le consoler que Mitterrand lui a confié un ministère « à la MITI », comme on dit en évoquant le modèle nippon ? Il n’empêche : voir Matignon lui passer sous le nez lui est insupportable. Je ne donne pas longtemps avant qu’il n’entre en conflit avec Cresson.
    Pour le reste, je trouve qu’une femme Premier ministre, cela a de la gueule. Elle en a sans doute plus qu’une autre : son côté grande bourgeoise lui donne de l’aisance. Elle a montré, dans les différents ministères où elle est passée, qu’elle avait de l’autorité et même de l’autoritarisme. Enfin, son indéfectible proximité avec Mitterrand, depuis des années, lui confère un brevet de fidélité.
    Je regrette Rocard, mais je préfère le choix de Cresson à ce qu’aurait été celui de Bérégovoy dont la tête enfle, me dit-on, de jour en jour.
    Un bémol : Édith Cresson est seule au sein du Parti socialiste. Elle se garde depuis des années de s’enrégimenter dans un courant, on l’a bien vu au congrès de Rennes où elle était l’observatrice envoyée par Mitterrand pour surveiller et Rocard et Jospin. Elle n’a pas vraiment d’amis parmi tous ceux qui ont occupé des postes de pouvoir depuis 1981, et personne ne lui est redevable de quoi que ce soit. Souvent cassante, elle ne s’est pas imposée chez les anciens Premiers ministres, et n’est bien vue, finalement, qu’à l’Élysée et dans certains milieux industriels qui lui sont reconnaissants de son soutien et de son action ministérielle.
    Si je fais la liste des grands leaders du Parti, Pierre Mauroy ne croit pas en elle ; Lionel Jospin n’en a que faire, l’essentiel pour lui est de garder le ministère de l’Éducation nationale au gouvernement et l’intégrité de son courant au sein du Parti 24  ; Fabius juge qu’elle nel’a jamais soutenu (elle l’aurait plutôt combattu, comme on l’a vu au congrès de Rennes), et lui a préféré Mauroy à la tête du PS en 1988. Quant aux ministres ou anciens ministres proches de Mitterrand (Roland Dumas, Robert Badinter), qui ne sont pas des chefs de courant, qui gardent simplement une relation amicale avec lui, ils ont fait savoir plus ou moins clairement qu’ils doutaient de la carrure d’Édith Cresson dans les circonstances et le moment où elle devient Premier ministre, deux ans avant les législatives.

    19 mai
    Dès aujourd’hui, Édith Cresson est à « 7 sur 7 ». Franchement, elle n’est pas mauvaise du tout. Plutôt bonne lorsqu’elle parle de méthode de gouvernement, et de la nécessité, sur tout sujet important, de se fixer une sorte de calendrier . Elle est très maquillée, très apprêtée – boucles d’oreilles et collier ; elle donne néanmoins, ce qui n’est d’ailleurs pas contradictoire, l’impression d’un grand dynamisme, d’une envie de changer les choses, de parler à l’opposition. Assez sûre d’elle-même, elle n’hésite pas, ne cherche pas ses mots. Elle n’a pas l’air non plus trop « Kapo », comme disait d’elle Pierre Mauroy. Elle est, à mon avis, juste comme il faut.
    À la

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