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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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meetings, je m’étais bien aperçue de son flottement : il a d’abord pensé qu’il ne fallait rien faire pour empêcher l’accord européen, qu’il a fini par approuver, puis il a découvert les réticences à l’intérieur de son propre mouvement au moment où il « exigeait » un référendum sur le sujet. Aujourd’hui, plus l’opposition fait durer le débat, plus elle se divise, et plus cela sert Mitterrand.
    L’embellie n’est pas due à Mitterrand : elle l’est largement plus à Pierre Bérégovoy, à la personne même de Bérégovoy, comme le montrent les sondages, et non pas à sa politique qui ne repose pas sur une réduction réelle du chômage, de nouvelles lignes directrices, de nouveaux objectifs de développement.
    Peu importent ces considérations : l’effet recherché est aujourd’hui obtenu. Qui aurait pu le croire, après les régionales et les cantonales récentes ?
     
    Il est 16 heures : le débat commence. Roland Dumas et Michel Vauzelle défendent la position gouvernementale. Face à eux, la plupart des gaullistes, assez remontés : Nicole Cathala, de rouge vêtue, changée en pasionaria, Michèle Alliot-Marie, virulente et nette, Jacques Toubon. C’est Georges Hage, vice-président communiste, qui assure la présidence du débat. Giscard d’Estaing a fait dans Le Monde étalage de son opposition à la position abstentionniste défendue par une partie du RPR. Il recommande de voter pour l’Europe en acceptant l’interprétation que donne le gouvernement sur le vote des étrangers : pourront voter uniquement les ressortissants des pays de la Communauté.
    Le débat se poursuit comme si l’échange de balles se faisait entre Giscard et le gouvernement, face à un public composé de quelques individualités gaullistes qui grognent et ronchonnent. Le gouvernement accepte plusieurs amendements des giscardiens comme si, déjà, sur l’Europe, une volonté commune les liait.
    La discussion se prolonge dans la nuit.
    13 mai
    Déjeuner avec Michel Giraud, rival heureux de Juppé au conseil régional d’Île-de-France. Il a passé la nuit à l’Assemblée nationale. Il fait partie, lui, des RPR favorables au traité de Maastricht. Le votea finalement été acquis ce mercredi matin : le traité a été ratifié à l’Assemblée par 398 voix contre 77 et 99 abstentions à l’issue d’un débat-marathon de vingt-cinq heures 31 . Mais le vote de l’Assemblée ne suffit pas : le texte devrait être examiné au Sénat à partir du 2 juin 32 .
     
    Au groupe RPR de l’Assemblée, le mot d’ordre d’abstention, c’est-à-dire celui d’Édouard Balladur, a été suivi par 88 parlementaires, dont Jacques Chirac ; 31 sur 126 ont voté contre, tandis que 5 seulement ont voté pour.
    La surprise est venue de la réunion des groupes RPR du Sénat et de l’Assemblée, avant le débat. C’est lors de cette réunion que les adversaires de Maastricht se sont révélés bien plus nombreux et plus convaincus que Chirac ne le pensait. De toute façon, les parlementaires RPR sont de mauvaise humeur, car ils se sentent bousculés, pris à contrepied, divisés. Mauvaise humeur attisée par la position d’Alain Juppé qui a affirmé hier, haut et fort, contrairement à Chirac, qu’il était, en son âme et conscience, décidé à voter non en cas de référendum. Est-ce le contrecoup de sa non-élection à la présidence de la région Île-de-France, qu’il n’a pas digérée ? Il a dit à Chirac, sidéré, me raconte Michel Giraud : « Moi, je suis au-delà du seuil d’indigestion ! »
    Quant à Balladur, il a bien joué son coup : il a fait partager à Chirac sa position sur l’abstention, puis marqué sa vraie présence au cours du débat parlementaire :
    « Mais il ne s’opposera jamais à Chirac, me dit Giraud, répondant à une question que j’allais lui poser. Il ne lui donnera jamais aucune occasion de se sentir menacé ! »
    Pourtant, nous tombons tous les deux d’accord : il se fixe une haute ambition, sans doute d’arriver à Matignon en cas de nouvelle cohabitation. Autour de lui travaille une sorte de shadow cabinet dont Michel Giraud m’avoue être membre. Il y est chargé des questions d’aménagement et d’équipement.
    Je lui demande quelle est l’attitude de Pasqua dans ce débat européen et ses chances d’être élu à la présidence du Sénat. Giraud est réservé vis-à-vis de Pasqua, qui, lors de l’élection à la présidence

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