Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997
68 % d’entre eux prônent des représailles économiques, 35 % seulement seraient favorables à une action militaire. 55 % envisagent favorablement l’envoi de quelques James Bond ou SAS pour régler les choses sur place, si possible discrètement.
28 - Il s’agit de la Commission nationale de la Communication et des Libertés qui a remplacé la Haute Autorité dans la loi de 1986.
29 - Le 2 avril 1986, quatre passagers américains d’un Boeing 727 de la TWA reliant Rome à Athènes ont été tués par l’explosion d’une bombe placée sous leurs sièges.
30 - Action directe a été créée en France en 1977 par Jean-Marc Rouillan et André Olivier. Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon avaient été arrêtés le 13 septembre 1980 après un échange de coups de feu près de la planque du terroriste Carlos. Le gouvernement Mauroy avait joué l’apaisement en 1981 et fait voter une loi d’amnistie qui avait remis en liberté Rouillan et Ménigon. À partir de 1984, la branche parisienne d’Action directe s’allie à la Fraction armée rouge allemande dans le cadre de l’unité des révolutionnaires en Europe de l’Ouest. Le commando qui a tué Georges Besse, on l’a su plus tard, était composé de Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, qui appartiennent à la direction d’Action directe. Les principaux membres d’Action directe seront arrêtés le 21 février 1987 dans une ferme du Loiret.
31 - Le général René Audran, directeur des affaires internationales au ministère de la Défense, a été assassiné par un commando d’Action directe le 25 janvier 1985. Le 26 juin, le contrôleur général des Armées Henri Blandin a échappé de justesse à un attentat.
32 - Robert Badinter a été nommé président du Conseil constitutionnel en mars 1986 par François Mitterrand.
33 - « La sclérose nous guette tous, a dit François Mitterrand. J’ai fait mon choix entre le progrès et le simple esprit conservateur. Je préfère l’un à l’autre, mais la France est faite des deux, y compris sur le plan esthétique. »
1987
7 janvier
Longue interview de Chirac par Jean-Pierre Elkabbach, hier. Entretien faussement improvisé de François Mitterrand avec la presse à l’issue des vœux présidentiels. En toile de fond, les difficultés sociales du gouvernement.
Volonté commune aux deux têtes de l’exécutif : ne pas envenimer le climat, ne pas pousser les antagonismes à leur paroxysme, gommer les angles.
À vrai dire, les similitudes entre les deux discours sont fascinantes.
La lutte contre l’inflation ? François Mitterrand a rappelé qu’il était intervenu publiquement quatorze fois pour dire avant, bien avant – ou peut-être en même temps – Jacques Chirac, que c’était, pour lui, pour la France, la priorité des priorités.
Le réajustement monétaire ? Commentaire de Mitterrand : « La France a assez de réserves pour tenir le coup. » Affirmation de Chirac : « Il n’y aura pas de dévaluation du franc. »
La riposte au colonel Kadhafi après l’intrusion des troupes libyennes au Tchad au sud du 16 e parallèle ? Même refus, en des termes identiques, de dévoiler la forme que prendra la riposte française, assortie de la même position : « La France se fera respecter. »
La cohabitation ? Les convergences se font plus proches encore. L’un et l’autre affirment qu’elle est inéluctable. On ne peut pas dire qu’ils en soient enchantés : ils font, dans la résignation, la même analyse. Ils ne l’ont pas souhaitée, ils n’avaient aucune envie de cette coexistence politique : c’est le verdict populaire de 1981, revu etcorrigé par les Français en 1986, qui a imposé à ces deux hommes si dissemblables l’obligation de faire ensemble un petit bout de chemin.
J’ai demandé à Mitterrand si cette cohabitation se dégradait en ce moment. Il m’a répondu d’un trait, acide : « Pourquoi, le 20 mars 1 , vous trouvez que c’était mieux ? »
Pour le reste, un abîme les sépare. Il ne doit pas être drôle de gouverner la France sous l’œil aiguisé de Mitterrand. Exemple : le Président exalte, dans le climat social actuel, les vertus du dialogue, notamment avec les cheminots en grève. « Une main tendue, est-ce un mal ? » susurre-t-il. Tandis que Jacques Chirac énumère au micro d’Elkabbach tous les avantages consentis aux « roulants ». L’un, le Président, insiste presque avec gourmandise, tant il
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