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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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la part de Bourges, Alain Denvers : la présentation en alternance du journal de 20 heures sur la Une. J’avais répondu, au début de l’automne dernier, que je n’avais plus l’âge, que si je connaissais les rouages de la télévision, j’ignorais tout, en revanche, de l’art de la présentation.
    J’ai tout faux.
    En fait, je le sais, je le sens, je n’ai pas retrouvé, pour commenter la vie politique, ma célérité d’antan. Beaucoup d’interlocuteurs ont changé. Aujourd’hui, je connais tous les grands acteurs de la vie publique, pas les obscurs, les sans-grade, ceux qui vous racontent des anecdotes, ce qui fait la chair d’un article ou d’un éditorial. C’est pourquoi j’avais prévenu Lagardère qu’il me faudrait du temps pour retrouver de nouvelles sources d’information.
    Que faire ? Je n’ai pas un sou devant moi : si Elkabbach décide de m’exécuter, je n’ai aucune solution de rechange. Même si j’ai été très contente que Philippe Amaury m’ait demandé, à la fin de l’année, de faire un éditorial par semaine au Parisien , en alternance avec Albert Du Roy, Philippe Alexandre et d’autres, je ne vois pas comment cela pourrait me faire vivre.
    Je ne peux m’empêcher de penser que j’aurais dû, en 1982, refuser la Haute Autorité, et peut-être, avant cela, refuser Radio France. Rester à ma place, celle de commentateur de la vie politique. J’étais intouchable à l’époque, lorsque j’étais à RTL. Aujourd’hui je me sens un bouchon chahuté par les eaux.
    Je sais aussi qu’Elkabbach s’est rapproché de Mitterrand qu’il voit aujourd’hui plus souvent que moi ; je pense, sans en être sûre, qu’il lui a demandé s’il voyait un inconvénient à ce qu’on me débarque, etque Mitterrand a répondu que cela ne le regardait pas. Tel que je connais Elkabbach, il aurait suffi que Mitterrand émette une réserve, une toute petite réserve, pour que mon sort change...

    15 janvier
    Je suis allée voir Lagardère, je lui ai dit – j’en ai honte –, les larmes aux yeux, que je ne méritais pas un tel traitement. Qu’il m’avait proposé de venir à Europe, mais pas pour trois mois. Qu’un débutant n’aurait pas été traité avec une plus grande sévérité. Il a été, comme d’habitude, formidable, présent et attentif. Mais il vient de nommer Elkabbach, il ne va pas le contredire immédiatement.

    16 janvier
    Eh bien, il l’a fait ! J’hérite de l’émission « Découvertes », de 18 à 20 heures, qu’animait Elkabbach lorsqu’il était encore à demi tricard.
    Je ne me fais aucune illusion : c’est un sursis. Je serai de la prochaine charrette. Il faut absolument que je trouve autre chose dans les semaines qui viennent. D’autant qu’Eugène Saccomano, mon nouveau voisin de bureau 2 , m’a tout de suite prévenue : Elkabbach ne me passera rien. D’abord parce que je prends l’émission qui était la sienne, sur laquelle il a toujours un pseudo-droit de propriété ; ensuite parce que cela me sera très difficile d’inviter des politiques, le soir, à partir du moment où il fait l’interview-phare de la station, le matin.
    Maintenant, tout cela, je m’en fous. Je sais que je ne ferai pas de vieux os ici : nous en parlons longuement, avec mon camarade Ivan Levaï qui se sent comme moi dans le collimateur. Carreyrou et Villeneuve font eux aussi profil bas.
    Bonne nouvelle : Hervé Bourges 3 – qui n’ignore pas mes difficultés – me propose, sur TF1, une émission tous les mois sur la vie de la presse. Première émission : sur La Croix , dans les trois semaines à venir.

    20 janvier
    Libération publie le texte d’un accord secret entre Havas et Hachette. Ahurissant : le plus grand groupe de presse allié au plus puissant groupe de publicité ! En Amérique, tout ce beau monde se retrouverait en tôle. En France, on trouve cela normal ! Reste à savoir pourquoi cet accord, qui date, paraît-il, de plusieurs semaines, est rendu public aujourd’hui. Pour le conforter, ou pour le dénoncer ? La fuite sert à quelqu’un, mais à qui ? J’ai tendance à penser que cela aide Bouygues, paradoxalement, car vendre une chaîne à un consortium atypique réunissant presse, armement et publicité déclencherait une grave polémique dans les milieux de l’audiovisuel, déjà hostiles pour partie à la privatisation de TF1 4 .

    Sans date – janvier
    Quel drôle de voyage que celui du général Jaruzelski à

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