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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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aux sympathisants sur le bilan, le projet, la stratégie. Cette volonté de faire sa place à la base a été ressentie comme une réussite : d’ailleurs, les fédérations socialistes avaient envoyé 2 358 délégués, pas moins, à Lyon. Le rapport final a été accepté à l’unanimité. Je me demande si c’est arrivé une seule autre fois dans l’histoire du Parti socialiste depuis sa création en 1971. Que Michel Rocard soit arrivé à réunifier le parti, à le remobiliser, c’était ce qu’on pouvait croire cet été. Pourtant, depuis cette date, j’ai l’impression que tout s’est de nouveau ossifié. D’où l’intérêt du congrès qui va se tenir au Bourget.
    J’ai commencé par rencontrer aujourd’hui Jean-Paul Huchon, toujours proche de Rocard, pour lui demander s’il voyait, pour le PS, la sortie du tunnel. « Les socialistes sont de retour », me dit-il avec optimisme. Le projet socialiste a avancé : sur le temps de travail, lepartage des revenus, le rôle des services publics en matière d’emploi. Le but est de présenter un nouveau contrat social aux Français.
    Certes, mais le mouvement est bien lent ! Michel Rocard avait annoncé à Lyon, l’été dernier, l’ouverture à l’automne de rencontres avec les syndicats dans le but de mettre sur pied les Assises de la transformation sociale. Mais, depuis juillet dernier, rien ne s’est passé. Pourquoi ? C’est ce que je demande aujourd’hui à Jean-Paul Huchon. Il m’explique qu’en juillet les États généraux ont abouti à un mea culpa général : la catharsis a été faite, et bien faite.
    Raison de plus, après juillet, pour parer au plus pressé, c’est-à-dire sauvegarder l’unité. Il a fallu arranger les rapports avec les fabiusiens, « qu’on ne pouvait tout de même pas, me dit Huchon, repousser du pied ». Il faut « aborder l’année qui vient sans ennemis à l’intérieur ». Le fait que deux autres motions aient été déposées, par Jean Poperen et Louis Mermaz, ne remet pas en cause l’unité. Elles additionnent toutes deux 15 % des voix : elles n’entraînent derrière elles qu’une maigre fraction du parti.
    Bref, pour arriver à une majorité confortable, le texte de la motion Rocard a ouvert le choix à des options sur la réduction du temps de travail, la protection européenne contre le commerce international, le dépassement du traité de Maastricht, les institutions et le mode de scrutin. « Nous croyions, me dit-il, que le débat sur ces options allaient faire l’essentiel du congrès. Il ne semble pas. Pourquoi ? Parce que notre texte a été rédigé avec tellement de prudence que les militants ne s’y retrouvent pas. »
    Ce qui est évident, c’est que les enjeux du congrès ne sont pas tous idéologiques. La priorité est qu’il désigne Rocard patron du PS. Il faut qu’il apparaisse légitime et non pas comme celui qui a conquis le pouvoir à la faveur d’un putsch. Autour de lui, l’équipe doit être renouvelée pour mieux l’entourer. Enfin, le problème le plus important est celui de l’emploi. « Nous allons avancer, me dit Huchon, deux ou trois idées neuves comme le partage du travail, la semaine de quatre jours, le partage des revenus... »
    Enfin, il va falloir – c’est le dernier enjeu du congrès – que le PS se préoccupe de la relance européenne. Michel Rocard a rencontré récemment les dirigeants du PS espagnol ainsi que ceux d’autres pays européens : tous sont d’accord pour proposer une politique de grands travaux.
    Il reste qu’à son avis – c’est donc aussi celui de Rocard –, le PS est loin d’avoir retrouvé son crédit. « Tant que les socialistes sontdans cet état, me dit-il, Balladur peut se permettre de tenir n’importe quel discours, il peut se permettre n’importe quel dérapage. Sa stratégie est de tenir un an, car il estime que la reprise est pour la fin 1994. »
    Voilà pourquoi Rocard pense qu’il est grand temps d’attaquer de front Balladur. Les sujets, me dit mon interlocuteur, ne manquent pas. Les dossiers ne sont pas tous bien traités, encore que Matignon prétende le contraire. À propos du GATT, de la durée du travail, du déficit, aucune solution n’est apportée. Conclusion de Jean-Paul Huchon : « C’est à nous, socialistes, de définir la mise sur pied d’une société nouvelle, de relancer les forces de rénovation sociale, d’en appeler à des personnalités extérieures au Parti,

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