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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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faisait sur le tarmac une chaleur épouvantable, 40 °C, alors que l’avion était climatisé. Le contraste a fait qu’il s’est senti mal, ce qu’a perçu son entourage rapproché, mais il était trop tard : les officiels coréens l’avaient déjà embarqué à bord d’un véhicule pour se rendre à la Maison bleue. C’est là qu’il a été pris de vomissements. Cela n’a donc rien à voir avec son cancer.
     
    Sacré Balladur ! On attendait de vives critiques de la part de la majorité, cette après-midi, à l’Assemblée, sur la loi sur l’emploi, en discussion aujourd’hui au cours de la session extraordinaire. Que fait-il ? Il monte à la tribune pour dire qu’il acceptera tous les amendements : « Notre conception de la République, explique-t-il, exige, sur un pareil sujet, de prendre en compte tous les amendements. »
    Du coup, le climat se détend aussitôt dans la majorité. Le débat s’apaise. Et lui gagne en image personnelle ce que le pauvre Michel Giraud perd en soutien parlementaire. Comme disait Edgar Faure à Mitterrand en 1981, il n’est pas interdit d’être populaire. C’est tout de même un comportement de ce genre – où Balladur, y compris en reculant, joue la cohésion et l’unité de la majorité derrière lui – qui fait penser à certains que Balladur ne cédera pas si aisément la place, en 1995, à Jacques Chirac...
    7 octobre
    Angoisse au RPR : et si Alain Juppé se plantait sur le GATT ? Ministre des Affaires étrangères, il est chargé en première ligne de la négociation. S’il échouait, qui pourrait alors conduire la liste commune aux élections européennes ? La négociation s’annonce difficile, car la majorité – le RPR, surtout – s’est embringuée, derrière Chirac, dans un soutien inconditionnel aux agriculteurs. Les États-Unis ne reculent pas, tandis qu’à Matignon, Balladur commence à se demander s’il ne faut pas trouver quelque moyen de concilier les vues de tout le monde. Juppé s’exprime ce matin dans Libération .
     
    Dîner avec Roland Leroy, hier, chez Paul-Marie de la Gorce. Maintenant, enfin, des années plus tard, il raconte. Qu’il y avait bien, en 1968, une ligne Waldeck Rochet-Leroy contre les autres, dont Marchais. Comment ils sont allés à Moscou protester lorsque Khrouchtchev a dû quitter le pouvoir. Comment Souslov 52 leur a présenté Brejnev, muet comme une carpe, en leur faisant l’article du nouvel élu qui leur est apparu engoncé, enfoncé dans une sorte de torpeur. À cette évocation il se lève, mime Souslov. Il parle également de Thorez pendant la guerre, de la rupture entre la Chine et la Russie. Passionnant !
     
    La cohabitation va porter sur des dossiers lourds : emploi, nucléaire, GATT. Le jeu est d’autant plus difficile qu’à l’intérieur du RPR, Balladur n’a pas que des amis, et que les groupes de pression, souvent conduits par Jacques Chirac, interviennent pour jeter del’huile sur le feu. Face à cela, Mitterrand se montre on ne peut plus compréhensif : manifestement, il comprend que la seule chance de Chirac serait d’aller vite en besogne, et donc il ralentit le mouvement. Il le fait sans pour autant abandonner le terrain à Balladur. À ce jeu subtil, il est passé maître. On raconte même qu’après son malaise en Corée, il s’est interrogé à haute voix, devant les ministres qui l’accompagnaient, sur sa succession : « Si j’étais mort aujourd’hui, leur a-t-il dit, Chirac aurait eu ses chances. Mais demain ? »
    12 octobre
    Le congrès socialiste a lieu dans quelques jours, le 24 octobre. Je n’ai pas parlé du Parti socialiste ici depuis la mort et les obsèques de Pierre Bérégovoy. C’est que l’échec colossal du printemps dernier l’a rendu muet. Ou plus exactement inaudible, et que le subtil équilibre de la cohabitation m’a paru bien plus intéressant à étudier. J’ai décidé de faire en quelques jours le tour des leaders pour tenter de comprendre où en est le PS, six mois après son échec, six mois après que Michel Rocard en a pris la tête.
    On ne peut pas dire que les choses aillent vite. Nulle part je ne sens le moindre frémissement en sa faveur. Les États généraux de la gauche, organisés par Michel Rocard à Lyon en juillet dernier, avaient pourtant constitué un véritable succès. Après sa prise de pouvoir à la hussarde en avril dernier, la nouvelle équipe, autour de lui, a donné la parole aux militants et

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