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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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de la République et le petit déjeuner pris par les deux hommes à l’Elysée, ce matin, six semaines se sont écoulées !
    15 décembre
    À l’Assemblée nationale, discours de Balladur sur la négociation du GATT où un accord a finalement été trouvé.
    Les observateurs s’écrasent dans les tribunes. Les travées réservées à la presse sont bondées. L’hémicycle est comble.
    La gauche est déchaînée à cause des initiatives de François Bayrou sur la loi Falloux et de la discussion d’hier au Sénat 59 .
    Balladur estime avoir remporté beaucoup de succès dans la négociation sur le GATT. Il est parvenu à faire évoluer dans le sens souhaité par les Français les accords de Blair House. Je note que son discours à lui évolue aussi : il emploie le mot « je » à toutes les pages, plusieurs fois, pour indiquer que c’est lui qui a indiqué au président Clinton, lui qui, lui dont...
    Une partie seulement des objectifs a été atteint, mais, dit-il, « c’est le lot de toute négociation ». « La fermeté de la France a mis un terme, ajoute-t-il, à la dérive des institutions. »
    Ce qu’il dit est moins important que l’image qu’il donne de lui, celle d’un homme assez fier sinon de lui-même, du moins d’avoir réussi à sortir par le haut d’une affaire aussi mal engagée que celle du GATT. Au moment où il parle, il doit penser à tous ceux qui l’ont trouvé trop mou, pas assez déterminé, sans doute aussi à Chirac dont il est, en matière de négociations, le contre-exemple, aussi souple que l’autre est monolithique.
    Il attaque aussi durement la gauche dont il juge les critiques pauvres et dépourvues de crédibilité, sur le mode : ils n’ont rien vu venir, ont laissé en place une machine bouillant à gros bouillons, et en plus, la négociation maintenant terminée et assez bien terminée, ils hurlent !
    Dans l’hémicycle, je vois Chevènement, qui trouve insuffisant l’accord auquel Balladur est parvenu, s’époumoner. Séguin ne lui donne pas la parole et la passe à Laurent Fabius, désigné par le groupe socialiste. Mais il envoie aussitôt un mot à Chevènement, dont il se sent proche sur les problèmes européens et sur le GATT, en s’excusant : le temps de parole est limité à quatre orateurs et il a dû appliquer le règlement. « Mais, ajoute-t-il avec humour, je vous fais confiance pour retrouver votre temps de parole dans les couloirs. »
    Quelques minutes après 18 heures, Balladur répond avec vivacité à ceux qui l’ont critiqué. Il redit que ç’a été le meilleur accord possible pour notre pays. On en reste là. Résultat : vote triomphal de confiance au Premier ministre. Il aura montré en sept mois qu’il dominait cette majorité que tout le monde annonçait comme difficile à gérer, parce que trop large. La démonstration est faite de son ascendant, davantage à l’UDF d’ailleurs qu’au RPR où subsistent quelques irrédentistes anti-américains.
    20 décembre
    Cela n’a pas tardé : les grandes manœuvres commencent !
    Hier, Simone Veil et François Léotard, tous deux ministres d’État, ont lancé un appel à la candidature d’Édouard Balladur à la présidentielle. Au cours de l’émission « RTL/ Le Monde  », Léotard a estimé que Balladur avait toutes les qualités requises pour se présenter devant le peuple 60 . Pour Simone Veil, « Balladur ferait un formidable président de la République ». Elle a profité de « 7 sur 7 », diffusé après « RTL/ Le Monde  », pour appeler elle aussi Balladur à faire acte de candidature : « Il a pris une telle dimension internationale, a-t-elle appuyé, c’est une qualité formidable pour un Premier ministre : un Premier ministre qui a naturellement une stature de chef d’État devient nécessairement un présidentiable. »
    Ont-ils reçu tous deux l’aval de Balladur pour lancer cet appel inspiré ? Le Premier ministre avait demandé à ses ministres de rester en dehors de la campagne présidentielle jusqu’à la fin de 1994. Celle-ci n’a pas encore commencé que deux de ses plus proches ministres font l’exact contraire !
    Aujourd’hui, Simone Veil explique qu’elle s’est contentée de dire tout haut ce qu’elle pense tout bas du Premier ministre, ce qu’elle m’avait d’ailleurs dit la semaine dernière : un homme qui a mené à bien la redoutable négociation sur le GATT ne peut faire qu’un bon président de la République.

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