Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Qu’elle n’ait pas sollicité, avant de parler, l’avis de Balladur ne m’étonne pas : Simone Veil ne se « téléguide » pas.
    Reste François Léotard. Lui, ses objectifs sont sûrement plus politiques. Édouard Balladur est pour lui le « troisième homme », celui qui permettrait – à la fois à lui et à sa bande, la « bande à Léo » –, de se débarrasser des deux hommes qui, depuis des années, obscurcissent leur champ de vision : Chirac et Giscard.
    Quant à Balladur, avec tout cela, il a avancé d’une case dans le jeu de l’oie de la présidentielle.
    1 - La loi Évin, du nom de son auteur, Claude Évin, ministre socialiste de la Santé, vise, le 16 janvier 1991, la lutte contre l’alcool et le tabagisme. Elle interdit notamment la publicité pour les boissons alcoolisées.
    2 - Le 3 février, Le Canard enchaîné affirme dans son numéro hebdomadaire que Pierre Bérégovoy a bénéficié en 1986 d’un prêt d’un million de francs qui lui aurait été consenti sans intérêts par Roger-Patrice Pelat, ami de longue date de François Mitterrand. Le prêt devait servir à acheter un appartement de 100 m 2 rue des Bellefeuilles, à Paris. Encore une fois, c’est le juge du Mans, Thierry Jean-Pierre, qui aurait fait cette découverte dans le cadre d’une enquête menée sur des fausses factures d’une société du centre de la France. Dans un premier temps, l’affaire du prêt de Patrice Pelat reste limitée au Canard enchaîné et à quelques journaux. Assez vite, pourtant, le fait que Pierre Bérégovoy ait accepté un prêt d’un homme mort au mois de mars 1989 alors qu’il était inculpé de délit d’initié dans l’affaire Péchiney attire l’attention et la critique des éditorialistes. Surtout lorsque ceux-ci insistent sur les conditions de la vente de Vibrachoc, société possédée par Pelat, en 1982, à un prix exhorbitant. À noter que Pierre Bérégovoy n’était pas, à ce moment, ministre des Finances, mais secrétaire général de l’Élysée.
    3 - Éric Weil est un philosophe politique d’origine allemande (il est né dans le Mecklembourg en 1904) qui a fui l’Allemagne après l’arrivée de Hitler à la Chancellerie en 1933. Ayant obtenu la nationalité française en 1938, il fonde, avec Georges Bataille et Alexandre Koyré, la revue Critique et entre à l’École pratique des hautes études après la guerre.
    4 - Le 4 avril 1985. Michel Rocard était alors ministre d’État, chargé du Plan.
    5 - Il s’agit de Marielle de Sarnez.
    6 - Michel Charasse est sénateur du Puy-de-Dôme de 1981 à 1988. Il le redevient aux élections sénatoriales de 1992.
    7 - Encore qu’il soit pour quelque chose dans la défense avancée dans les premiers jours par Bérégovoy et les enfants de Patrice Pelat : il y aurait eu, de la part du Premier ministre, un remboursement partiel sous forme d’objets d’art. Lesquels ? Pierre Bérégovoy ayant refusé de répondre à la question, l’argument n’a convaincu personne.
    8 - François Mitterrand a eu cette phrase : « Ni vous ni moi n’y pouvons rien ! »
    9 - Ancien directeur de cabinet de Rocard à Matignon de 1988 à 1991.
    10 - La coalition RPR-UDF remporte 44,12 % des suffrages, soit un recul d’un point par rapport à son résultat de 1986. Le RPR, avec 19,83 % des voix, devance l’UDF (18,64 %). Les autres partis de droite sont crédités de 4,5 %. Le PS obtient 17,40 % des suffrages, tandis que les radicaux et autres partis de gauche obtiennent moins de 3 % des voix. Le PC dépasse de peu les 9 %. La surprise vient également des écologistes à qui les sondages promettaient 15 % des voix, et qui, divisés, n’en obtiennent que la moitié dans les urnes. Le Front national obtient son meilleur score législatif, avec 12,5 % des voix. Avec 30,8 % des voix, la gauche connaît son plus mauvais résultat depuis 1958.
    11 - Alain Madelin, UDF, a été député d’Ille-et-Vilaine de 1978 à 1986 et de 1988 à 1992. Pendant la première cohabitation, il est ministre de l’Industrie, des PTT et du Tourisme dans le gouvernement Chirac de 1986 à 1988. Il retrouve son siège de député d’Ille-et-Vilaine en 1988.
    12 - Pierre Méhaignerie, centriste, député d’Ille-et-Vilaine également, a battu, lui, un candidat sortant RPR en 1973. Il a sans cesse été réélu, depuis, en 1978, 1981, 1986, 1988, 1993, chaque fois au premier tour. Il est toujours, aujourd’hui, élu