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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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signer sans même en parler à Jacques Chirac. »
    Du coup, Chirac va devoir avouer aux présidents africains vis-à-vis desquels il s’était engagé que la chose a été faite sans son accord. Il est furieux.
    Je comprends que Chirac s’irrite, mais est-il réellement concevable qu’un accord de ce genre, conclu un an auparavant, résiste à la pression internationale ? On voit mal Roussin dire au FMI : « Pardon, mais j’ai promis à Chirac de ne pas signer... »
    17 janvier
    Je suis à l’hôtel Matignon, dans le bureau de Nicolas Bazire, voisin de celui de Balladur. Nous reparlons de la loi sur l’école libre 7 modifiant la loi dont le Conseil constitutionnel vient de censurer l’article 2, et surtout de la manifestation monstre des partisans de l’école laïque, hier dimanche.
    Le malaise dans l’Éducation nationale, pour Bazire, ne vient passimplement de l’actuel texte amendant la loi Falloux. « Ce malaise ne date pas, me dit-il, d’il y a six mois. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis vingt ans sont collectivement responsables. Il est toujours facile de dire après coup que c’est une mauvaise idée. Nous nous en serions bien passés ! »
    De toute façon, assure-t-il, rien n’est rompu : le ministre François Bayrou prend contact avec les syndicats et les parents d’élèves. Jeudi, tous les problèmes seront sur la table ; on verra bien.
    Ce qui l’irrite – enfin, autant qu’un homme si bien élevé peut être irrité –, c’est l’abandon en rase campagne de nombre de dirigeants de la majorité. Cela fait des mois que, chaque semaine, un député ou l’autre se prononce pour une réforme de la loi Falloux : « Pas une réunion du groupe parlementaire depuis l’année dernière sans qu’un député ne nous réclame la révision de cette loi. Pas un déjeuner des chefs de la majorité depuis dix mois où l’on n’ait appelé le chef du gouvernement à la fermeté. »
    Quand Jacques Chirac, par exemple, à l’occasion de ce fameux dîner de la majorité, à Versailles, me dit-il, a reproché à Balladur de freiner les réformes, de ne pas aller assez vite, il faisait allusion précisément à la réforme de l’école. Quant à Valéry Giscard d’Estaing, il a le premier dénoncé l’attentisme du Premier ministre lorsque, en juillet 1993, François Mitterrand a donné un coup d’arrêt à la réforme de l’enseignement en refusant de l’inscrire au menu de la session d’été extraordinaire du Parlement.
    Même sous le gouvernement Bérégovoy, ce n’est un secret pour personne que Jack Lang, ministre de l’Éducation nationale, préparait une réforme de l’enseignement privé qui allait dans le même sens que la loi actuelle. « Toute la majorité d’alors était pour. Alors il aurait fallu ne pas le faire ? »
    Il est sincèrement indigné. Novice en politique, il ne comprend pas – ou fait semblant de ne pas comprendre – l’attitude de l’opposition, qui se mobilise aujourd’hui contre un projet de loi qu’elle aurait pu hier déposer et défendre. Il me semble qu’il s’indigne plus encore du silence gêné, voire, plus encore, de la débandade des dirigeants du RPR au sein de la majorité.
    Et nous voici bifurquant sur la future élection présidentielle. Édouard Balladur fait mine, en public, de ne rien en savoir, et de n’avoir été pour rien dans les déclarations de ses deux ministres d’État en sa faveur, en décembre dernier.
    J’interroge Bazire à ce sujet sur le face-à-face qui avait opposé, le lendemain, Édouard Balladur au groupe RPR de l’Assemblée. Certains avaient alors demandé une explication sur ses intentions au Premier ministre. Cela n’avait pas impressionné outre mesure Balladur – pas plus que Bazire, d’ailleurs, aujourd’hui. Je m’étonne de ce calme apparent : je m’aperçois vite que les proches du Premier ministre sont persuadés que Jacques Chirac n’ira pas, qu’il ne pourra pas aller jusqu’à la candidature. Il lâchera prise : telle est l’hypothèse de travail de Matignon.
    À l’appui de cette thèse, la médiocre performance, toujours, de Chirac en 1988, et la certitude qu’il est aujourd’hui replié sur le RPR alors que Balladur, Premier ministre RPR, qui, à ce titre, pense bénéficier des voix d’une large partie du mouvement gaulliste, est, lui, soutenu en outre par une grande partie de l’UDF.
    Sans que j’aie besoin de trop insister, Nicolas

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