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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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que Marchais allait passer la main. Ce qui fut fait quinze jours plus tard. C’est la femme de Leroy qui me cita en confidence le nom de Robert Hue comme étant l’homme auquel Leroy et Marchais avaient ensemble décidé de laisser les clefs du PC. Pour tout dire, sur l’instant, je ne l’ai pas cru, tant je trouvais extravagante l’idée de laisser le Parti à un inconnu. Alain Bocquet, Charles Fiterman, ce dernier surtout, pourquoi pas ? Le maire de Cormeilles, qui jusque-là n’avait jamais fait parler de lui,non, je n’y ai pas cru. Voilà comment j’ai raté un scoop, l’année dernière. Je n’avais pas même jugé bon de le noter dans ces cahiers.
    Pourquoi cette proposition a-t-elle été faite d’un commun accord avec Leroy ? Parce que Marchais savait bien que si Roland Leroy ne pouvait plus occuper sa place pour des raisons d’âge ou d’énergie, nul ne la prendrait sans obtenir sa neutralité bienveillante. Je crains que les deux ne se soient mis d’accord sur quelqu’un qui ne ferait d’ombre ni au trop populaire Marchais, ni au trop intellectuel Leroy.
    27 janvier
    Dans tout le tohu-bohu qui a entouré le retrait de la loi Bayrou, je retiens simplement que le programme électoral de la majorité, avant 1993, incluait bien la réforme de la loi Falloux, et une plus grande ouverture à l’école privée. Ce qui n’a pas empêché le tollé quand Bayrou puis Balladur en ont parlé pour la première fois.
    Je retiens aussi que Bayrou, qui a maquillé in extremis la reculade en annonçant une vaste concertation lancée dans toute la France, s’en sort plutôt mieux que le Premier ministre. Il réussit à passer, à la fin d’une agitation désordonnée, pour un ministre qui veut écouter les uns et les autres avant de trouver une solution consensuelle. Il était temps !
    Paradoxe n o  1 : l’école privée risque d’être la grande perdante de cette révision avortée. La loi votée par le Sénat, amputée de sa partie essentielle par le Conseil constitutionnel, ne sera pas promulguée. Et sa remise en chantier n’est pas pour bientôt. Cette bataille pour le financement des équipements du privé par les collectivités locales se termine par les Assises de l’enseignement public annoncées par Matignon et l’Éducation nationale.
    Paradoxe n o  2 : cet échec du gouvernement sur la révision de la loi Falloux n’est pas dans la manière de Balladur. Je ne comprends pas comment il a géré cette affaire. Lui qui ne cesse de parler de concertation, qui la pratique au demeurant sur bien d’autres sujets, qui plaide pour le dialogue et la politique des petits pas, pourquoi a-t-il adopté, pour l’enseignement privé, une stratégie « à la hussarde » ? Pour montrer à Mitterrand que le Premier ministre, en période de cohabitation, pouvait interdire au chef de l’État de se mettre, par un artifice de procédure, en travers d’une réforme jugéeessentielle par la nouvelle majorité ? Balladur voulait-il profiter de la réussite de sa négociation sur le GATT pour montrer qu’il était le patron ? Tout cela en même temps, je pense. C’est raté.
    Question : est-ce le début d’une contestation politique d’Édouard Balladur ? Pas pour le moment : les récents sondages continuent de le montrer distançant largement Michel Rocard, élu même dès le premier tour et largement préféré à Jacques Chirac comme candidat unique de la majorité.
    Cette affaire laissera néanmoins des traces : entre le Président et le Premier ministre, le premier ayant choisi son camp depuis le début et se réjouissant sans doute de sa conclusion ; entre Chirac et Balladur, également : je me rappelle l’indignation de Nicolas Bazire à l’idée que Chirac ait désavoué Balladur, en janvier 1994, alors qu’il l’avait au contraire pressé d’agir en juillet dernier !
    30 janvier
    Du séminaire gouvernemental d’aujourd’hui sort un catalogue de mesures populaires annoncées par les ministres concernés eux-mêmes dans tous les médias. Pour une organisation, c’est une organisation ! Toubon a été invité à « 7 sur 7 », Sarkozy était à 20 heures sur TF1 ce soir, tandis que Gérard Longuet est intervenu sur France 2. Michel Giraud a eu droit à la 3. Édouard Balladur se réserve demain pour Franz-Olivier Giesbert à la radio.
    Ces mesures sont pour la plupart autant de bonnes nouvelles pour les Français à qui on annonce la relance de la consommation.

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