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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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protection sociale ».
    Les premières questions, il fallait s’y attendre, portent sur la réforme des « écoutes téléphoniques », qui une fois encore empuantissent la campagne. Le Premier ministre est d’ailleurs obligé de revenir plus longuement qu’il ne l’aurait souhaité sur l’affaire Schuller-Maréchal, avec la phrase rituelle : « Pasqua vient de demander descomptes au garde des Sceaux, le ministère de la Justice est saisi, je n’ai rien à dire sur le sujet 8 . »
    Un dernier mot qui ne s’imposait ni à cet endroit, ni à ce moment, pour réprimander Jacques Toubon. Celui-ci a critiqué je ne sais quel point du gouvernement en matière de politique universitaire. Balladur le rappelle à la règle du jeu : « Chacun fait connaître ses préférences légitimes, dit-il, mais la solidarité doit être respectée. » Les propos de Jacques Toubon sont « contraires à la règle du jeu », mais le Premier ministre ne le forcera pas à démissionner. Cela obligerait tous les ministres chiraquiens – il y en a tout de même ! – à démissionner avec lui, ce qui ouvrirait une crise majeure au sein du gouvernement. Ce n’est assurément pas le moment.
    D’autant moins qu’un ministre, balladurien celui-ci, pose un redoutable problème au chef du gouvernement. C’est le ministre de l’Intérieur, tout juste pris dans l’étau de l’affaire Schuller-Maréchal. J’y reviendrai. Toujours est-il que, pour quelques jours, peut-être quelques semaines, Charles Pasqua risque d’embarrasser Balladur au moment où il eût été capital de l’aider. L’affaire Schuller-Maréchal alourdit Édouard Balladur. Car, en cette période surtout, les attaques convergent : la gauche est bien décidée à affaiblir le Premier ministre,tandis que Jacques Chirac et les siens en rajoutent pour souligner les faiblesses du camp adverse. Or celle-là en est une.
    Quant à tous ceux qui, dans le camp balladurien – François Léotard, François Bayrou, tous deux présents à la conférence-programme de Balladur cette semaine –, envisageaient de se retrouver à Matignon après sa victoire, ils ne sont pas mécontents de voir Pasqua pris à son propre piège au ministère de l’Intérieur.
    14 février
    Tout de suite après la conférence de presse de Balladur, j’embarque à bord de l’avion de Nicolas Sarkozy qui doit prendre la parole à Bordeaux à l’occasion d’un symposium des ministres de la Culture et de la Communication. Occasion pour lui de retrouver Jacques Toubon qui vient d’être spectaculairement tancé par Balladur.
    Tout, dans les propos de Nicolas Sarkozy, traduit l’exaspération, sinon la détestation de Jacques Chirac et des siens. Si je le comprends bien, même s’il tente de ne parler qu’à demi-mots, en cas de victoire de Balladur, il n’y aura de place pour un chiraquien ni au gouvernement, ni dans les instances dirigeantes du RPR.
    Je lui demande si Balladur a déjà choisi son Premier ministre. « Non, assure-t-il. Mon conseil a été de lui dire de ne rien promettre à personne. Ce n’est que dans les derniers jours de la campagne qu’apparaîtront les besoins : ou bien un centriste, ou bien peut-être un gaulliste. »
     
    Je suis rentrée à Paris dans la nuit. Revenu lui aussi de Bordeaux, Jacques Toubon m’appelle ce matin de bonne heure. Le Premier ministre lui a en effet envoyé une lettre salée. Toubon s’en fiche : « De toute façon, me dit-il, ils ne prendront aucune sanction. Pour l’heure, le Premier ministre fait des moulinets. »
    Sans date (entre le 13 et le 17 février)
    Retour sur Charles Pasqua.
    Pasqua est tout sauf un imbécile. On peut croire à son bon sens, par exemple lorsqu’il dit n’avoir aucun intérêt dans les Hauts-de-Seine à voir dessaisir le juge Halphen. Un autre juge aurait fait et fera la même chose que lui, avec la même curiosité. On peut aussicroire le directeur central de la Police judiciaire, Jacques Franquet, lorsqu’il dit avoir prévenu le parquet de Paris et son procureur avant même de se rendre dans les Hauts-de-Seine, le 19 décembre, à la demande de Didier Schuller. Il dispose même, assure-t-il, de tous les fax et correspondances échangés entre le parquet et la PJ pendant toute la durée de son investigation. On peut aussi croire que le parquet de Paris soit aujourd’hui assez pusillanime pour ne pas reconnaître les faits. Et croire aussi, enfin, si on a beaucoup d’indulgence pour la

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