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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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des incompétents. »
    J’écris cela au conditionnel, car je n’ai pas moi-même écouté la conversation entre Balladur et Pasqua qui venait d’avoir lieu juste avant que je ne pénètre dans le bureau. Mais enfin, Pasqua m’avait l’air assez accablé pour me laisser comprendre que les choses s’étaient mal passées entre Balladur et lui.
    D’ici à ce que Pasqua doive démissionner, il n’y a qu’un pas. Car Balladur est obsédé par la bêtise, la stupidité – la connerie, dirait Pasqua – qui lui feraient tout perdre au dernier moment. Il faut dire qu’en l’occurrence il est servi !
    Pasqua, lui, s’attend à une nouvelle baisse de Balladur dans les sondages.
    Suite dimanche
    C’est donc un préfet qui, à Matignon, a signé la demande d’écoutes téléphoniques administratives. Sans savoir que Maréchal était le beau-père du juge Halphen...
    Cette histoire ira loin : car c’est Jacques Franquet qui, contrairement à ce qu’il m’avait dit hier, a demandé la mise sur écoute dès le 15, et non pas le 17 ou le 18. Et le problème Pasqua se pose bien dans les termes où il l’a lui-même posé : soit il est contraint de démissionner (« ou menteur ou incompétent », comme il le dit lui-même), soit il reste, et une bonne partie de la campagne contre Balladur se fera contre Pasqua.
    20 février
    Bruno Durieux me confie que Helmut Kohl aurait appelé Giscard pour le dissuader de se présenter. L’argument : ancien président de la République, il ne peut prendre le risque de n’avoir que 16 % des voix au grand maximum.
    Il ne dit pas si ce coup de téléphone a irrité Giscard ou l’a convaincu.
    20 au 23 février
    Mitterrand savait-il, lorsqu’il demandait le 22 décembre dernier au Conseil supérieur de la magistrature de se pencher sur l’affaire Schuller-Maréchal et sur le dessaisissement du gendre de Maréchal, le juge Halphen, qu’il posait une mine sous le talon de son Premier ministre ? On ne m’ôtera pas de l’idée qu’il savait qu’en ciblant le ministre de l’Intérieur, il atteindrait Balladur. C’est ma conviction personnelle, je n’en ai aucune confirmation, mais, au bout de tant d’années, je crois être assez experte en mitterrandisme...
     
    Réflexions factuelles : dimanche soir, le 19, Édouard Balladur affirmait qu’il n’y avait eu, dans le processus d’écoutes téléphoniques administratives demandées et obtenues par le directeur central de la Police judiciaire, Jacques Franquet, rien que de conforme à l’usage, sinon à la lettre de la loi en la matière. Quelques heures plus tard, le lendemain matin, Matignon estime avoir été abusé par la PJ. Exitdonc Franquet, démissionné. Vérité dimanche, mensonge lundi... Franquet a-t-il menti aussi à Charles Pasqua ? Ou est-ce celui-ci qui a menti à Balladur ? Dans ce cas, que va faire Pasqua ?
    Cause ou conséquence : le candidat Balladur est en baisse par rapport au Premier ministre Balladur. Tout ce qui passait pour une force tant qu’il n’était que Premier ministre passe désormais pour autant de faiblesse. Balladur, qui a transformé le repli élastique en art de gouverner, saura-t-il parer les coups ? Déjà, devant les caméras de France 2, dimanche dernier, il apparaissait vulnérable, touché, plus qu’au moment du CIP. « Ne craignez rien, j’ai de la réserve », m’a-t-il néanmoins confié en quittant le studio.
    23 février
    C’est la semaine clé de la campagne électorale. Pour la première fois, un frémissement favorable à Chirac se lit dans les sondages. Coup sur coup, BVA et Ipsos font état de la chute de Balladur qui s’accentue d’un jour à l’autre. Et de la progression concomitante de Jacques Chirac. Celui-ci est aujourd’hui à 21,22 % et gagne donc un à deux points par rapport à son « noyau dur » de 17 à 18 %. Ce qui change tout, évidemment.
    Si on ajoute à cela que le radical Jean-François Hory a décidé de déclarer sa candidature, ce dont il brûlait d’envie et qui enlève quelques points à Jospin, et que Charles Millon s’est retiré il y a quelques jours en faveur de Chirac, celui-ci a désormais l’espoir de se trouver en deuxième position, voire, pourquoi pas, en première.
    Inutile de décrire la mine longue de ceux qui viennent d’abandonner Chirac pour Balladur. De ceux qui se sont précipités, qui ont joué des coudes pour arriver en premier dans le camp du Premier ministre, et qui le voient

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