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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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qu’il vient de faire, il ne le croit pas du tout. Comment cela ? « Parce que Jospin risque de ne pas être là au deuxième tour. On retrouvera alors Balladur et Chirac l’un contre l’autre. »
    Lui aussi me parle de la « pudeur » de Balladur, ce que d’autres appellent sa difficulté à aller à la rencontre des électeurs. « Ce n’est pas de la comédie, m’assure-t-il. S’il ne se jette pas sur les gens, c’est qu’il les respecte. »
    Certes. Mais, tout de même, il ne sait pas s’y prendre. Hier, à Fréjus, sur le marché, juste avant le meeting sur les terres de Léotard, Balladur avise une marchande de salades : « Moi, madame, lui dit-il gentiment, je n’en vends pas ! » La marchande de salades n’a pas compris et l’a très mal pris.
    21 mars
    J’ai vu aujourd’hui Henri Emmanuelli. Mitterrand, me dit-il, n’a plus aucun doute, aujourd’hui, sur l’issue de la campagne. Encore une semaine à ce rythme et Chirac aura gagné.
     
    Dans la soirée d’hier, j’ai regardé à la télévision Jacques Delors, la mine allongée, le visage sombre, répondre aux questions d’un PPDA aphone. Quel drame annonçait-il, quelle tragédie ? Pas du tout : il donnait au contraire les raisons pour lesquelles il avait accepté la présidence du comité de soutien de Lionel Jospin. Il faut l’entendre parler, lugubre, du Parti socialiste, enfin sorti de « ses mauvaises vapeurs », « les éléphants étant partis se promener ». Quant à Lionel Jospin, qui, selon Delors, n’a pas plus « le monopole du cœur que celui de l’invention », il peut se réjouir d’être, lui, à l’image de l’électeur moyen, de se situer à sa hauteur, « sans se situer au-dessus de lui ». Dieu me garde de mes amis, a dû se dire Jospin s’il l’a entendu !
     
    Pendant ce temps, Charles Pasqua réaffirme dans une interview au Monde son soutien à Édouard Balladur le jour même où Delors s’exprime en faveur du candidat socialiste. Ce soutien, Balladur ne le trouvera peut-être pas de son goût. Car il y parle des capacités d’entraînement, du dynamisme de Jacques Chirac qui, dans cette campagne, dispose de plus de liberté de mouvement que le Premier ministre (ce qui, soit dit en passant, tendrait à reconnaître que Chirac a eu raison de ne pas accepter Matignon, ce que Pasqua fut le premier à lui avoir reproché). Édouard Balladur ? Il doit incarner la rupture, et non pas la continuité : c’est précisément tout le contraire de la campagne actuelle du Premier ministre. Enfin, il ne devrait pas trop insister, selon Pasqua, pour réaliser la monnaie unique en 1997. Si c’était 1999, ce serait aussi bien. Les Français préféreraient...
    Ils ont au moins un point commun, Delors et Pasqua : ils soutiennent leurs candidats avec parcimonie.
     
    Simone Veil, qui n’aime pas Pasqua, accompagnait Balladur, l’autre jour, à Amiens. « Vous auriez dû troquer Juppé contre Pasqua, prendre Juppé et leur donner Pasqua », lui dit-elle en plaisantant. C’est elle-même qui me le raconte aujourd’hui.
    27 mars
    Ce serait le 3 septembre dernier, en 1994, à Bordeaux, lors des universités d’été du RPR, qu’aurait été conclu, au cours d’un grand dîner réunissant, autour de Chirac, d’Alain Juppé et de Jacques Toubon, les dirigeants UDF non balladuriens (Jean-Pierre Raffarin, Hervé de Charette et Charles Millon), le pacte qui, s’il réussit, portera Jacques Chirac à l’Élysée. Ce pacte prévoyait que si l’UDF n’était pas en mesure de présenter un candidat, tout ce petit monde se rallierait à Jacques Chirac pour la présidentielle. VGE n’était pas présent au déjeuner, mais a cependant donné sa bénédiction à l’opération.
    On comprend mieux pourquoi et comment Charles Millon, pour honorer le pacte, a déposé sa propre candidature à la présidence : pour occuper le terrain et ne faire pencher la balance en faveur de Chirac qu’au tout dernier moment. Confirmation : le RPR, dit-on,est prêt à céder à Charles Millon la tête de liste pour les municipales à Lyon, alors que, jusqu’à présent, il était plutôt question de la laisser au RPR Alain Dubernard.
     
    Un mot rapide sur les « affaires » : en ce domaine, la campagne est la plus assassine qu’on ait connue lors d’une élection à la Présidence de la République. Les tirs sont partis de tous les camps, creusant des cratères derrière toutes les lignes. Œil pour

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