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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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nationaux... Je ne sais pas quelle Europe ça donne, mais tout le monde est content.
    Un mot encore pour dire que le spectacle auquel auront droit les Clermontois, demain, en surprendra plus d’un. Lorsque Jacques Chirac apparaîtra à la tribune dans la capitale de l’Auvergne, VGE viendra modestement s’asseoir au premier rang. Le président d’honneur de l’UDF assistera à un meeting du président du RPR : ça, c’est un événement rare ! C’est surtout, derrière la nouveauté, le terme d’un processus de rapprochement entre les deux hommes, ces grands « pros », l’aboutissement d’une stratégie méditée et concertée de longue date.
    Édouard Balladur avait misé depuis deux ans sur un soutien de l’UDF dans sa quasi-totalité et sur la division du RPR. Jacques Chirac et VGE, voisins sur les mêmes tréteaux : c’est la stratégie inverse qui a prévalu. Le RPR, dont seules quelques franges se sont détachées, est resté uni, résistant aux assauts de Charles Pasqua et de Nicolas Sarkozy. Et c’est l’UDF qui s’est divisée, la formation restée fidèle à VGE, les clubs Perspectives et Réalités, optant, contrairement aux autres familles du mouvement, pour Jacques Chirac. De la réussite de ce processus, le meeting de Clermont est le symbole.
    Car Chirac et Giscard, avec leurs différences, sont de la même race d’hommes qui savent « jeter la rancune à la rivière » lorsque leurspropres intérêts sont en cause. L’intérêt de Chirac est évident. Celui de Giscard ? Il est à la fois simple et compliqué. Peut-être, sur le plan des idées, serait-il en effet plus proche de Balladur. Mais ce dernier risque de lui voler son électorat, de s’installer comme un coucou dans le mouvement que lui, Giscard, a mis du temps à construire et qu’il a su conserver. L’ancien président de la République ne pardonne pas à Balladur d’avoir tenté une OPA sur l’UDF.
    Hervé de Charette, que je vois aujourd’hui, me dit que la première réconciliation entre Chirac et Giscard remonte en réalité à 1983, lors d’un déjeuner chez Drouant. À l’époque, cette rencontre laissa sceptique plus d’un observateur dont, je le confesse, moi-même. Il en était sorti une connivence, celle qui unit deux combattants, sur le ring, au moment où ils comprennent qu’ils pourraient rester des heures à lutter sans qu’aucun des deux ne gagne.
    Comme me le dit plaisamment Hervé de Charette, lui aussi gagné, derrière Giscard, à la cause chiraquienne, « la rancune ressemble à un mille-feuille, c’est la dernière couche qui compte. Et, précisément, pour VGE comme pour Chirac, c’est la dernière couche qui compte ».
    La vie politique réserve de ces surprises : le bonheur des deux amis de Clermont va faire oublier le couple maudit de l’année 1981.
    19 mars
    J’ai rendez-vous avec Nicolas Bazire, ce dimanche matin, rue Vaneau, dans un des appartements de permanence de l’hôtel Matignon. Ses propos sont pessimistes. Il ne nie pas que la campagne de Balladur marque le pas. Pourquoi ? Les récents événements y sont sans doute pour quelque chose : les « écoutes téléphoniques », la CSI... Et puis le fait que Chirac soit en campagne permanente depuis deux ans. « Enfin, dit-il, le sentiment que Balladur était élu avant même qu’ils aient voté a découragé ou irrité de très nombreux Français. »
    Et maintenant ? Le RPR joue Chirac à 99 %. Avec toute sa logistique. « C’est désagréable, convient Bazire, mais ce n’est pas insurmontable. Un exemple : pour le meeting de Chirac à Dijon, une centaine de cars avaient acheminé sur place les militants RPR. Lorsqu’Édouard Balladur y est allé, ils étaient venus en voiture, voilà tout. »
    Je lui demande si Balladur regrette aujourd’hui de ne pas avoir ménagé Giscard, de ne pas avoir tenté de s’en faire un ami. « Ménager Giscard, vous n’y pensez pas ! Ç’aurait été un boulot à plein temps ! Il n’y avait rien à faire : en effet, si Chirac gagne, VGE garde l’UDF, son avenir est assuré ; l’ancienne équipe reste en place. C’est pourquoi il le soutient, contre toute attente. Balladur élu, en revanche, on change de film : Giscard risque de perdre l’UDF, qui choisira Balladur comme nouveau héros. Ce serait un nouvel épisode de Dallas ! »
    Alors, en un mot comme en cent, les carottes sont-elles cuites pour Balladur ? À ma grande surprise, après l’analyse

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