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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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demain ; il le fera également par une lettre adressée à tous les quotidiens.
     
    Coup de téléphone à François Baroin. « Jospin, me dit-il, a déjà fait une campagne formidable alors que Jacques Chirac était au plus haut. Il risque de battre Juppé quand celui-ci est au plus bas. »
    9 mai
    Hortefeux est le seul au RPR – ou au moins l’un des rares – à entretenir des relations permanentes avec Valéry Giscard d’Estaing. Il faut dire que sa présence au conseil régional d’Auvergne, que préside VGE 27 , permet les échanges. Il confirme que, le jour même de la dissolution, lorsque Chirac l’a appelé pour l’en prévenir, Giscard lui a dit qu’il était hostile à cette décision. « Ce qui, a dit Giscard à Hortefeux, n’a rien changé, puisqu’il était déterminé à dissoudre sans se préoccuper des conséquences, sur lesquelles j’ai appelé son attention. »
    « La campagne se complique un peu en ce moment », m’avoue Brice Hortefeux en m’annonçant qu’un certain nombre de meetings prévus sont annulés ou remis (Toulouse et Rennes ; Paris reporté entre les deux tours). Dans un premier temps, Juppé a voulu s’affirmer comme chef de la majorité, en laissant tous les autres de côté. Puis il a voulu y associer François Léotard. Trop tard. Séguin est attendu, et Balladur sera très prudent. Il tient notamment à faire une campagne irréprochable : il essaie donc de soutenir à égalité les candidats de l’UDF et ceux du RPR.
    12 mai
    Je suis aujourd’hui Philippe Séguin à Saint-Genest-Malifaux, dans le parc naturel du Pilat, près de Saint-Étienne. Pourquoi dans la Loire et pas chez lui, dans les Vosges ? Parce qu’il avait fait la promesse à un vieil ami de trente-six ans (« Trente-six ans, c’est dire que nous avons passé le cap difficile ! ») de venir le soutenir à l’occasion d’une législative. Ce qu’il fait sous un ciel frisquet.
    Dans l’avion qui nous y conduit, l’habitacle étant un petit espace clos où personne ne peut échapper aux questions, nous parlons, comme d’habitude, politique. Il me dit « qu’il n’est associé à rien et ne sait rien de la campagne ». Il croit dur comme fer que Juppé, aujourd’hui, est assuré de rester à Matignon s’il remporte les élections. Je me dis que c’est la seule explication au fait que lui, Séguin, soit à ce point laissé de côté. Je mets cela en corrélation avec la mise à l’écart d’Alain Madelin : Juppé conduit la campagne à sa façon, surles thèmes définis avec le Président, il ne s’entoure pas de ceux en qui il n’a pas confiance.
    Séguin regrette que Chirac n’ait pas voulu ouvrir le débat sur l’Europe. « Ce serait pourtant le moment, estime-t-il : il faut parler aux Français de l’Europe qu’ils veulent, de l’Europe nécessaire. »
    Question : « Vous parlez de tout cela à Chirac ? » Réponse : « Je le lui ai écrit une fois, avant la dissolution. Aujourd’hui, je n’en parle pas : cela n’a aucune importance pour lui. Gagnons d’abord, et on fera le reste : c’est son actuel état d’esprit. »
    Par exemple, il faudrait, selon lui, convaincre Chirac d’aider Kohl à résister à la Banque centrale. « Mais il ne s’intéresse pas à cela, et d’ailleurs il n’en parle pas au Chancelier. »
    Je lui demande ce qu’il va faire après. « Je ne suis candidat à rien. »
    Sur le bulletin de vote qu’il fait distribuer à ses électeurs ne figure que son nom, et le fait qu’il soit « candidat de la majorité ». Pas RPR – de la majorité seulement.
     
    Arrivée à Saint-Étienne, puis transport en voiture. Les habitants de Saint-Genest-Malifaux qui attendent Séguin sont groupés sur la charmante petite place de la mairie. La fanfare l’accueille lorsque sa voiture se gare devant la mairie où l’attend son ami de trente-six ans, auquel il rend immédiatement, devant ses administrés, un hommage appuyé : « Votre maire, dit-il, a réussi au-delà de tous les espoirs. » Ledit maire en a presque les larmes aux yeux.
    Maintenant, nous voici dans un meeting unitaire avec Lucien Neuwirth et Delalande, au Chambon-Feucherolles, petite ville de la vallée de l’Ondaine. Enthousiasme inouï et inattendu d’une multitude de jeunes vêtus de tee-shirts à son nom, qui accueillent Philippe Séguin. J’admire le sens aigu de la contorsion politique avec lequel il reproche aux socialistes de freiner la

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