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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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35 heures sans diminution de salaire après négociation dans le cadre d’une conférence nationale sur les salaires et l’emploi ; rétablissement de l’autorisation administrative de licenciement et relèvement de l’ISF.
    Deux « oui » socialistes, le premier à la cohabitation, le deuxième à l’euro, mais pas sans condition, montrent que le PS est un parti de gouvernement capable d’assumer la gestion du pays.
    Ce soir, Lionel Jospin est venu développer tous ces thèmes sur TF1, à 20 heures. Il répond déjà aux critiques d’Alain Juppé, connues dans l’après-midi : celui-ci a dénoncé dans le programme du PS un gonflement des dépenses publiques et une augmentation massive des impôts. Jospin nie l’augmentation des dépenses publiques et ironise sur celle des impôts : c’est le gouvernement Juppé, assure-t-il, qui, depuis deux ans, matraque les contribuables.
    Affrontement classique entre majorité et opposition à la veille d’un scrutin. Rien que de normal. La chose qui me frappe est à quel point Jospin n’est plus tout à fait le même homme que celui qu’il était en 1995. Il est nettement plus assuré, plus présent face à la caméra. Son seul défaut, à l’antenne, est de ne pas rechercher l’intimité avec le téléspectateur, mais de parler encore en orateur de meeting, un peu trop péremptoire, un peu trop homme de parti. Ce qu’on retient néanmoins, c’est que, comme on le dit de certains, « il occupe l’écran ».
     
    À noter, en marge de ce JT, que Philippe Douste-Blazy, qui commençait sa campagne à Lourdes, a été poignardé dans un magasin de la ville par un déséquilibré. Si celui-ci est vraiment déséquilibré, c’est déjà terrible, mais pas véritablement inquiétant. S’il a agi pour des raisons politiques, là, c’est plus grave. Dans les deux cas,Jospin a présenté à Douste, comme toute la classe politique, ses vœux de prompt rétablissement.
    5 mai
    Ça y est, voici revenir les grands déplacements en province. Aujourd’hui, Juppé se rend dans l’Est, à Pont-à-Mousson et autres lieux riants. À l’aller, dans l’avion, il se déclare assez satisfait de la faiblesse de l’impact des propositions du PS telle que la traduisent les sondages. « Leur projet est révélateur d’une grande improvisation et d’une relative impréparation. » Il n’a peut-être pas tort, à ceci près que les socialistes, jusqu’à présent, travaillaient sur l’hypothèse d’élections législatives en 1998, et que, si la date en a été avancée, cela a précisément été pour les prendre de court.
    Il insistera, lui, au cours de ses déplacements – celui d’aujourd’hui est, je crois, le premier, il y en aura onze pendant les trois semaines de campagne –, sur la nécessité de donner une majorité au Président. La cohabitation ne serait, dans ce cas, dira-t-il, qu’un pis-aller. « Si l’on veut agir, donnons une majorité au Président ! »
    On voit bien, il me semble, la faiblesse de ce propos : Chirac l’avait, dans cette dernière assemblée, cette majorité ! Pourquoi prendre un tel risque pour conserver ce qu’il avait déjà ? Juppé convient qu’il ne compte pas passer son temps, aujourd’hui, à justifier la dissolution : les députés de la majorité disent que pour le moment, ce n’est pas, comme on dit, « un thème porteur ». En revanche, il insistera sur la proximité avec les citoyens, sur la décentralisation – moins d’État, responsabilités nouvelles données aux services sociaux, etc. Quant aux grandes options trop ouvertement libérales, il pense qu’elles font peur. Monory lui-même a conseillé de se borner, dans cette campagne, « à un libéralisme de papa, à un libéralisme pas échevelé ». Juppé est d’accord sur sa modération.
    Nous arrivons à Pont-à-Mousson. « Savez-vous, me dit Juppé en riant, au moment d’atterrir, Chirac me materne ! Il me dit tout le temps : reposez-vous, faites une petite sieste... »
    Je ne savais pas que les habitants de la ville s’appelaient les Mussipontains. Juppé leur dit au mot près ce qu’il vient de me dire : nouvelle étape, nouvel élan, donner à Chirac les moyens de sa politique.
    Après l’allocution du Premier ministre, au milieu de la petite troupe qui va serrer des mains et parler aux commerçants de la ville,André Rossinot, maire de Nancy, ne me cache pas, tout bas, que la mobilisation tarde à se faire, qu’il

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