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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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pas, il y a bien un domaine réservé au président de la République, et que la Défense en fait partie au premier chef. Tout comme les Affaires étrangères, d’ailleurs. Je vois mal le président renoncer à voir Dumas, son ami depuis tant d’années. Il le rencontre peut-être plus souvent que Chevènement, ailleurs qu’à l’Élysée, mais il faudrait, pour le savoir,consulter l’agenda présidentiel. Toujours est-il qu’il voit, discute, travaille avec ces deux ministres comme il le faisait sous le gouvernement de cohabitation précédent.
    Cohabitation avec Rocard ? C’est peut-être ainsi que Mitterrand envisage les choses.
    Pour l’heure, pas le moindre couac entre eux deux. Je suis peut-être naïve, peut-être les deux hommes se tiennent-ils embusqués pour attendre le premier faux pas de l’autre ? En tout cas, moi, aujourd’hui, pour l’instant, je ne sens pas d’affrontement entre eux.

    14 juillet
    La cérémonie est annuelle : Mitterrand y est plutôt gentil avec les journalistes, qui ne lui tendent d’ailleurs aucun piège. Il s’explique sur les difficultés de l’ouverture avec les centristes et annonce avec un plaisir évident la création d’une Grande Bibliothèque, plus moderne que notre bonne vieille maison de la rue de Richelieu.
    Nous sommes – Étienne Mougeotte, Patrick Le Lay et moi, Claude Contamine, président d’Antenne 2 (en poste depuis 1986) et son état-major – dans le carré réservé aux dirigeants de l’audiovisuel. C’est assez drôle, beaucoup plus bon enfant que pendant la cohabitation : je me rappelle que, l’année dernière, Patrick Le Lay, inconnu du service de presse de l’Élysée, avait été empêché d’entrer ! Pas de problème aujourd’hui : TF1 privatisé a vu accepter ses lettres de créance. On ne reviendra pas là-dessus !

    Fin août
    Question à laquelle je ne peux donner de réponse dans l’état actuel des choses : quelles sont les relations entre les rocardiens et les « éléphants » du Parti socialiste ? Parfois, je tombe sur un socialiste, Joxe ou Emmanuelli, qui ne me cache pas ses sentiments vis-à-vis de Michel Rocard dont il estime, c’est le moins qu’on puisse dire, qu’il n’a pas en main toutes les cartes du pouvoir. Tantôt je lis dans Le Monde , comme Laurent Fabius l’y a écrit hier, que le gouvernement manque d’un grand dessein. Il ne l’écrit pas, ce me semble, sans avoir demandé à Mitterrand l’autorisation de le faire. Lorsque, dans un autre passage, il assassine, ou à peu près, le PS, qui a refusé de faire de lui son premier secrétaire, il me semble également refléterce qu’en pense Mitterrand. À propos, François Mitterrand a interrompu les petits déjeuners hebdomadaires avec le premier secrétaire du Parti quand Mauroy a été élu. Que je sache, il ne les a pas repris 41  ! Fabius se sent donc soutenu.
    Et puis, à d’autres moments, comme au moment du règlement du conflit en Nouvelle-Calédonie, par exemple, il y a autour de Michel Rocard un véritable consensus.
    La question reste celle-ci : comment des gens à qui Mitterrand a dit pendant des années que Rocard était nul peuvent-ils accepter qu’il soit aujourd’hui à Matignon, et pas eux ?

    2 septembre
    Jean-Marie Le Pen : « Durafour crématoire. » D’un goût exquis ! Dans leur majorité, journalistes et politiques pensent que cela lui a échappé, que c’est un lapsus significatif. Je ne le crois pas : il le fait exprès, car c’est bien cela que son électorat attend.

    21 septembre
    Dans l’attente de la réforme sur l’audiovisuel (chaque majorité successive y va de la sienne), Antenne 2, FR3 et Radio France se mettent en grève. Ils n’ont pas encore compris que toute grève, aujourd’hui, bénéficie à TF1. Et aboutit donc au contraire de ce qu’ils veulent démontrer : leur puissance. En réalité, ce que demandent les personnels, c’est le départ de leurs présidents, nommés il y a deux ans par la CNCL. Et le départ de la CNCL par la même occasion.

    2 octobre
    Après un premier tour des cantonales dominé par une abstention considérable (plus de 50 %, du jamais vu depuis la Libération), le second dépasse ce record : près de 53 %.
    Ce qui se passe de ce point de vue est capital : il n’y a plus, sous la V e  République, qu’une élection qui fait le plein des votants : la présidentielle. On l’a vu aux dernières législatives où l’abstention s’est

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