Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
la mort. – Il se lécha les lèvres. – Nous les enterrons quelquefois avant qu’ils ne soient tout à fait morts, mais ce n’est pas parce que nous sommes des monstres. Souvenez-vous que je voulais entrer dans les ordres ! – Il souffla, vida son verre qu’on remplit aussitôt et qu’il vida derechef. – Mais nous avons du travail, collègue, on est pressé en diable. Tous les juifs doivent être liquidés avant la fin de la guerre, et l’intelligentzia polonaise, et la russe aussi, alors vous comprenez, lieutenant, faut faire vite pour tuer tant de gens !
    Le lieutenant qui avait la nausée se détourna de Busch. L’ambiance n’était pas encore au point. Dans l’escalier on commençait seulement à boire du cognac dans les souliers des dames. Ailleurs, on jouait à la bouteille et on tombait la veste ; dans un coin, deux officiers supérieurs s’efforçaient de retirer la culotte d’une dame glapissante. Ils en bavaient. Une fille en bien dansait sur la table ; elle lança ses souliers vers le plafond et ils atteignirent un lustre en cristal qui dégringola en éclatant. Aussitôt un Hàuptsturmfûhrer sortit son revolver et en descendit deux autres.
    – L’ampoule est tombée sur moi, dit-il. Je suis les ordres du Führer, deux pour un.
    Il rechargea son arme et la remit dans sa gaine, en notant, très satisfait, que les dames présentes l’avaient remarqué. C’était viril de tirer aussi bien.
    Le lieutenant s’absorbait dans la contemplation d’un tableau magnifique. Un S. S. Standartenführer s’approcha.
    – Beau, n’est-ce pas ?
    Le lieutenant hocha la tête.
    – Quelle drôle de maison, continua le S. S. Elle appartenait à des juifs. C’est ici que ces salopards faisaient leurs orgies. – Il eut un geste de dégoût. – Grand temps de nettoyer ces écuries d’Augias ! – Il donna une tape sur l’épaule d’Ohlsen d’une main gantée de blanc. – J’y venais. C’était magnifique, somptueux, mon cher !
    – Qu’est devenu le propriétaire ?
    Le S. S. eut le souffle coupé par la naïveté de cette question.
    – Dans un camp, naturellement ! Qu’est-ce qu’on en ferait ? Mais d’abord nous avons baptisé cet adepte du Talmud.
    Le lieutenant le regarda sans comprendre : – Baptisé ?
    – Oui, bien sûr, baptisé. C’est ce que vous faites aux partisans, je crois ! – Il alla en riant vers une dame, déchira sa robe et fit un nœud des deux pans, ce qui dénuda le derrière de la dame. C’était comique, elle avait les genoux cagneux.
    – Alors on va se coucher ? cria un S. S. Sturmbannführer de la Division T « Surveillance des camps. »
    – C’est le commandant en second d’Oranien-bourg, expliqua un policier en offrant au lieutenant une coupe de champagne. Du véritable Veuve Clicquot, ce n’est que chez nous qu’on en trouve. – Il avait la bouteille dans sa poche et remplit les verres une seconde fois. – Vous êtes-vous trouvé une génisse, lieutenant ?
    – Une quoi ?
    Le policier riait : – Une génisse, c’est une des nouvelles ; une vache, c’est une dame qui a dépassé l’âge mûr, et une jument, c’est une acrobate qui le fait devant tout le monde.
    – Et quels noms donnez-vous aux hommes ?
    L’officier de police éclata de rire et se hâta vers deux dames. Ohlsen revint vers le coin où était Busch, lequel expliquait toujours à deux messieurs en costume civil foncé ce que faisaient les valeureux S. S. pendant que les autres s’amusaient au front.
    Un des messieurs alluma lentement un long cigare noir. On voyait qu’il était connaisseur. C’était un de ces Allemands mystérieux dont l’Amérique du Sud regorgeait durant l’entre-deux guerres. Pendant un temps, il avait été conseiller de la politique secrète en Bolivie ; plus tard on le vit vendre des armes de Krupp au Paraguay, l’adversaire de la Bolivie dans la longue guerre qui avait opposé les deux Etats. Maintenant, il tenait le haut du pavé à Berlin, avec un bureau au dernier étage de la Prinz Albrechtstrasse.
    – Nous liquidons tout le monde, bavait Busch qui titubait dangereusement ~et répandait son cognac sur son uniforme. D’abord on tue les juifs jusqu’au dernier ! – Le monsieur hocha la tête en silence. – Puis les romanichels. – Le monsieur acquiesça de nouveau. – Busch mit le goulot de la bouteille dans sa bouche sans se douter qu’un ami l’avait remplie à moitié de vodka et à moitié d’aquavit.

Weitere Kostenlose Bücher