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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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plus grand pays du monde et de l’Histoire, assura un peu plus tard l’officier S. S. de plus en plus ivre. Mais attendons-nous à en baver et à avoir faim, ajouta-t-il après réflexion. Une faim de loup ! Regardez un peu nos invités. – Il ricana. – Bâfrer est aujourd’hui pour ses messieurs plus important que la culture ou le combat. Voyez ce qu’ils s’envoient ! Je parle des hommes.
    – En effet, dit le lieutenant qui ne put s’empêcher d’ajouter : – Et les dames ?
    Rudolp Busch haussa les sourcils. Un nouvel os, jeté nonchalamment, atterrit sur un rafraîchissoir à champagne posé sur une desserte.
    – Attendez un peu et vous verrez. – Il rit d’un air renseigné et se mit à boire ayec bruit. – Ici, tout se passe suivant les normes S. S. Ce n’est pas aussi artificiel que vos réunions, lieutenant. L’estomac plein, on passe au second acte. – Il mordit à même une pêche et le jus coula sur son uniforme gris perle. – Donc, deuxième acte : d’abord la gniole. – Il rota et fit un signe d’excuse vers sa voisine. – Ensuite, furioso grandioso. – Moue et claquement de langue. – Et enfin, lieutenant,, pastorale amoroso. Le tout dans les formes. Je dois vous dire, lieutenant, que chez les S. S. on est, comme disent les Anglais, des gentlemen. – Il se tut et lécha un de ses doigts taché de sauce. Jetant un coup d’œil de biais au lieutenant, il continua en suçant toujours son doigt : – La sauce au raifort me fait toujours penser aux filles, mais aux putains de première classe ! – Il regardait le lieutenant avec curiosité et se décida enfin à sortir ce qu’il avait depuis longtemps envie de dire à un type de l’armée.
    – Vous autres, galonnés du front, vous n’avez aucune notion des formes ! Vous êtes de vrais primitifs. – Il éclata de rire en attendant la protestation du lieutenant.
    Mais Ohlsen ne l’écoutait pas. Il pensait à ce qu’il pourrait faire contre Inge et son beau-père.
    – Mon beau-père est le dernier des porcs ! articula le lieutenant tout haut.
    – Donnez-moi son nom et je le signale à un ami de la Prinz Albrechtstrasse, bégaya Busch. Tous les cochons doivent être liquidés. Il faut faire de la place, confia-t-il en baissant la voix.
    D’un peu plus loin, Un S. S. Obersturmbannführer cria : – Tais-toi Busch, espèce d’ivrogne, sinon il t’en cuira !
    – Oui, Obersturm, hoqueta Busch en avalant son cognac – il eut un regard torve – il faut les liquider, les jeter aux bêtes ! Juste bons pour les bêtes !
    Le lieutenant le regarda sans le voir. C’était Inge qui lui apparaissait dans son kimono japonais ouvert sur ses belles jambes. Il détourna la tête, but une gorgée et n’entendit qu’à moitié ce que Busch continuait à dégoiser.
    – Les dames ici sont distinguées et riches. Ça les démange toutes où je pense ! – Il rit aux anges et se mit à penser : – Collègue, la vie est curieuse. Vous êtes officier de hussards, lieutenant dans un régiment du front, et que suis-je moi ? Un misérable gardien de drapeau dans un camp. – Il fronça tristement les sourcils, balaya de son assiette un monceau d’os rongés et jeta l’assiette vide derrière lui. – Je suis très malheureux, foncièrement malheureux ! – Son regard roula, désespéré, comme s’il se noyait et il se pencha vers Ohlsen pour lui murmurer un secret. – Ma vie est une déception, collègue. Croirait-on que mon plus cher désir était d’entrer dans les ordres ?
    – Sûrement pas, dit le lieutenant avec conviction.
    – Et pourtant c’est la vérité même ! Et puis, qu’en est-il advenu ? – Il cracha par terre de dégoût en ratant de peu sa voisine. – Je suis devenu officier de la Garde. Quelle horreur ! Mais j’ai une idée. Quand la guerre sera terminée je prendrai un diplôme de théologie et j’espère finir archevêque de Cologne. Ça serait bidonnant !
    Il vacilla et continua : – Quand les belles dames, ici, en auront assez de boire du champagne, nous passerons en première ligne, là-haut. Il rit et cligna de l’œil : – On y joue à saute-mouton !
    Il se tut et réfléchit péniblement. Son regard cherchait quelqu’un. Il montra enfin une mince brunette en robe lamée d’argent outrageusement décolletée.
    – Celle-là, je vous préviens, elle est tout ce qu’il y a de chaude sur l’article !
    Le lieutenant suivit le regard et reconnut une actrice de cinéma

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