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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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terreur. « C’est l’Atlantide,
me dit-elle, ce sont les vestiges de la civilisation des Atlantes : souviens-toi
qu’ils se sont détruits par leur orgueil et leur violence. » Je pouvais à
peine sortir de mon engourdissement. L’odeur humide des feuilles mortes m’avait
paralysé. Et j’entendais, au fond de la nuit, les sourds grondements qui
jaillissaient des cataclysmes d’autrefois.
    Étrange soirée. L’idée de violence s’incrustait dans mon
esprit. Ces pierres phalliques, agressives, qui trouaient le ciel nocturne, ces
pierres vibraient comme d’horribles machines perforeuses. Dans quel gouffre allions-nous
aboutir au terme d’une descente vertigineuse vers des « enfers »
peuplés de monstres ? Fallait-il donc voir dans ces rangées de menhirs l’exaltation
de la force, de la violence ? À moins que ce ne fussent simplement des
gouttes d’énergie effleurant la surface du sol et mises à la disposition des
humains pour leur permettre de franchir le domaine des étoiles ?
    C’était un peu cette impression que j’avais eue à Carnac, parmi
les alignements du Ménec, en compagnie de Claire, quelque trente-sept ans plus
tôt, dans une Bretagne qui émergeait encore à peine des brumes de la légende. Cet
orage lointain mais présent, ces coups de tonnerre répétés à l’infini entre les
grands blocs de pierre, tout cela contribuait assurément à intensifier l’aspect
chaotique et primitif de l’endroit. D’où surgissaient donc ces vagues de pierre,
et surtout quel message répercutaient-elles dans les grondements qui
provenaient d’ailleurs ? Je n’étais pas en mesure de décoder les bruits
qui m’arrivaient, ni d’en mesurer l’intensité. Tout ce que je peux affirmer, c’est
que, ce jour – en cette fin d’après-midi, sous le ciel gris alourdi par les
vapeurs – je compris qu’une énigme était tapie sous les blocs qui me narguaient
de leur violence rugueuse. Le Ménec tremblait, et avec lui, le monde, prêt à
vaciller sur ses bases. L’axe terrestre allait-il dévier ?
    Le soir, nous aboutîmes à Quiberon. Nous rôdâmes longtemps
sur les sentiers qui, à l’époque, étaient les seuls moyens d’accès à la Côte sauvage.
Là encore, il y avait des menhirs, très peu par rapport à Carnac, bien sûr, mais
enfin suffisamment importants pour qu’on les considère comme des repères sur le
chemin menant vers le sanctuaire. Le tout était de savoir à quelles cérémonies
servait ce sanctuaire. Et quels en étaient les officiants ? Autant de
questions qui demeuraient sans réponse. Seule s’imposait la
constatation que, des millénaires auparavant, des hommes animés d’une foi en
une divinité inconnue avaient concentré une invraisemblable énergie à bâtir ce
gigantesque temple en plein air, et cela sur une terre sacrée, aux
limites du monde habité, face à l’océan tumultueux qui ne pouvait être que la
porte de l’Autre Monde.
    Dès lors, je revins souvent à Carnac et dans toute la région,
du côté de Plouharnel, d’Erdeven, de Locmariaquer, et puis aussi de l’autre
côté de la rivière d’Auray et dans le golfe du Morbihan, dans cette zone
étonnante qui contient certains des plus beaux monuments mégalithiques de cette
Europe occidentale dont la tradition la plus lointaine me hantait. Parti de l’obsession
de la Bretagne et des légendes arthuriennes, j’avais abouti aux anciens Celtes
de la Gaule, de la Grande-Bretagne et de l’Irlande. Mais au-delà des Celtes, se
profilaient les grandes ombres des mégalithes, et je sentais que je ne pouvais
comprendre les Celtes qu’en explorant les vestiges des peuples qui les avaient
précédés sur cette terre ingrate. J’avais pleinement conscience que les
bâtisseurs de dolmens et de menhirs appartenaient à une tout autre civilisation,
qu’ils avaient peuplé l’Armorique plus de deux mille ans avant l’arrivée des
premiers Celtes. Mais je ne pouvais me résoudre à admettre des cassures entre
les différentes couches culturelles qui s’étaient succédées. Il n’était plus
question, pour moi, de pouvoir imaginer un druide, en grande robe blanche, sacrifiant
une victime humaine sur la table d’un dolmen, entouré d’une horde de guerriers
au regard farouche. Mais je pensais qu’il avait dû rester quelque chose des
croyances des constructeurs de mégalithes dans la religion des druides.
    C’est pourquoi je fus si enthousiasmé par les pétroglyphes, c’est-à-dire
les

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